Les personnages sont l’élément vital de votre scénario. On les suit tout au long de l’histoire pour savoir ce qu’il va leur arriver.
Non pas par curiosité. Mais parce que nous nous préoccupons d’eux.
Un personnage bien développé attire immanquablement sur lui une empathie de la part du lecteur. C’est précisément cette empathie qui crée cette attirance envers un personnage.
Si votre personnage est creux, unidimensionnel, vous n’accrocherez pas le lecteur sur sa personne et frustré, il ne se donnera certainement pas la peine de continuer à lire votre histoire.
Il peut paraître paradoxal de vouloir donner autant de vie à un personnage de fiction. Tout comme cette empathie, émotion bien humaine, qui s’applique avec autant de force à un personnage imaginaire.
Qu’elle qu’en soit les raisons, c’est pourtant un fait. L’auteur doit donc rechercher l’empathie envers ses personnages.
Comment peut-il s’y prendre ?
Votre personnage doit paraître réel. Il ne suffit pas de le décrire superficiellement. Qu’il soit beau ou laid, petit ou grand… ou sa tenue vestimentaire restent relativement factices (bien que ces descriptions peuvent être porteuses de sens).
Il faut creuser plus profondément votre personnage.
Le passé du personnage
L’éducation, le milieu social, les rencontres du passé, les incidents familiaux (un divorce, une perte, un manque d’amour…) et d’autres facteurs liés à l’enfance façonnent un être.
Il peut avoir été influencé sur le plan religieux ou s’être forgé une opinion politique. Il peut avoir suivi la voie plus ou moins tracée par ses parents ou tenter de les émuler à sa manière.
Et il peut tout aussi bien avoir suivi sa propre vocation pour marquer sa différence.
Quoi qu’il en soit de ce passé, il est la clef de ce qu’il est aujourd’hui. Cela ne signifie pas qu’il soit en parfait accord avec sa véritable nature. Lorsque nous découvrons le personnage, bien souvent, il n’est qu’un jeu d’apparences. C’est sa persona (ce qu’il offre de lui aux autres) qui nous est généralement proposé comme première approche du personnage par l’auteur.
Le passé d’un personnage l’a déterminé à être ce qu’il est au début de l’histoire. En quelque sorte, il est ce qu’on a fait de lui. Le travail qu’il devra opérer au cours de l’histoire (que traduit son arc dramatique) sera de prendre conscience de ce mensonge qu’il se fait à lui-même. Il devra alors gagner sa liberté.
Au début de l’histoire, le personnage s’enracine dans son passé. Il est la matière qu’ont fait de lui ses expériences (et l’interprétation qu’il en a faites).
Prenez Elsa de La Reine des Neiges. Elle ne comprend pas son pouvoir et s’en amuse innocemment. Mais lorsqu’elle blesse sa sœur à cause de ce pouvoir qu’elle ne contrôle pas, elle en tire une culpabilité et un sentiment de honte.
La honte qu’elle ressent de posséder un tel pouvoir la mène à s’isoler. Elle va aussi amener Elsa à se sentir comme une paria.
Vous pourriez être intéressé par :
- CE QUI SE PASSE DANS LA TÊTE D’UN PERSONNAGE
- UN EXERCICE SUR LE PASSE
- EXPOSEZ LE PASSE DES PERSONNAGES
Lueurs d’espoir et rêves
Ces désirs sont utiles pour aider à définir un personnage. Comme ce personnage qui n’aspire qu’à sortir de sa solitude dans laquelle l’a plongé un manque d’amour filial.
Il peut être intéressant de développer des désirs intimes comme une aspiration au bonheur. Et qu’il ne faut pas confondre avec le problème de l’histoire. Ce dernier explique l’objectif que doit accomplir le héros dans l’histoire.
Mais ce qu’espère secrètement le héros, c’est de combler un besoin personnel.
Délivrer la princesse est une chose mais gagner son amour est une gageure bien plus importante.
Le besoin d’un personnage est la clef pour le comprendre. Et il faut inventer des scènes où vous pourrez faire la démonstration de ce besoin intime. Il ne suffit pas de le dire, il faut le montrer.
Elsa n’aspire qu’à une chose. C’est être elle-même, c’est-à-dire qu’elle doit accepter ce pouvoir, ne plus en avoir honte. Et pour ne plus être un danger pour personne, elle décide de s’isoler dans son palais de glace pour y vivre en paix (c’est son besoin le plus profond : trouver la paix que lui refuse le regard des autres).
En décrivant la situation qu’elle a décidée en tant que protagoniste, il est démontré ce que veut Elsa en son for intérieur même si le moyen utilisé n’est certainement pas le bon instrument.
Et pourquoi ne pas tenter aussi de décrire les incertitudes, les doutes de votre protagoniste en visant les espoirs enfouis là dans l’obscurité de son âme ?
Pour compléter ce paragraphe, nous vous conseillons
- BESOIN & ETHIQUE INFLUENCENT LA PERSONNALITE
- TRUBY : FAIBLESSE & BESOIN
- BESOIN ET DESIR
- OBJECTIF ET BESOIN
Les peurs
Nous possédons tous des peurs, des choses qui nous effraient et qui nous paralysent. Ces peurs auxquelles le lecteur peut se référer même s’il n’éprouve pas exactement la même frayeur rend le personnage bien plus humain.
