Ce que nous retirons d’une expérience de lecture est ce que nous ressentons de cette lecture. Il est donc important de bien étudier les scénarios que vous appréciez. Relisez quelques uns des scénarios que vous préférez et tentez de capturer les émotions que vous avez ressenties.
Une atmosphère
C’est la première impression que vous devriez déterminer. Comment l’écriture et les personnages ont-ils eu un impact émotionnel sur vous ? Cela ne s’explique pas vraiment avec des mots. On se souvient d’une impression à l’empreinte qu’elle laisse sur notre esprit. C’est un titre qui monte naturellement à la surface lorsqu’on vous demande quel est votre scénario favori, par exemple.
En tant qu’autrice et auteur, nous communiquons des impressions et des images et des sons et des sentiments par les mots que nous couchons sur le papier. Apprendre à écrire commence par apprendre à reconnaître les mots que l’auteur ou l’autrice de votre scénario favori ont employés pour que ces impressions, images, sons et sentiments se fassent jour en vous.
Repérer les scènes qui éveillent les émotions
Sur la copie du scénario que vous lisez, soulignez ou prenez note des scènes qui vous ont fait réagir émotionnellement. Puis analysez ces sentiments : le choix des mots utilisés, les dialogues, le langage du corps ou les mises en situation des personnages..
Plus vous reconnaîtrez comment vos sentiments ont été exacerbés par l’autrice et par l’auteur, mieux vous saurez utiliser des techniques identiques dans votre propre processus d’écriture.
Vous devez étendre cette attention singulière sur vos émotions (cette attentio animi, cette tension de l’esprit, cette attention de l’esprit qui s’applique à quelque objet) à d’autres domaines de votre quotidien.
Notez vos pensées et observations lors de conversations. Notez vos réactions et celles des autres (dont on ne se libère que difficilement du regard). Définissez comment une situation crée une atmosphère et affecte les émotions.
Ce qui déclenche les réponses est universel
Apprendre ce qui fait une bonne histoire et les techniques qui provoquent des réponses émotionnelles chez un lecteur et une lectrice est la clef pour écrire vos propres histoires. La plupart de ces signes ont une portée universelle. Lors de cet apprentissage de l’écriture, découvrir par vous-mêmes ce qui vous affecte émotionnellement est une voie royale pour apprendre l’art scénaristique.
Fiction et réalité
L’émotion est une réalité subjective (mais qui peut néanmoins se partager). Les sentiments les plus forts nous rendent vulnérables. Se livrer, se dénuder dans l’écriture ou laisser couler nos émotions comme de l’eau à travers nos doigts peut être intimidant.
Que pourraient penser ceux qui nous lisent (encore cette sujétion au regard des autres) ? Bien sûr que notre expérience personnelle entre en ligne de compte dans nos écrits. Mais avons-nous réellement éprouvé toutes ces choses que nos personnages expérimentent et ressentent ? Il faut bien reconnaître que nos vies sont bien trop ennuyeuses pour retranscrire l’ensemble des émotions ressenties par nos personnages.
Nous écrivons des fictions à partir d’un point de vue que nous avons sur le monde. Notre volonté d’écrire est fortement marquée par le travail de notre imagination. Nous devenons les personnages de nos histoires. Nous imaginons ce qu’ils peuvent ressentir et comment ils pourraient se comporter parce que nous leur avons créé un passé et des expériences. L’auteur est la mémoire de ses personnages.
L’autrice et l’auteur sont des êtres sensibles et créatifs. Ce qu’ils ont vécu et ressenti dans leurs vies les rend capables d’imaginer comment quelqu’un réagirait dans telle ou telle situation. Ils n’ont ainsi nul besoin d’avoir éprouvé quelque chose pour décrire ce quelque chose.
Éprouver par personnage interposé
Les comédiens parlent de leur personnage comme s’il était une personne réelle. Ils deviennent ce personnage. Mais rares sont ceux qui ont éprouvé les mêmes choses par lesquelles passe leur personnage. Mais ils expérimentent la scène comme si cela leur arrivait vraiment. Et c’est ainsi que l’auteur ou l’autrice doivent connaître leurs personnages de l’intérieur et de l’extérieur.
La superficialité n’a jamais permis d’atteindre les émotions profondes. Vous devez donner de la chair à vos personnages avec vos mots mais aussi dans votre esprit. Il faut conceptualiser les personnages avant de leur donner une concrétude. Donnez-leur un passé. Ecrivez tout ce que vous avez besoin de savoir sur eux. Donnez-leur un but dans leur vie de fiction.
Et ne vous souciez pas si cela interviendra ou pas dans le cours du récit.
Tous ces éléments appartiennent à la complexité inhérente à toute création. Lorsque vous écrirez une scène d’action ou d’émotions, fermez vos yeux. Remémorez-vous les expériences que ce personnage a connues. Laissez sa vie devenir réelle en vous. Devenez ce personnage. C’est ainsi que vous saurez comment il réagira et ce qu’il ressentira.
Vous saurez intimement comment il réagira aux stimuli.
Des expériences partagées
Nous savons tous ce qu’est la peine. Nous avons tous vécu une perte (deuil ou séparation ou quoi que ce soit d’autre que l’on nous a arraché, en quelque sorte). Mais nous avons tous aussi éclaté de rire dans les moments les moins appropriés.
Quelle que soit l’émotion que nous cherchons à solliciter, nous nous servons de nos propres émotions pour écrire nos situations fictionnelles chargées d’émotions.
Nos lecteurs sont des êtres humains. Tout comme nous.
Et nous pouvons établir un lien entre eux et nous par les sentiments. Il ne s’agit pas d’écrire une autobiographie mais d’utiliser des émotions au cœur de chacun d’entre nous comme une ressource pour nos personnages.
Pour partager des émotions, il faut donc comprendre ce qui anime nos propres émotions. Et en particulier, les plus fortes.
- Si vous écrivez une comédie, qu’est-ce qui vous fait rire ?
- Si vous versez dans l’horreur, quelles sont vos peurs les plus profondes ?
Lorsque vous aurez reconnu vos émotions, vous pourrez apprendre à écrire avec la force et l’énergie qui vous constituent.
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