Un scénario, c’est bien plus que des mots posés sur une page. Même s’ils sont parfaitement agencés, un scénario n’est définitivement pas un roman.
Il ne se lit pas comme un roman. Si vous possédez quelques talents littéraires, écrivez un roman. De toutes façons, être un auteur est quelque chose de vraiment difficile. Et il y a différents auteurs.
Le scénariste est un auteur différent du romancier.
Un scénario est un outil destiné à un média visuel. C’est son but, c’est son projet.
L’essence du scénario
L’essence d’un scénario est de raconter une histoire en images. Il est porteur d’un film. Ce film existe en dehors de lui. Il n’est pas le film pas plus que le film n’est le scénario.
Et bien sûr, un réalisateur peut faire un mauvais film d’un bon scénario. Mais un mauvais scénario ne fera jamais un bon film.
Une histoire qui ne peut exister en-dehors de la page, qui ne peut être racontée de manière verbale par son auteur sans que son idée ne fasse plus sens, sans que toute sa complexité et ses rebondissements ne puissent être suggérés ne fera pas un bon film.
Une histoire est quelque chose qui existe dans l’absolu. Elle ne dépends de rien. Elle est constituée d’images, d’actions et de choix faits par les personnages.
Évidemment, une image ou une décision existent en tant que tels avec ou sans contexte, mais lorsqu’elles intègrent une histoire, c’est comme si cette existence était détruite et recréée pour participer à quelque chose de totalement différent.
Au point de faire sens seulement dans la totalité de l’histoire. On ne peut extraire une image quelconque de la réalité et la greffer dans une histoire pour qu’il y ait histoire.
Une histoire, c’est donc une essence, une idée, une incertitude… capable de se structurer et de se déstructurer, de se déformer et de se reformer sans jamais perdre de sa beauté.
Au-delà des mots
Cependant, un scénario, ce sont d’abord des mots. Ce qu’il faut faire lorsqu’on écrit un scénario, c’est de considérer que les mots viennent après.
Mais après quoi ?
Après avoir vu l’histoire dans son esprit. Il faut la visualiser et transcrire ensuite en mots ce que vous aurez vu.
Vous lancez d’abord le processus imaginaire. Vous devez visualiser les scènes avant de les écrire.
C’est difficile. Néanmoins, c’est le seul moyen d’écrire un scénario et non un roman (qu’il faudrait adapter pour le mettre en images).
Par exemple, imaginez votre héros rentrant chez lui. Il est seul. Il allume la lumière, se défait de son manteau, retire ses chaussures et va se détendre dans son fauteuil.
Vous avez décrit une action. Vous l’avez visualisée puis posée en mots. Et vous ne vous êtes pas perdu en méandres expliquant pourquoi il avait besoin de se détendre maintenant dans son fauteuil. Vous l’avez en quelque sorte induit de l’action. Le lecteur se pose une question dramatique dont vous lui apporterez une réponse plus tard.
Maintenant, votre héros est dans sa cuisine, fouillant le réfrigérateur à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent. Puis soudain, il entend un bruit de pas furtif alors que la maison est supposée vide (ce que nous a prouvé la première partie de l’action).
En fin de compte, ce n’est qu’après avoir ruminé (voire malaxé) quelques temps la scène dans votre imagination que vous pourrez enfin vous mettre à l’écrire.