Il peut être aussi utile d’explorer le rapport qui existe entre certaines des peurs du héros et son désir dans cette histoire, c’est-à-dire le but qu’il s’est fixé. Vous pourriez ainsi expliquer ce qui le motive à agir dans ce but.
De la peur des serpents à la peur de la divinité en passant par la perte, la solitude ou le noir.
Elsa a peur de son pouvoir, essentiellement parce qu’elle ne le comprend pas. Elle craint de blesser Ana ce qui est la traduction du même dilemme que Luke Skywalker qui peut basculer du côté de la force obscure s’il ne maîtrise pas la Force et ses passions.
Sur la problématique des peurs, je vous renvoie à
- LES PEURS FONDAMENTALES
- SE RÉVÉLER DANS SES PERSONNAGES
- LE PARCOURS EMOTIONNEL DU HEROS
- LA PEUR : L’ENNEMI INTERIEUR DU HEROS
La faille dans la personnalité du héros
C’est certainement par ce biais que le héros est le plus vulnérable. Et il semble que son antagonisme (quel qu’il soit) soit suffisamment lucide pour frapper là où çà fait mal.
La source de cette faille réside indéniablement dans le passé du personnage. Si le manque de confiance par exemple est un trait de caractère majeur chez lui, il faut que l’auteur sache quel est l’événement historique qui en est la cause.
Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans l’histoire personnelle du personnage pour qu’il éprouve aujourd’hui une telle mésestime de sa propre personne ?
Même si cette cause n’est jamais mentionnée explicitement dans l’histoire, l’auteur doit en avoir conscience. L’enfance de Luke Skywalker, la perte de ses parents, sont probablement à l’origine de ce manque de confiance que nous découvrons chez lui et qu’il apprendra à surmonter d’ici la fin de l’histoire.
Mais cela est à peine mentionné.
Par contre cette faille ordonne nombre de ses comportements et attitudes avant qu’il ne l’intègre et la dépasse.
C’est souvent pour cette raison que le personnage arbore une persona comme un moyen de défense contre le monde. Il offre une image de lui qui ne lui correspond pas.
C’est cela que signifie ce mensonge que le personnage se fait à lui-même. En quelque sorte, il fait preuve de mauvaise foi pour éviter l’angoisse que provoque sa confrontation avec le monde, avec le regard des autres.
Considérez que cette faille est une blessure qui a dépossédé le héros de ce qu’il est vraiment. Son arc dramatique consistera à se libérer de cette aliénation.
Un héros a toujours la possibilité de se dépasser dès qu’il prend conscience de cette aliénation. Dans la vie réelle, malheureusement, beaucoup se sont fondus dans une masse quelconque. Et ils sont si aveuglés, se croyant faussement les maîtres du monde, mais ne sont que les gardiens serviles d’illusions qui leur donnent faussement le sentiment d’exister.
Ils ne seront jamais de bons paradigmes pour un personnage de fiction. Un héros riche ne se fonde pas sur la misère d’un esprit étroit ou sur des donneurs de leçons.
Concernant la faille, vous pourriez être intéressé par
- LE MECHANT DE L’HISTOIRE ET SES FAILLES
- LE HEROS ET SES FAILLES : NECESSITE
- FAILLE & CONFLIT INTERNE
- L’IMPORTANCE DE LA FAILLE CHEZ VOTRE PERSONNAGE
Les forces et faiblesses du personnage
Votre héros n’est pas parfait. Il possède certes des aptitudes mais il y a aussi d’autres domaines dans lesquels il s’avère particulièrement déficients.
Et ce ne sont pas seulement des carences. Voyez à ce propos notre article sur la caractéristique Ability telle que la définit la théorie narrative Dramatica.
Le principe sommairement consiste à trouver un équilibre entre les forces et les faiblesses du personnage en contrastant les différentes qualités qui constituent sa personnalité.
Dans La Reine des Neiges, l’amour de Elsa et sa loyauté envers sa sœur Ana sont certainement des atouts mais ils sont contrastés par son insécurité dont le manque de confiance en soi est le trait le plus marquant.
Un aspect de sa personnalité qui tend à l’éloigner de ses proches et à rechercher la solitude. Et concrètement, c’est son incapacité à contrôler son pouvoir qui peut être à l’origine de ce sentiment d’insécurité.
Les forces et faiblesses d’un personnage sont probablement le moyen d’opérer une étude psychologique du personnage.
Les croyances
C’est-à-dire le point de vue du personnage sur le monde. Est-il optimiste ou pessimiste ? Quelles sont ses convictions religieuses ?
Est-il engagé socialement ? Cherche-t-il à sortir de ses conditions sociales ?
Est-il cynique ? désabusé ? naïf ?
Elsa est quelqu’un de pratique. Comme lorsqu’elle dit à Ana qu’elle ne peut se marier à un homme qu’elle vient juste de rencontrer.
Elle est méfiante envers les autres principalement à cause de la manière dont ses parents l’ont traitée. Une expérience qui lui a laissé une conscience très sombre du monde.
Vous avez aimé cet article ? Merci de supporter Scenar Mag.
