Indéniablement, les histoires sont à propos d’un conflit. En court-métrage ou en long, il doit y avoir un conflit.
Fondamentalement, il doit y avoir quelque chose dans l’histoire que le protagoniste veut absolument. Il y est poussé par une force incoercible.
Et il doit y avoir quelque chose ou quelqu’un qui l’en empêche.
Et ce conflit se situe à tous les niveaux. Prenez une scène par exemple. Elle illustre un événement qui mène à quelque chose de nouveau dans la situation d’un personnage.
Et le conflit est l’énergie qui induit cette poussée.
Qu’est-ce qui justifie le conflit ?
Tout au long de l’histoire, le lecteur a besoin de voir comment le personnage principal révélera sa vraie nature.
Ce qui présuppose que celui-ci n’est pas un être complet au commencement.
Pour que le personnage devienne qui il est vraiment, il va lui falloir faire des choix. Il va falloir lui imposer des dilemmes et il devra choisir dans les moments où la pression sur lui est la plus forte.
Pourquoi dans ces moments précis ? Simplement parce que dans la vie réelle, cela arrive ainsi. On peut être parfaitement maître de soi dans nos tâches quotidiennes et se déliter au moindre signe de trouble.
Et il en est de même avec nos personnages de fiction.
Mais ceux-ci ont quelque chose de plus.
Les exigences du lecteur
En effet, nous avons tendance à admirer un personnage qui souffre et qui survit. Et même qui surmonte les épreuves.
Nous pouvons éprouver aussi de la compassion pour ceux qui échoue face aux difficultés de la vie.
Par contre, nous avons peu d’estime pour un personnage qui se lamente devant les vicissitudes de la vie sans rien entreprendre pour que cela change.
Nous aimons les héros qui agissent et réagissent, qui se montrent stoïques. Nous aimons les voir affronter la dure réalité de leur monde fictionnel même s’ils ont toutes les raisons de se plaindre et de succomber.
Souffrir et survivre
Voir un personnage qui souffre peut être émouvant. Mais ce n’est pas cela qui fait l’histoire. Il n’y a pas de conflit dans la souffrance.
Nous voulons que le personnage améliore sa situation. Nous voulons le voir prendre des mesures agressives.
Lorsqu’un lecteur est prêt à passer du temps avec un personnage, il attend de lui qu’il fasse montre de dynamisme.
Donc il faut créer des problèmes au protagoniste afin qu’il se révèle d’ici la fin de l’histoire. Il n’a pas besoin d’être parfait. Seulement de devenir meilleur. Nick Marshall de Ce que veulent les femmes n’est pas devenu un être parfait. Loin s’en faut.
Mais il est devenu meilleur dans sa relation avec les femmes.
Le lecteur n’a besoin que de cela. Lorsque le défaut dans la personnalité d’un héros a été établi, c’est sur ce défaut qu’il faut travailler. Vouloir faire du personnage un être parfait n’aboutira qu’à le faire répudier par le lecteur.
Le personnage se définit par ses actes
Aristote l’a dit. Chekhov a ajouté :
Be sure not to discuss your hero’s state of mind. Make it clear from his actions.
Assurez-vous de ne pas décrire l’état d’esprit de votre héros. Qu’il soit clair de ses actions.
Un personnage se détermine dans ses actes, par ce qu’il dit et fait. Et c’est lorsqu’il se retrouve dans des situations tendues, avec de la tension, que l’on commence à comprendre qui il est vraiment.
Et cette compréhension du personnage doit se faire par petites touches.
Plus il y a de tension et plus la révélation sera profonde
Aller à la découverte de l’intériorité d’un personnage est un voyage passionnant. Le moyen technique pour y parvenir est d’inventer des scènes où la tension sera palpable.
Puisque c’est sous pression qu’un personnage se révèle le mieux. A lui-même et au lecteur.
Bien sûr, les toutes premières épreuves seront soit relativement faciles à surmonter, soit sans conséquences néfastes. Mais les pérégrinations devront progressivement se durcir.
Il faut que la situation du personnage s’empire avant que les choses n’aillent mieux.
Un enquêteur, par exemple, pourrait remonter sans trop de dégâts la filière jusqu’à ce que celle-ci décide de s’en prendre à sa femme (qui attend un enfant qui plus est).
L’enjeu n’est plus le même. La tension devient soudainement beaucoup plus forte.
Et le personnage devient encore plus intéressant à suivre.
Le principe est que cette tension monte progressivement en intensité.
Et concrètement ?
- Identifiez le conflit central. C’est quelque chose qui doit être introduit assez tôt dans l’histoire. Et c’est aussi ce qui lance l’intrigue.
- Maintenant inventez cinq moments où ce conflit prend de l’ampleur. C’est-à-dire des moments où la pression sur le personnage principal augmente.
Demandez-vous comment votre personnage réagira dans chacune de ces circonstances et comment cela peut donner une plus grande compréhension du personnage pour le lecteur. - Pourriez-vous ajouter quelques traits de caractère qui distingueraient votre personnage du commun des mortels ?
Il faudrait en fait rechercher quelque chose qui soit non seulement utile au personnage pour qu’il parvienne à surmonter les épreuves mais aussi qui illumine sa personnalité.