LES DEUX TYPES DE SERIES

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D’abord, il faut comprendre que le spectateur a certaines exigences. Il a besoin de personnages qui soient héroïques c’est-à-dire qu’ils s’impliquent à faire quelque chose pour les autres.
Ce qui signifie que leurs activités dépendent de ce principe comme les médecins, par exemple.

Les enjeux ne concernent donc pas seulement les amis, la famille ou n’importe quelle proche relation. Ils agissent au niveau de la société. Les personnages réguliers d’une série sont impliqués dans la protection, dans l’aide et la lutte envers autrui.
Et cela dépasse largement leurs sphères personnelles.
L’activité, le cadre dans lequel ils agissent n’est pas dénué d’intérêt car, de cette activité, dépends la création de scènes au fort potentiel divertissant faites de confrontations  interpersonnelles captivantes aux émotions et aux enjeux puissants.

New York, Police Judiciaire

Nex York, Police Judiciaire est un bon exemple de série qui réponds à ces exigences minimales (ou du moins traditionnelles). Série policière et judiciaire, elle nous  montre des scènes allant de la découverte d’un crime jusqu’au procès en passant par l’enquête de police et l’instruction judiciaire.

Remarquez d’emblée que la plupart des enquêtes dans les séries télévisées policières ou les thrillers portent sur des crimes parce qu’il s’associe au crime des enjeux forts et que ceux-ci sont nécessaires pour maintenir l’attention du lecteur et l’inciter à vouloir en connaître la résolution.

Et avant de parvenir à la résolution, chaque scène sera construite de conflits forts, d’émotions puissantes dans les confrontations interpersonnelles (en d’autres termes, les relations entre les personnages) entre les témoins, les suspects, les différentes figures d’autorité, les parties adverses, les juges et les jurés.

Chaque scène se concentre sur le crime c’est-à-dire le problème soulevé par un épisode et bien sûr que celui-ci ne sera pas simple à dépêtrer (c’est d’ailleurs ce qui le rend intéressant) et sa compréhension implique un rebondissement et des complications.
Somme toute, cela équivaut à l’acte Deux d’un long-métrage où les complications illustrent l’aspect émotionnel de l’histoire, c’est-à-dire pour le spectateur, l’aspect le plus fascinant.

X-Files n’est pas différent. Chaque épisode consiste en l’investigation d’un cas mystérieux avec des enjeux importants, de l’émotion la plus pure possible et des confrontations basées sur des relations fortes.

Une histoire suivie

D’autres séries, cependant, proposent une lecture différente. On y trouve alors une A Story accompagnée d’une B Story qui concerne un problème plus personnel pour le personnage principal, problème qui revient d’épisode en épisode.

Concernant les A & B Stories, nous vous conseillons la lecture de :

Buffy, The Walking Dead, Star Trek en sont des exemples. Et notez que l’on y retrouve le motif de personnages héroïques dont le rôle dans la société est de lutter contre toutes sortes de dangers et d’injustices pour le compte d’autrui (même s’ils sont parfois eux-mêmes concernés par une iniquité, leurs regards se tournent presque systématiquement vers autrui).

Chez un titre comme Gray’s Anatomy, les relations personnelles entre les personnages ont même la primauté sur le problème spécifique soulevé par un épisode. Ce qui permet d’insérer des scènes où les enjeux sont moins puissants, plus descriptives, à l’intention marquée d’explorer la nature humaine.

Dans ce type d’histoires suivies, il s’avère que l’activité des personnages qui illustre leurs agissements prend une importance secondaire. S’interroger sur la nature humaine resserre l’histoire sur l’individu et même si l’on est rien sans autrui, cette découverte de soi est passionnante.
C’est en quelque sorte une autre grille de lecture que propose les auteurs.
Et celle-ci n’en est pas moins efficace.

Mad Men est excellent en cela. Ainsi que Les Sopranos ou Breaking Bad. L’investissement émotionnel du lecteur n’est pas sollicité sur la A Story.
Celle-ci qui consiste à résoudre un problème immédiat (selon le genre de la série) n’est plus qu’un prétexte. Les objectifs immédiats (le problème spécifique d’un épisode) ne sont pas ce qui est intéressant à regarder.
On se moque presque de savoir comment un personnage va se débarrasser de son concurrent tant que l’on a un accès direct à sa conscience.

Des enjeux personnels puissants

Nous nous investissons personnellement auprès des personnages. Les enjeux se mesurent à la réussite de l’identification du lecteur avec les enjeux personnels du personnage (ce à quoi il se confronte dans sa vie fictive).

Cet aspect individuel et singulier est ce qui donne soudain de la puissance aux enjeux. Un personnage, par exemple, qui doit gérer un deuil ouvre des possibilités émotionnelles forcément intenses.
Et ce n’est pas parce que son activité n’est pas nécessairement tournée vers autrui qu’il en est moins intéressant à suivre.

 

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