Rien n’est absolument certain ou gravé dans la pierre. Le nombre d’actes, la distribution des nœuds dramatiques, ce que contiennent ces moments dramatiques… Tout cela semble confus et source, parfois, de désaccords.
Ce qui est certain, cependant, est que le premier acte doit présenter la situation qui sera explorée par la suite.
Que vous adoptiez telle ou telle structure ou bien pas de structure du tout, il apparaît pourtant que le héros devrait être introduit très tôt dans l’histoire.
La raison en est que plus vous l’introduisez tôt en précisant clairement et distinctement son objectif (la mission qu’il doit remplir en quelque sorte), et plus vous accrocherez votre lecteur en lui permettant de s’identifier à lui.
C’est-à-dire que le lecteur croit reconnaître chez le héros des choses qui font écho en lui. Evidemment, les exigences de votre histoire peuvent légitimement chambouler cette règle ou faire intervenir assez tard un personnage clef comme Ilsa de Casablanca qui ne fait son apparition qu’aux environs de la cinquantième page.
L’acte Deux
Le second acte se concentre sur l’évolution de la confrontation entre le héros et le méchant de l’histoire. Un fois que le conflit entre eux est installé, les obstacles que l’antagonisme et ses aficionados placent sur la trajectoire du héros devraient être de plus en plus difficiles à surmonter pour ce dernier.
C’est là que la durée de l’intrigue prend tout son sens car cette difficulté des épreuves ou l’intensité des tribulations grossissent au fur et à mesure que l’histoire progresse.
Bonnie and Clyde est exemplaire en ceci que chaque moment majeur de l’intrigue mène inexorablement les amants maudits vers leur destruction.
Compliquez autant que vous le pouvez les complications. Un tronc d’arbre barre la route, faites en une crevasse apparemment infranchissable.
Intensifiez la tension jusqu’au point, vers la fin de l’acte Deux, où le protagoniste ne peut plus reculer ou se protéger. Ce n’est pas encore le dénouement. Pour cet acte Deux, enténébrez votre héros sous des problèmes si profonds qu’il semble impossible qu’il puisse s’en extraire.
Délivrance de James Dickey d’après son roman Délivrance est un bon exemple pour l’inspiration.
L’acte Deux devrait chercher à tout moment à tromper l’attente du lecteur.
Trois actes : une structure ancestrale
On parle souvent des conventions qui s’attachent à un genre. Mais les trois actes d’une histoire sont aussi une convention.
Dans le premier acte, les éléments dramatiques vitaux et les informations indispensables pour la compréhension de l’histoire sont exposés.
Le second décrit l’opposition, le conflit entre le protagoniste et l’antagoniste qui s’intensifie alors qu’ils revendiquent le même prix mis en jeu.
La lutte est la définition même du second acte. Poussées et contre-poussées des belligérants se succèdent en heurts d’une force qui ne fait que croître. Petit à petit, l’ultime moment de la confrontation émerge lentement du brouillard. C’est le climax auquel le protagoniste et l’antagoniste ne peuvent échapper.
Le second acte est réputé difficile à écrire. Il faut faire preuve d’une inventivité sans cesse renouvelée sur des nœuds dramatiques (heureusement, ils ne sont pas si nombreux que cela dans le cours d’une intrigue) qui permettent de garder le héros et l’antagoniste dans une relation conflictuelle.
La créativité ne se réduit pas à une formule. Imaginer des situations tendues encore inexplorées ou donner un tour nouveau à des situations communes, ce n’est pas facile à découvrir.
Nul doute qu’une certaine créativité est exigée dans l’écriture d’une fiction. Et si le second acte est si exigeant en cette ressource, c’est à cause de sa position centrale dans l’œuvre.
Il doit assurer le lien entre des scènes qui le précèdent et qui décrivent qui est qui et qui veut quoi de qui.
Et des scènes qui le suivent et qui apportent la résolution de l’histoire et ses conséquences.
L’acte deux assure une transition logique entre le moment où vos personnages les plus importants sont établis dans l’histoire et le moment du choc maximal entre eux. Cet impact est l’instant décisif du climax qui est en fait le dernier point majeur crucial de l’intrigue.
Au-delà du climax, c’est le troisième acte. Et en quelque sorte, il n’y a plus rien à raconter sauf l’ultime confrontation qui mène au dénouement.
Une réponse émotionnelle du lecteur
La difficulté apparente du second acte est en fait un peu surfaite. En effet, chaque ligne du scénario est difficile à accoucher. C’est souvent un souci de conciliation entre la partie et le tout.
Car tout est lié.
Mais un scénario efficace reste celui qui provoque une réponse émotionnelle du lecteur. Et cette réponse atteint son apogée au cours du troisième acte lorsque le héros et l’antagoniste sont unis dans un conflit ultime qui ne peut être résolu que par la destruction ou l’anéantissement de l’un d’entre eux.
C’est dans ce climax de l’histoire (car l’intrigue, c’est-à-dire l’acte Deux, peut posséder son propre climax) que le héros fait face à son challenge suprême et qu’il encourt le plus grand péril.
Ce climax de troisième acte est un moment d’action. Les dialogues servent l’action. C’est une prise de décision ce qui est en soi de l’action. Remémorez-vous le climax de Thelma et Louise ou du Train sifflera trois fois.
C’est un combat pour la survie, pour redresser une injustice, pour venger la mort d’un être cher ou simplement sauver le monde des forces obscures qu’il nourrit en son sein.
Notez que ce combat pour la survie doit être compris comme une métaphore dans la grande majorité des cas. Le futur suggéré après le dénouement sera fait de félicité pour le héros. Il aura enfin comblé ce qui lui manquait pour être heureux, pour vivre pleinement et sereinement sa vie.
A moins qu’il ne connaisse une fin tragique. C’est le message de l’auteur qui décide.
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