Une des principales raisons du succès d’un scénario (artistiquement et commercialement) est qu’il possède des personnages intéressants à suivre. Ceux-ci feront face à des difficultés apparemment insupportables et insurmontables aussi.
Pour ne pas rencontrer la frustration de son lecteur, l’auteur a donc tout intérêt à être clair quant à son personnage principal.
Le lecteur entre dans la fiction par les yeux d’un personnage. Il apprécie réellement de découvrir qui est le personnage principal et de savoir quels sont ses problèmes.
Compassion puis empathie
Une inquiétude surgit lorsque le héros est en difficulté et nous nous demandons comment il va bien pouvoir se sortir de sa situation.
En d’autres termes, nous accrochons à une histoire par son personnage principal.
Que le danger soit physique ou mental, nous le ressentons (plus ou moins) comme le héros et nous espérons une fin heureuse à ses problèmes.
Donc, si le héros n’est pas clair et distinct dans notre esprit, nous sommes quelque peu confus quant à savoir envers quel personnage nous devons nous investir à travers notre sympathie et notre compassion.
C’est la combinaison de ces deux sentiments (dont la somme est l’empathie) qui permet au lecteur de s’engager dans l’histoire et en quelque sorte de se refléter dans celle-ci en s’appropriant des sentiments fictifs que nous croyons reconnaître.
C’est ainsi que l’on peut comprendre la douleur de la perte d’un être cher même si c’est celle d’un personnage de fiction.
Agir
C’est effectivement autour de ce que fait le héros et ce que l’histoire signifie pour lui que s’articule une fiction.
Mais dès que vous introduisez d’autres personnages, ne pensez pas que le lecteur s’en souciera moins. Il a aussi besoin de connaître qui ils sont et de comprendre ce qu’ils font.
Comprendre les gestes des autres personnages est aussi important pour le lecteur que de comprendre ceux du héros. Lorsqu’un personnage est présent dans une scène, il faut pouvoir le justifier.
Globalement, tous les personnages seront aussi intéressants que le personnage principal même ceux qui complotent contre lui. Ne négligez pas votre méchant de l’histoire ou quelle que soit la forme que prendra votre antagonisme.
Même si le héros est son propre ennemi, ce conflit interne pourrait être incarné par un personnage qui renverrait en quelque sorte au héros sa propre image, son propre démon.
Si vous présentez d’autres personnages qui soient moins intéressants que le personnage principal, vous courrez le risque que le lecteur ne parvienne pas à justifier leur présence et considérera qu’ils gâchent en fait l’histoire qu’il appréciait pourtant.
Lorsque vous serez encore en train de rêver votre histoire, appréciez comme il faut qui sera votre personnage principal.
Parce que c’est son histoire que vous allez raconter et justifiez qui d’autre vous allez montrer et pourquoi.
Le pourquoi consistera à légitimer les raisons de la présence des autres dans votre histoire : par rapport au thème, pour expliquer le personnage principal…
Eux aussi agissent et ce qu’ils font doit faire sens.
Déterminer le personnage principal
Alors qui sera le héros de l’histoire ? Parfois l’auteur sait immédiatement à propos de qui sera son histoire et il lui reste alors à inventer les événements qui vont le tester.
Néanmoins, l’invention de personnage est peut-être une affaire d’intuition après que l’on ait commencé à tourner dans son esprit un concept ou une idée.
Réflexion et recherche documentaire ne concernent pas vraiment alors les personnages.
La seconde phase consistera alors à trouver le personnage le plus apte à raconter l’histoire. Pas en tant que narrateur. Mais à travers ses yeux.
Supposons que Night Shyamalan ait eu l’idée d’écrire une histoire sur un petit garçon timide qui découvre qu’il peut communiquer avec les morts.
L’idée en soi est intéressante.
Supposons maintenant qu’au cours de l’écriture, il réalise que la meilleure façon de raconter son histoire serait non pas à travers les yeux de l’enfant mais sous la perspective d’un fantôme qui n’a pas encore compris qu’il était un fantôme.
Il inventa alors le personnage du psychologue et très rapidement, il en fit son personnage principal et son protagoniste, celui par qui il pouvait vraiment développer son histoire.
