Nous avons précédemment vu la classe Universe, ses quatre types et les quatre variations par type.
Abordons sur le même principe, l’étude de la classe Mind.
La classe Mind est composée de quatre types :
Sommaire de tous les articles de la traduction commentée de la théorie narrative Dramatica :
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE
Pour l’étude des types de la classe Mind, nous vous proposons de lire
DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (31)
Le type Memory
Chez Dramatica, le motif en quaternité est assez répandu. Il est la représentation de l’aspect dialectique de la théorie.
Deux notions, deux idées, deux concepts, deux aspects d’une même personnalité ou de deux personnalités différentes.. établissent une relation d’opposition ou de contraste (mais ils ne contredisent pas l’un l’autre) indiquée par une diagonale (par exemple entre Memory et Conscious ou bien Preconscious et Subconscious). Dramatica considère que les deux notions forment une paire dynamique.
Cette opposition n’est pas une contradiction. L’une des notions n’est pas la négation de l’autre. Mais le fait que ces deux notions soient présentes dans un récit crée une sorte de mouvement qui les dépasse toutes deux. Par exemple, nous avons un personnage dont un des traits de caractère est l’ennui. Un second trait de caractère est que ce personnage se réfugie dans le silence.
Selon Dramatica, si nous établissons une relation d’opposition entre l’ennui et le refuge dans le silence, l’autrice et l’auteur peuvent décider que le personnage sera dans un état d’esprit de reproches envers son entourage.
Une relation d’opposition n’est donc pas une relation causale. Son attitude de reproches n’est pas la conséquence de son ennui pas plus qu’elle n’est la conséquence de son refuge dans le silence.
Néanmoins, ces deux caractéristiques (l’ennui et le refuge dans le silence) par leur confrontation (c’est l’aspect dialectique de la relation) permettra à l’auteur et à l’autrice de donner à leur personnage cette conduite de reproches envers son entourage.
En somme, ils expliquent sans justifier par une relation de cause à effets l’attitude de leur personnage par l’action conjointe des deux notions qu’ils ont précédemment définies pour lui.
Le type Memory est donc constitué de quatre variations :
Classe Mind
Type Memory
Truth
Littéralement vérité. Truth est ce qui a été prouvé exact, juste. Ce sont les faits avérés. Cela ne présuppose pas cependant que le personnage interprète un fait sans qu’il l’ait mouliné préalablement au-travers des engrenages de sa conscience.
A chacun sa vérité. Cependant, historiquement, un fait a eu lieu. Et Truth décrit ce fait indépendamment des personnages.
Car lorsqu’on situe un fait hors de son contexte et qu’on le relate, rien ne prouve qu’il soit totalement véridique. Il pourrait l’être mais ce n’est pas une certitude.
Mais Truth va plus loin. Il se réfère à l’événement brut tout en lui rajoutant du sens, c’est-à-dire une signification particulière que lui donnera alors le personnage qui le relate. Et cette signification dépend de l’intention et du but du personnage.
Et pour Dramatica, c’est ce qui fait par exemple la beauté du système judiciaire. Car même si quelqu’un est pris la main dans le sac, le jury peut l’acquitter parce qu’il le fait bénéficier de circonstances atténuantes.
Ces circonstances sont une signification particulière que l’on donne à l’événement et dans cet exemple, les faits bruts ont bénéficié d’une interprétation qui a bénéficié à un accusé. Et on pourrait même prolonger plus loin le concept d’accusé qui ne signifie pas nécessairement coupable.
Truth en fin de compte concerne davantage l’interprétation des faits que les faits eux-mêmes. Mais les faits existent, cependant.
Le problème est qu’une interprétation est soumise à débat. Et que la vérité dont chacun se fait porteur sera toujours vue comme fausse ou mensonge par quelqu’un d’autre. En d’autres termes, chacun est persuadé de son honnêteté.
Falsehood
Falsehood désigne ce qui a été démontré erroné. Cela ne signifie pas qu’il s’agit d’un mensonge volontaire. On pourrait très bien relaté des faits en son âme et conscience.
