Lire, c’est aller à la rencontre de personnages.
Ces personnages sont au cœur de toutes fictions et interagissent ou influencent tous les autres éléments dramatiques.
Nul doute que les personnages portent l’histoire. Et ils accompagnent le lecteur de la première à la dernière page.
C’est par leur intermédiaire que le lecteur éprouve des sentiments ou encore s’identifie à eux. C’est bien Randle McMurphy dans Vol au-dessus d’un nid de coucou qui est le pivot de toute l’histoire. Sans ce personnage, il n’y aurait qu’une vague tentative d’une remise en cause du système.
De la responsabilité de l’auteur
Tout comme l’histoire n’est qu’une apparence de la réalité, il appartient à l’auteur de donner à ses personnages toutes les apparences de personnes réelles.
L’immersion du lecteur dans l’histoire nécessite quelques conditions. En premier lieu, le personnage est la clef pour ouvrir la porte d’un monde imaginaire. Une fois celle-ci franchie, le monde réel cède la place au monde fictionnel.
Un personnage doit communiquer avec le lecteur sur le plan physique, émotionnel. L’auteur doit parvenir à faire de l’objet personnage un sujet pensant et puisqu’il pense, il existe.
Et il est au-delà des mots écrits dans un scénario.
L’approche scénaristique est donc foncièrement différente de la littérature en cela que les mots semblent avoir moins d’importance bien que toujours porteurs de sens.
Cependant, toutes deux exigent les mêmes conditions.
Au cœur du personnage est le désir
Le désir est ce qui anime un personnage. Celui-ci doit vouloir quelque chose. Le désir est l’impulsion qui fait avancer l’intrigue.
Que l’aventure soit inscrit dans les gènes de votre personnage principal n’est pas suffisant s’il n’a pas un but qui justifie cet héritage.
Il n’est pas non plus nécessaire que cet objectif, ce but dans sa vie de fiction, soit de sauver le monde.
Il peut très bien vouloir réussir à faire s’épanouir cette orchidée qu’il s’acharne à faire pousser depuis tant d’années.
Au cœur du désir est la volonté
La grandeur ou la simplicité d’un désir importe peu. Ce qui compte, c’est la détermination du personnage à obtenir ce qu’il veut.
Que celui-ci désire échapper à sa solitude, qu’il veuille venger la mort de son fils assassiné ou faire pousser cette orchidée, tant qu’il sera déterminé, il sera intéressant à suivre.
L’homme est doté de la faculté de vouloir. Cela ne se questionne pas et vos personnages doivent posséder cette exacte aptitude.
La quantité de désir que vous allez insuffler à votre personnage, c’est-à-dire la force de ce désir, facilite l’empathie ou du moins la sympathie du lecteur.
L’objectif du personnage est imposé au lecteur. On ne demande pas à ce dernier de choisir ce que doit faire un personnage pour qu’il se sorte de son embarras.
Par contre, là où le lecteur commence à éprouver une certaine admiration (tout dépends de l’auteur), c’est lorsqu’il reconnaît chez le personnage une volonté ferme et constante de réussir.
Sans cette reconnaissance, la frustration est inévitable.
Le besoin : agent nécessaire de l’intrigue
Ce besoin du personnage principal organise l’histoire. Si Humbert Humbert n’avait pas un tel désir pour les nymphettes (Lolita), il n’y aurait pas d’histoire.
Celle-ci s’épanouit dans les tentatives de Humbert de posséder le corps et l’affection de Lolita.
Et s’il ne désirait pas avec une telle ardeur Lolita, le propos n’aurait pas accroché le lecteur.
Il est donc nécessaire d’établir rapidement ce besoin même s’il reste encore assez confus.