Le conflit central est défini comme la principale opposition. Ce sont des obstacles ou des complications que le personnage principal doit traverser afin que l’histoire atteigne sa conclusion.
Ce conflit central est tout similaire à l’idée de votre histoire : c’est une source dramatique qui contient en puissance toute l’histoire.
Dans Le Seigneur des Anneaux, le principal opposant est le désir incoercible de Sauron pour le pouvoir et la domination. Mais s’il y a opposition, c’est parce que les territoires avoisinants refusent cette mainmise brutale sur leur liberté.
Le conflit n’est pas seulement belliqueux
Dans une comédie romantique, le conflit peut se concrétiser en la question dramatique de savoir si les amants finiront leurs jours ensemble. Dans Orgueil et Préjugés, ce sont justement les préjugés de Lizzie envers Darcy qui rendent leur union improbable.
Pour que le conflit ait un impact dramatique, il est crucial que le lecteur l’accepte.
Cette adhésion n’est possible que s’il peut reconnaître les enjeux qu’implique le conflit.
Le sentiment de perte du libre-arbitre qui accompagne la montée en puissance de Sauron ou l’obstacle à l’amour dans Orgueil et Préjugés que représente cet orgueil et ces préjugés sont des expériences communes qui sont à la portée du lecteur.
Le lecteur comprend ce qui est en jeu et le conflit fait sens.
Le conflit reflète le thème
Le conflit s’ordonne selon le thème qu’il explicite. Que ce soit le pouvoir et sa manière si particulière de corrompre ceux qui le détiennent, que ce soit l’amour et ce chemin si tortueux pour l’atteindre ou encore une aventure et tous les pièges qu’elles recèlent comme allégorie de la vie, le conflit central d’une histoire concerne de toute évidence le sujet abordé.
Une situation conflictuelle ne dévie pas du cadre thématique.
Néanmoins, les situations conflictuelles doivent apporter quelque chose de nouveau. Le combat entre le bien et le mal par exemple recèle de nombreuses possibilités de manifestations. Suivre un thème aussi vieux que le monde ne signifie pas reprendre les sempiternelles mêmes conflits.
Il faut inventer de nouvelles formes conflictuelles à l’intérieur d’un cadre mille fois exposé.
Ne forcez pas le conflit parce qu’il est au cœur du drame et ne cédez pas à la facilité du cliché.
Votre idée à l’origine du conflit
Lorsque vous élaborez votre prémisse, celle-ci contient en germe un conflit potentiel.
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Cette prémisse décrit de manière explicite ou implicite le conflit central de l’histoire.
Par exemple, la prémisse de Harry Potter pourrait être :
Un garçon marqué par la destinée découvre qu’il a des pouvoirs spéciaux et qu’il devra affronter un être maléfique qui veut le voir mort.
Même si ce n’est pas aussi explicite, ce conflit doit être clair dans l’esprit de l’auteur. Et il ne devra pas perdre de vue cette ligne dramatique entre le protagoniste et la force antagoniste.
Ainsi on pourrait résumer Roméo et Juliette par :
Deux jeunes amants sont séparés par la haine réciproque de leurs familles et perdent la vie dans le drame qui s’ensuit.
Le conflit central est le problème qui pousse l’histoire à aller de l’avant vers une résolution ou une autre. Considérez l’histoire comme un mouvement qui ne peut connaître de stagnation car elle est animée par un problème qui se manifeste par un conflit.
S’il n’y a pas de conflit, l’histoire disparaît.
Le genre décrit la nature du conflit
Le genre dans lequel vous avez choisi de vous exprimer emporte avec lui des motifs conflictuels comme une sorte de convention. L’aventure par exemple implique souvent un personnage ou un groupe qui doivent parcourir des territoires qui leur sont inconnus afin de mener à bien leur objectif.
C’est une quête et celle-ci sera constituée d’obstacles. Là où vous devrez être inventif n’est pas de revisiter le genre en vous dispensant par exemple de cette quête. Ce sont les obstacles qui devront être originaux.
Lorsque vous aurez appréhendé le motif conflictuel que d’autres auteurs ont utilisé dans le genre qui vous intéresse, il vous faudra trouver le moyen d’être original.
Interrogez-vous avec la fameuse clef qui ouvre toutes les portes du processus imaginaire : Et Si… ?
Et si le groupe découvrait que l’objet de sa quête était trompeur et que cette révélation apportait quelque chose de tout à fait inattendu (pour eux et le lecteur) ?
Et si les amants n’obtenaient pas ce qu’ils désirent à la fin ?
Vous pouvez aussi envisager de n’apporter qu’une résolution partielle au conflit. Mais cela fonctionne mieux au niveau de la scène car cela crée du suspense. Il est préférable de résoudre le conflit qui occupe une scène quelques scènes plus loin dans l’histoire afin de garder l’attention du lecteur.
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Vous pourriez aussi donner un dernier rebondissement et surprendre le lecteur avec une résolution à laquelle il ne s’attend pas comme Frodon qui décide de quitter la Comté parce que celle-ci a changé pendant son aventure et ne lui corresponds plus.
Connaître les motifs conflictuels les plus usités dans votre genre de prédilection (ou non, d’ailleurs) vous permettra de faire un choix avisé dans la nature des conflits que vous mettrez en œuvre dans votre histoire.
Le conflit central ne sera pas isolé
Chacun des personnages apparaissant dans une histoire est susceptible de connaître un arc dramatique fait de conflits. Chacun d’entre eux est capable d’évoluer.
Cette capacité devrait être utilisée pour créer des intrigues secondaires.
Ces conflits mineurs aident à maintenir le suspense car ils ajoutent de nouvelles tensions. Et ils aident à ne pas briser le rythme lorsque des trêves sont nécessaires entre le protagoniste et l’antagoniste.