Seulement l’interprétation qui en est faite est erronée. Les faits pourraient être décrits exactement comme ils se sont déroulés mais pourtant ne pas refléter ce qu’il s’est passé exactement. Cela pourrait être ainsi un moyen de séduction envers autrui comme lorsqu’on enlumine un fait pour le rendre plus convainquant envers son interlocuteur.
C’est un peu le problème avec les certitudes. On est persuadé d’une chose mais est-elle vraiment juste ? N’avons-nous pas une opinion préconçue qui pourrait altérer la signification précise des choses ? C’est le cas avec les préjugés.
Peut-être que seulement une partie de la vérité est exprimée. Ou bien, on a intégré des informations non pertinentes aux faits qui ont mené à une mauvaise interprétation de ceux-ci. Pire encore : une information erronée qu’un personnage a assénée comme vraie peut totalement lui échapper. Et même s’il se rétracte, cette vérité peut continuer son bonhomme de chemin et être reprise par d’autres comme véridique.
Falsehood peut indiquer une méprise, un mensonge, une interprétation erronée, de la malhonnêteté. Falsehood est donc un élément qui laisse une grande part de manœuvre à l’auteur et à l’autrice.
Evidence
Selon Dramatica, Evidence est l’information qui prouve une croyance. C’est un processus qu’un personnage met en place pour collecter les informations dont il a besoin pour comprendre les choses.
Lorsqu’un personnage est animé par Evidence, il n’a nul besoin de savoir exactement l’information qu’il recherche. Souvent, il ne sait pas lui-même ce qu’il cherche. Mais il sait cependant la nature de l’information qu’il recherche parce qu’elle appartient à cette chose qu’il essaie de comprendre.
Considérons qu’un meurtre ait eu lieu. L’officier de police incarné par le personnage va donc chercher des preuves, des indices qui devraient lui permettre de trouver l’identité du tueur. En fait, l’auteur ou l’autrice vous a montré qu’apparemment un meurtre avait eu lieu. Et son personnage n’a fait que ranger cette information dans la catégorie des meurtres.
Mais l’autrice et l’auteur n’ont jamais eu l’intention de décrire un meurtre ; seulement l’apparence d’un homicide. Et son personnage s’est fourvoyé dans cette information. Il a cherché des preuves pour un crime qui n’a jamais eu lieu.
Le problème que Evidence met en lumière est que pour comprendre le monde qui nous entoure, nous classons les informations qui nous parviennent en catégories pour mieux se saisir de la réalité.
Et nous considérons si une information est pertinente ou non si elle tombe ou pas dans ces catégories prédéterminées. Mais bien que l’information semble appartenir au questionnement que nous nous posons, nous négligeons d’autres sujets qu’elle renseigne aussi. Et auxquels elle apporte plus de solutions. Pour nous prouver qu’une chose existe, nous fermons notre raisonnement. Nous nous limitons aux détails et sommes incapables de voir la vérité. Bien sûr, vouloir corroborer des faits est une bonne approche. Il suffit simplement de ne pas désirer une chose avec tant de passion qu’on en vienne à la justifier en s’accrochant à la première information qui semble la valider.
Suspicion
Il s’agit de remettre en cause une croyance qui se fonde sur une preuve apparente. En un autre terme, il s’agit du doute. Il faut comprendre que Suspicion est un état d’esprit. C’est donc une conclusion préliminaire selon le vocabulaire de Dramatica à laquelle on parvient parce que l’on n’a pu établir suffisamment de preuves concernant l’objet de la croyance. Suspicion n’est pas un principe : le principe ne se justifie pas, il se suffit à lui-même.
La défiance peut être utile pour apporter une aide à un personnage en l’aidant à chercher les réponses dont il a besoin pour rendre légitime une chose. Le souci, cependant, est que lorsque quelqu’un est orienté vers certaines informations, il a tendance à avoir des œillères et il est moins enclin à examiner d’autres preuves, d’autres alternatives possibles.
Synonymes :
- Une approche prudente.
- Une compréhension partielle des choses.
- Un doute raisonnable.
Le prochain article traitera des variations du type Conscious.