Dans notre quotidien, le moyen le plus rapide d’éviter quelque chose qui vous fonce droit dessus est de faire un pas de côté et de laisser passer le danger.
Mais en fiction, les choses ne se passent pas ainsi.
Qu’ils soient poursuivis par une voiture ou un rocher qui dévale en leurs directions ou n’importe quel danger immédiat qui leur fonce droit dessus, les personnages de fiction n’ont bien souvent qu’un seul comportement : fuir et tenter de distancer la menace.
Ils sont incapables de penser autrement : éviter le danger, simplement en en s’écartant, ne leur vient pas à l’esprit.
Au service de la tension
Cette soudaine privation de choix est une astuce pour alimenter la tension dramatique et partant, le suspense de la scène. Le lecteur qui s’implique forcément dans la scène en arrive à se demander ‘Mais pourquoi diable ne s’est-elle pas engouffrée dans cet immeuble tout proche au lieu de rester exposée ainsi au danger qui la menace ?’
C’est pour cette raison c’est-à-dire pour ne pas offusquer la logique que possède son lecteur que souvent, il n’y a aucun moyen de fuite possible.
Simplement, il n’y a pas d’issue. Le personnage qui fuit un véhicule qui le pourchasse ne peut tout simplement pas faire un pas de côté pour l’éviter car il n’y a pas de côtés.
Peut-être est-ce une allégorie de la responsabilité que nous avons tous dans nos vies et qu’il est absurde de vouloir les fuir…
Quoiqu’il en soit, pour justifier qu’un personnage fuit et tente de distancer le danger au lieu de simplement l’éviter, insérez dans la scène une bonne raison pour que cet évitement soit impossible (ou subjectivement, apparemment impossible pour le personnage).
Une réponse naturelle
Cependant, d’un point de vue psychologique, il apparaît que la réponse primale face à une menace est de se fondre parmi ses congénères. Un personnage terrifié va fuir non pas parce qu’il est poursuivi mais parce qu’il recherche une protection parmi les siens.
Par ailleurs, si la menace peut être comparé (symboliquement ou non) à un prédateur, se mettre sur le côté sera perçu par ce dernier.
C’est ainsi que lorsque le poursuivi se cache, le poursuivant cesse presque immédiatement sa poursuite (il ne revient même pas sur ses pas). Comme si intuitivement, il savait que sa proie se terre dans l’ombre déserte.
Quelques exemples :
Dans Sharknado, aucun des personnages n’a l’idée de se mettre hors de la trajectoire de la grande roue. C’est pourtant évident mais où serait le suspense (et surtout comment justifier le coût pour la production) s’il était si simple d’éviter ce danger ? Et l’auteur peut aussi compter sur le rythme de la séquence qui endort quelque peu l’esprit critique du spectateur.
Une autre façon de faire est illustrée par Star Wars Episode II. Le comte Dooku doit s’échapper. Poursuivi par Anakin, Obi Wan et Yoda, Dooku utilise la force pour se débarrasser de ses poursuivants.
Etant à force égale, Yoda aurait pu d’un simple geste détourner le pilier réduisant ainsi les chances de fuite du comte.
Cependant, cette échappatoire n’aurait pas été assez convaincante. Yoda va utiliser la force contre l’élan même du pilier et l’immobiliser afin de le faire flotter quelques instants avant de le poser.
Et les quelques secondes gagnées d’un côté et perdues de l’autre permettront logiquement au comte de s’enfuir.
Dans Les aventuriers de l’Arche perdue, au cours de la séquence d’ouverture, on est en droit de se demander pourquoi Indy essaie si désespérément de fuir le rocher qui roule dans sa direction. En fait, cela s’explique simplement parce qu’il n’y a qu’une sortie à la grotte et que ce rocher va venir l’obstruer et Indy doit en sortir avant.
C’est la séquence d’ouverture et il est encore trop tôt pour révéler toutes les ressources que le Docteur Jones possède.