Quelques conseils pour découvrir son héros
Le héros d’une histoire sait généralement ce qu’il veut mais rarement ce dont il a vraiment besoin.
La découverte progressive de ce besoin se dessine par son arc dramatique. C’est-à-dire son évolution personnelle au cours de l’histoire.
Par exemple, dans Intolérable cruauté, Miles veut clairement Marylin. C’est son désir, son but dans cette histoire. Mais son véritable besoin, qu’il ignore au début de l’histoire, est qu’il doit apprendre à aimer.
Le personnage principal rencontre une opposition.
Cet opposant quelle que soit sa forme fait obstacle aux souhaits du héros. Et il agit en conséquence. Il veut vraiment empêcher le héros d’atteindre son but.
L’antagoniste de Billy Elliot, par exemple, est son père. Dès l’acte Un, cette opposition est clairement et distinctement mise en place.
Le héros est celui qui a la tâche la plus difficile à accomplir de toute l’histoire.
Et au moment du climax, l’ultime confrontation avec son opposant (certains théoriciens nomment cette opposition le némésis) sera un face à face.
Il ne recevra aucune aide de ses alliés ni divine d’ailleurs (Deus ex Machina).
Le héros est le personnage qui change le plus au cours de l’histoire.
Parfois, ce n’est pas un changement radical de sa personnalité. Il pourrait par exemple s’affirmer dans ses certitudes s’il possédait quelques doutes au début de l’histoire. Dans ces cas, il s’affermit en quelque sorte.
La plupart du temps, cependant, le personnage principal connaît une évolution radicale de sa personnalité. Ce qui fait de lui, au bout de la durée de l’histoire, un être meilleur.
Si c’est une tragédie, il meurt. Il est vrai que le héros tragique est celui qui n’a pas su intégrer ses faiblesses et qui succombe. Mais la mort peut être aussi un moyen de rédemption ou l’ultime vérité d’une existence. William Wallace ou Lester Burnham, par exemple.
Dans Big Fish, Will ne supporte plus les histoires que racontent son père. Pour lui, ce ne sont que des mensonges et encore des mensonges.
Mais alors que son père est mourant et continue malgré tout de raconter des mensonges sur sa vie (le point de vue de Will au début), Will comprend l’amour pour les contes et que les histoires de son père n’étaient pas des mensonges mais juste une exagération de la réalité, juste un moyen de donner un sens à la vie. Une attitude qu’il fera sienne à la fin de l’histoire.
Le héros est généralement un être sympathique.
Mais ce n’est pas une obligation. On pourrait le découvrir comme un être malfaisant, qui agit de manière immorale. Dans ce cas, il faut que l’auteur prenne le temps d’expliquer pourquoi son personnage principal agit d’une si mauvaise façon et réserver quelques indices sur une sensibilité qui se cache sous l’apparat.
Ce type d’indices est aussi montré chez le méchant de l’histoire lorsqu’on le voit craqué devant un chiot, par exemple. Cela permet d’ajouter quelques nuances au personnage, de révéler que sa méchanceté n’est pas innée. Et qu’il y a des causes.
Tout comme pour le comportement du héros.
Quelque chose de terrible arrive au héros au cours du premier acte.
Normalement, il ne l’a pas cherché.
Par exemple, dans Cold Mountain, les deux amoureux sont séparés par la guerre juste après un premier baiser. Une punition terrible qu’ils ne méritaient pas.
L’aventure du héros le mène dans un monde qu’il ne connaît pas.
Quel que soit le genre de l’histoire, le personnage principal s’apprête à pénétrer un univers dont il n’est pas habitué.
Joseph Campbell expliquait que le héros franchissait le seuil d’un monde qui lui était inconnu, dont il ne connaissait pas les règles.
Par exemple, le héros vient de se faire embaucher. Il va découvrir le huis-clos d’une petite entreprise.
Dans un thriller, le héros voit devoir pénétrer un monde interlope dont il ignorait jusqu’à l’existence. C’est ainsi que vous ne pourrez pas faire d’un personnage issu de ce monde équivoque le héros parce qu’il ne change pas d’univers dans l’histoire. Le héros est d’abord un étranger.
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