Un événement imprévu, un détour pas très judicieux, un faux pas et la vie met son grain de sel dans nos vies. Il est indéniable que dans un scénario, tout effet possède sa cause. C’est préférable pour la compréhension du récit.
Néanmoins, nos personnages vivent dans un monde certes de fiction et que cet univers singulier intervient lui aussi dans leurs vies sans que cette intervention soit par ailleurs justifiée.
Et d’ailleurs, l’extérieur soudain vient gêner la bonne marche de la loi de causalité au moment le moins opportun, le moins tolérable pour les personnages.
Il faut donc tenir compte de ces aléas de la vie plus ou moins graves et utiliser ces interruptions de la logique causale à notre bénéfice.
Un grain de sel
Lorsque les événements doivent être détournés vers une impasse ou que vous avez besoin d’un obstacle imprévu, fouillez dans vos souvenirs ce qui vous a surpris ou amusé et insérez dans le scénario cet incident.
Ne l’utilisez pas pour sortir votre héros d’une situation où vous vous êtes vous-mêmes fourvoyé. L’aléa doit constituer un obstacle et non une issue.
Le protagoniste agit. C’est dans sa nature. Ce qu’il fait lui apporte pas mal de problèmes. C’est aussi dans sa nature. Mais lorsque que quelque chose dérape, il n’en est pas toujours responsable.
Comme dans la vie réelle.
Le désagrément peut être mineur ou majeur. Par exemple, votre héroïne doit se rendre à un rendez-vous important pour décrocher un emploi. Elle se prépare on ne peut mieux et comme c’est une personne qui fait attention à son apparence, on peut dire qu’elle est parfaite.
La matinée s’annonce ensoleillée. Tout semble aller pour le mieux.
A mi-chemin cependant, un orage soudain va ruiner tous ses efforts et elle se présentera devant l’employeur dans un état qu’elle n’avait pas prévu.
Et pourtant, elle n’avait rien fait pour provoquer cet orage.
L’événement peut être plus tragique. Peter Dunne donne l’exemple de parents qui attendent leurs enfants qui doivent passer le réveillon du nouvel an avec eux. Ils ne les ont pas vus depuis plusieurs mois.
Mais ils ne les reverront jamais car leur voiture a violemment été heurté par un camion fou. C’est la vie qui s’immisce tragiquement.
On ne peut s’accommoder de tout
On peut surmonter certaines choses dans la vie, et d’autres non. C’est humain. Votre protagoniste est certes un simulacre d’être humain mais il n’est pas moins un être de fiction qui a une existence.
Et comme dans la vie réelle, il peut lui tomber sur la tête des infortunes.
Nous sommes tous différents. Parfois fragiles, parfois forts. Mais nous sommes aussi des êtres qui appartiennent à une communauté. Nous vivons en société. Il nous arrive de nous engager socialement mais nous sommes d’abord des individus parmi d’autres individus vivant au sein d’une même société.
Chacun d’entre nous a des rêves. Chacun d’entre nous a des besoins.
Parfois nous réussissons, parfois nous échouons.
Tout cela constitue notre humanité.
Les personnages ne sont pas différents. Ils interagissent avec le monde. Ils appartiennent à une civilisation, à une culture, à une société, à une communauté. Prenez John et Rachel de Witness, c’est même la confrontation de deux mondes qui nous fascine avant même leur Love Story…
Les personnages ne peuvent s’isoler de la réalité qui les entoure. Celle-ci peut donc avoir un rôle à jouer dans l’intrigue.
Par exemple, si l’histoire se situe dans un village, un corbeau sera bien mieux entendu que dans une grande ville. Et symboliquement, le corbeau se dilue dans le village. Tout le village est suspect ce qui influe énormément sur l’intrigue.
Un emprunt
L’espace et le temps décrit dans une fiction contribue à la réalité fictive de celle -ci. Et pourtant ce sont des emprunts à notre réalité comme si nous avions découpé quelques fragments et les avoir réassemblés selon les exigences de notre histoire.
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