Cet article nous a été inspiré par le commentaire toujours très judicieux de Ciné7 à la suite de l’article LES SYMBOLES ET LE SCENARIO.
Pour approfondir la notion, nous avons choisi de mettre le focus sur le genre fantastique (et ses variantes).
De nombreuses histoires utilisent des motifs ou des objets comme métaphores pour un concept qu’elles essaient de communiquer.
Des objets particuliers tentent alors d’intensifier l’atmosphère de la scène où ils sont présents, de permettre l’identification de traits de la personnalité d’un personnage, de rappeler le thème ou de présenter des concepts tels que le bien et le mal et aussi d’annoncer certains événements.
Porteurs de sens
Les objets peuvent être de puissants symboles pour ajouter de la profondeur et du sens à une histoire.
Le genre fantastique essaie de convoquer nos plus terribles cauchemars. Pour Carl Gustav Jung, des objets et des idées banaux peuvent assumer une forte signification psychique lorsque nous rêvons à un point tel que nous en sommes encore troublés au réveil.
Et même si nous rêvons de choses aussi simples qu’un train manqué ou de nous retrouver enfermé dans une salle sans comprendre comment en sortir.
En fait, l’aspect inconscient de n’importe quel événement se révèle à nous dans nos rêves. Et il n’apparaît pas comme une pensée rationnelle mais comme une image symbolique. Ce qui se passe dans notre cerveau est lié à sa capacité imageante. Notre esprit produit des images et elles sont souvent symboliques.
Les auteurs peuvent alors utiliser des objets pour faire appel à notre inconscient, l’objet devenant ainsi symbolique.
On peut aussi mentionner qu’un objet peut être chargé d’une valeur transitionnelle au sens de Donald Winnicott. Lorsqu’il est assigné une telle valeur à un objet quelconque, celui-ci devient substitut de quelque chose d’autre.
Ainsi une jupe peut valoir comme substitut pour l’absente.
Quant à Sartre, l’image n’est pas une chose mais un acte qui vise un objet absent ou inexistant. C’est alors un représentant analogique de l’objet visé.
Pour un auteur, le symbole sert assez souvent à renforcer son thème. Il ajoute une dimension à son histoire en quelque sorte extradiégétique mais qui aide le lecteur à comprendre celle-ci.
Les symboles religieux
La religion est vraiment répandu dans le fantastique. Des thèmes sur la vie et la mort, sur la spiritualité, sur l’homme se prenant pour Dieu ou affrontant des démons aussi bien intérieurs qu’extérieurs.
Et évidemment le bien contre le mal.
Les artefacts religieux peuvent être chrétiens, occultes, sataniques, Vaudou ou appartenir à n’importe quelle autre croyance en quelque chose de plus grand que l’humanité.
Des éléments de satanisme et d’occulte sont depuis longtemps associés au fantastique.
Les symboles de mort
La mort s’est naturellement répandue dans la fantastique et ses représentants analogiques foisonnent dans les fictions. Cercueils et pierres tombales mais aussi des références à Azrael ou au docteur Mengele…
La frontière entre la vie et la mort est plutôt floue dans le fantastique. Ni la vie, ni la mort ne sont parfaitement délimitées.
Les fantômes et autres morts qui reviennent à la vie, globalement le surnaturel, apparaissent sans que la raison puisse les justifier.
Les objets peuvent alors aider à symboliser l’innommable et l’étrange, à cristalliser l’angoisse liée à l’hésitation, à l’incertitude face à l’irrationnel.
Dès le début de L’échelle de Jacob, Jacob est piégé dans un tunnel. Ce lieu est symbolique de son être piégé entre la vie et la mort. Le train impétueux qui manque de l’écraser de justesse est plein de visages défigurés qui représentent autant d’âmes perdues, tout comme sa propre âme.
Alors que Jacob souffre de plus en plus d’hallucinations, le seul réconfort qu’il trouve est auprès de Louis, son chiropracteur qui le soulage de la rigidité cadavérique qui commence à s’emparer de son corps.
Nous comprendrons plus tard que Louis est un ange.
Les couleurs
Beaucoup de fictions ont recours aux couleurs pour symboliser des aspects du thème ou plus généralement distinguer entre le bien et le mal. Le rouge, par exemple, est souvent associé au mal, au sang, à la luxure et à la violence.
Le noir lui aussi est souvent représentatif du mal. Le rouge et le noir prédominent chez la Reine de Cœur, personnage cruel et sans pitié.
Les tons clairs, neutres et les tons de terre sont généralement associés au bien ou signifient la différence entre la matière et l’esprit.
Lors de la description d’un personnage, préciser la couleur et la texture de sa garde-robe peut être indispensable pour communiquer une impression sur ce personnage (si celle-ci est nécessaire à la compréhension de la fonction du personnage dans l’histoire). Maquillage et garde-robe servent à affirmer une identité.
Les lumières
Les lumières peuvent symboliser de nombreux concepts. L’espoir, le passage, l’évasion…
Certains auteurs triturent même l’idée en pointant la mort comme dans Poltergeist.
La mythologie fait grand cas du soleil alors lorsque le fantastique l’associe à un cimetière, au-delà de la comparaison entre le monde céleste lumineux et les ténèbres des divinités chtoniennes, l’atmosphère qui se dégage de telles scènes est pour le moins déconcertante.
La fantastique (probablement ses origines gothiques) aime les chandelles et autres lanternes ainsi que leur dérivé moderne : la lampe de poche.
Les lumières, paradoxalement dans ce cas, évoquent les ténèbres alentours en proie à des ombres inquiétantes et pourtant insaisissables.
Car ces sources de lumière sont ténues et révèlent par contraste le danger immédiat.
Lumière et obscurité sont souvent utilisées thématiquement pour représenter le bien et le mal, l’horreur de la nuit et l’espoir d’une nouvelle aube (si le héros survit).
Les armes
Les armes possèdent un symbolisme phallique représentant le pouvoir masculin. Et entre les mains d’une femme, l’arme symbolise une idée de castration de ce pouvoir.
Dans l’horreur spécifiquement, le type d’arme que l’auteur choisit pour son méchant de l’histoire est encore plus puissant s’il reflète le personnage.
