Esprit et passions officient dans différentes sphères de notre humanité. Ils sont souvent en conflit.
Certains événements peuvent nous amener à une certaine contemplation et changer par exemple notre rapport à la mort.
Lorsque nous sommes adolescents, nous pensons à l’amour mais peut-être pas de la même manière si nous avions un vécu pour nous permettre de nous fonder sur nos expériences passées et d’apporter ainsi un peu plus de sagesse sur cette question universelle.
Des visions idéales nous feront vivre probablement des romances poignantes et certainement douloureuses. En d’autres termes, notre cœur en vient à se durcir et les années apportent leur poids d’amertume.
Une influence mutuelle
Notre raison (c’est-à-dire notre vie intellectuelle concrètement) nous prépare aux expériences émotionnelles.
Chaque nouvelle rencontre est différente de la précédente car nous en avons tiré des leçons.
Ces leçons sont le fruit de notre raison. Mais chaque nouvelle rencontre appelle de nouvelles émotions.
Raison et émotion (nos passions) s’influencent l’une et l’autre mais agissent séparément l’une de l’autre.
Cependant, alors que la vie réelle sépare la signification (Robert McKee assimile la raison à la signification) et l’émotion, la fiction les réunit.
Et elle les réunit sous le phénomène de l’émotion esthétique.
Voici ce que dit Robert McKee de l’émotion esthétique :
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Beauté et harmonie
La source de l’art est la recherche de la beauté et de l’harmonie telles que les conçoit un artiste.
C’est l’utilisation de la créativité au sens non pas de faire quelque chose de nouveau mais pour tenter de ranimer une vie étouffée par la routine ou pour établir un lien avec la réalité soit par l’intuition, soit par l’expérience sensible ou sensorielle.
Une fiction est au même titre que la musique, la dance, la peinture, la sculpture… l’expérience d’une émotion esthétique c’est-à-dire d’une rencontre entre l’esprit (ou l’idée d’un artiste comme vecteur d’émotions) et le sentiment (l’émotion suggérée ou illustrée).
Lorsqu’une idée se dissimule sous une charge émotionnelle, l’information devient plus puissante, plus profonde.
Elle marque le lecteur/spectateur.
La vie lorsqu’elle n’est pas façonnée par l’art ne laisse que confusion et chaos mais une émotion esthétique harmonise ce que vous savez avec ce que vous ressentez.
Ce que vous savez, ce sont vos expériences passées, votre vécu. L’harmonie créée par l’émotion esthétique vous donne une conscience plus élevée ainsi qu’une certitude sur votre place dans la réalité.
Pour Robert McKee, la fiction vous donne ce que vous ne pouvez obtenir de la vie réelle.
C’est ce que McKee nomme des expériences émotionnelles significatives.
Significatives dans le sens où vous les comprenez c’est-à-dire qu’elles évoquent (à défaut d’un autre mot) en vous un écho qui vous autorise à les expliquer.
Dans la vie, les expériences deviennent ainsi significatives avec le recul. Vous ne les comprenez pas immédiatement car votre émotion vous submerge et ne pouvez raisonner.
Mais l’art vous procure du sens en même temps que l’émotion. Emotion et Signification se produisent au même instant.
L’émotion au cœur de l’histoire ?
D’emblée, on peut penser qu’une fiction serait incapable d’exprimer des idées. Dans ce cas, elle ne serait pas une fiction mais un essai, par exemple.
C’est une erreur. Nous demandons à ce qu’un auteur exprime des idées et des points de vue. C’est par le moyen des émotions qu’il y parvient.
Il exprime ses idées en un échange entre lui et le lecteur/spectateur.
Lire à ce sujet :
AUTEUR & LECTEUR : UNE EMOTION PARTAGEE
Quelque soit l’art considéré, pour Robert McKee, un artiste partage ses idées par l’expérience sensible, les perceptions, l’intuition et l’émotion.
L’indicible et le sensible ne requièrent aucun médiateur. L’acuité de l’analyse intellectuelle ne nourrit pas l’âme.
Une histoire bien racontée mêle sans honte le rationnel et l’irrationnel.
C’est ainsi qu’elle peut solliciter la sympathie, l’empathie, l’attente et le discernement c’est-à-dire notre sensibilité innée de la recherche de la vérité.
Découvrez l’interview de Cecilia Najar concernant l’approche scénaristique :