Qu’est-ce qu’une voix originale ? ou en d’autres termes qu’est-ce qu’un scénario qui a quelque chose à dire ?
C’est un peu vague mais cependant, c’est une considération dont il faut tenir compte avant de se mettre à écrire.
D’abord, un scénario est un outil destiné à la créativité de corps de métier qui ne se servent pas des mots pour exprimer leur art. Le format spécifique d’un scénario ne le rend pas non plus facilement accessible à tous les lecteurs.
Par ailleurs, le fait qu’il se conjugue au présent et qu’il utilise un langage relativement simple pour décrire visuellement l’action (et le bruit qu’elle génère) en facilite la lecture.
Mais cette apparente facilité est trompeuse. Il est assez aisé de tomber dans le cliché.
La familiarité que l’on peut avoir avec un genre, par exemple, tue l’inventivité.
Ce n’est pas parce que l’on a lu des scénarios dans le genre que l’on veut aborder et s’être persuadé que notre propre projet en partageait les mêmes qualités que nous avons sécrété de notre imaginaire quelque chose d’original et de pertinent comme outil pour d’éventuels investisseurs ou de fédération autour de ce projet.
La problématique de la voix originale
Le déploiement d’une histoire selon une structure devenue trop rigide à force d’être répétée et le développement des personnages sont souvent trop similaires d’un scénario à l’autre pour qu’un lecteur s’aperçoive qu’il y a quelque chose de différent avec ce scénario que vous lui proposez.
Sinon, une voix originale n’est rien d’autre que la façon dont vous avez décidé de raconter votre histoire avec des personnages bien développés (en trois dimensions comme ils disent) et une conclusion qu’on ne peut prédire.
Prenez Tournage dans un jardin anglais de Frank Cottrell Boyce d’après le roman de Laurence Sterne, The Life and Opinions of Tristram Shandy, c’est un point de vue spécifique et qui veut être exprimé.
Et comme il est dit dans la scène finale :
c’est une histoire sans queue ni tête – et la meilleure de ce genre que j’aie jamais entendue !
L’auteur a quelque chose à dire.
Considérez les histoires à l’eau de rose. Que de médiocrités elles laissent supposer. Et pourtant, en y prêtant un peu d’efforts narratifs, on peut les rendre intéressantes. Tout réside dans votre façon de raconter l’histoire.
Et en particulier, bien travailler ses personnages, c’est-à-dire leur accorder une véritable importance. Puis assumer un thème.
Même dans les histoires les plus simples, un message peut passer. Vous prenez position. Vous vous engagez et en fin de compte, vous apportez une conclusion satisfaisante à votre lecteur.
Décrire un comportement plutôt que de dire un comportement
Destiné à un média visuel, un scénario doit décrire l’action et non la dire.
Par exemple, votre personnage est ivre.
Il est facile et cliché de dire :
Il remonte la rue, clairement soûl.
Avec cette description, vous ne dites rien. Elle est certes succinct mais insuffisante pour décrire ce que vous ressentez.
Il est préférable de préciser :
Il titube le long du trottoir, se met à chanter et tombe nez à nez avec un agent de police en souriant de manière provocante.
Vous n’avez même pas besoin d’écrire soûl, l’imagination du lecteur le déduit de la description. Et vous rajoutez même de la tension en initiant un conflit potentiel que le mot soûl contient déjà en puissance.
Mais vous décrivez une attitude. Et là est toute la différence avec un scénario banal. Vous laissez l’imagination du lecteur figurer les choses par elle-même. Même dans les moments les plus basiques de votre histoire.
Bien sûr, l’originalité de votre concept (votre idée) et comment vous allez présenter de nouveaux et intéressants personnages pour l’exprimer vous assurera aussi une voix originale pour votre scénario.
En somme, n’hésitez pas à accorder plus de réflexions à votre histoire pour y ajouter davantage de créativité.
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