Il peut être utile de construire une liste complète de ses scènes en distinguant les nœuds dramatiques. Cette liste pour un long métrage peut s’étendre de 40 à 60 scènes. Cela dépend de la complexité de votre histoire.
Trois règles
Pour faire les choses bien, on peut tenter de respecter trois règles :
Si une scène :
- Ne fait pas avancer l’histoire, elle peut être supprimée. Notez qu’une transition comme un personnage qui se déplace d’un lieu à un autre ne peut être considérée comme une scène.
- Ou bien ne révèle pas un personnage crucial, elle peut être supprimée.
- Ou bien n’explore pas le thème, elle peut être supprimée.
Cette suppression signifie donc que l’histoire n’en pâtira pas. Considérer la fiction comme un tout, cela implique qu’elle tient encore debout après avoir supprimé certaines scènes.
Faire avancer l’intrigue
Une scène doit apporter un changement. C’est un point crucial dans la construction d’une histoire. L’histoire, c’est comme le temps. Elle est animée d’un mouvement qui lui est inhérent.
Bien qu’il soit toujours possible d’ajouter quelques scènes qui ne soient pas nécessaires et qui servent à construire une atmosphère.
Généralement, la suppression d’une scène ne devrait pas laisser de trou dans l’intrigue. Ensuite, c’est à l’auteur de décider si une scène qui fonctionne en quelque sorte à blanc vis-à-vis de l’intrigue peut être ou non maintenue.
Faire avancer l’intrigue consiste donc à apporter une nouvelle orientation ou encore à insuffler plus d’influx dans un conflit, à élever les enjeux (ce qui est déterminant pour la crédibilité des actions du personnage), à révéler le personnage à travers ses actions (si l’on admet que l’homme se définit par ce qu’il fait).
La nature d’une scène destinée à un scénario doit être audiovisuelle. A la lecture d’une scène, on devrait l’imaginer, l’appréhender mentalement en images et sons.
Les scènes qui ne fonctionnent pas
Après avoir listé l’ensemble de vos scènes, vérifiez celles qui sont de simples introductions, des transitions, des répétitions, celles où un personnage monopolise les dialogues ou encore celles qui sont des redites d’informations déjà connues du lecteur.
Les redites sont un piège facile. Elles se manifestent lorsque l’on a tendance à dire plutôt que de montrer les choses. C’est une répétition inutile.
Même si l’un de vos personnages ne connaît pas encore tous les détails d’une situation, c’est généralement une perte de temps que de créer une scène où d’autres personnages les lui apprennent.
Il est préférable de montrer qu’il apprend ces informations d’une manière ou d’une autre ou alors on se contente d’assumer qu’il est déjà informé.
Quelques exemples (de Daniel P. Calvisi) :
SEQUENCE D’OUVERTURE
1. Joe perd son emploi
2. Joe se rend dans un bar et dit au serveur qu’il vient de perdre son emploi.
La scène 2. ne fonctionne pas car son objet n’est pas clair et distinct. Cette confidence de Joe devrait posséder un message sous-jacent. Il est bon dans ce cas d’approfondir la scène avec par exemple au moment de payer, la carte de crédit de Joe est refusée. Il dit alors au serveur (qu’il connaît) qu’il va se rendre à un distributeur pour retirer de l’argent.
Mais il ne reviendra pas car il est humilié. C’est cette humiliation qui doit être mis en avant. L’incident de la carte de crédit est simplement une illustration de son ressenti après avoir perdu son emploi. C’est cette image de lui-même qu’il s’est forgé dans son esprit qui explique son état d’esprit. Cette fuite devant ses responsabilités sera à la source des scènes qui suivent (à ne pas confondre avec la déresponsabilisation dont on use facilement en se dissimulant derrière une quelconque autorité, par exemple).
Voyez ceci :
A) Un personnage dit à d’autres personnages qu’il va faire quelque chose.
B) Le personnage fait cette chose exactement comme il l’avait annoncé.
C) Le personnage rend compte aux autres personnages ce qu’il a fait et ils en discutent.
A) et C) ne font pas avancer l’intrigue. Seule B) est efficace. Par souci d’économie mais surtout pour alléger le scénario, pour faciliter sa lecture, A) & C) peuvent être supprimées sans risque.
Du seul point de vue pratique, lister vos scènes vous permettra d’identifier très tôt celles qui sont inactives.
Cela vous aidera aussi à structurer votre histoire.
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