Dans un scénario, le point de vue du personnage principal sera de préférence au cœur de l’intrigue. L’histoire arrive à ce personnage.
Bien sûr, il existe d’autres points de vue qui pourraient aussi fonctionner sans nuire à notre expérience de l’histoire. Mais dans un scénario, l’approche d’un personnage devrait se conjuguer à la première personne.
D’autres points de vue
Supposons que votre héros observe l’histoire. Il serait par exemple un narrateur qui ne soit pas impliqué directement dans l’intrigue.
Dans ce type d’histoires, l’intrigue évolue et le personnage la regarde évoluer. Il ne souffre aucunement de ce qu’il s’y passe. Il peut changer d’opinion en réaction aux événements mais ce personnage qui se contente d’observer n’a pas grand chose en jeu dans cette histoire.
Alors nous pouvons nous questionner quant à l’opportunité pour un lecteur d’observer l’intrigue comme le fait le personnage principal.
Aucun lien empathique ne peut se créer de cette façon.
L’empathie commence avec le conflit
Puisque le personnage principal observe l’histoire et qu’il nous la rapporte en quelque sorte, il est à l’abri des conflits qui s’y produisent.
De plus, son objectif (puisque tout protagoniste possède un objectif) n’est pas directement concerné par les événements. En tant qu’observateur, il n’interagit pas avec les autres personnages.
Si, malgré tout, vous parvenez à créer un conflit entre le personnage principal (observateur) et d’autres personnages ou forces présents dans l’histoire, ce conflit ne peut être que cérébral mais en aucun cas émotionnel.
Si aucune émotion n’est sollicitée, la tension dramatique globale de l’histoire s’en trouve diminuée.
L’immersion
Un scénario plus que toute autre forme nécessite l’immersion du lecteur à laquelle s’ajoute la nécessaire influence de l’auteur.
L’auteur manipule en effet le lecteur. Considérons l’exemple des Scare Jumps, ces effets visuels destinés à faire sursauter le spectateur d’un film d’épouvante.
L’auteur commence par mettre en place les conditions de possibilité de ce sursaut puis utilise un effet pour créer une frayeur presque instinctive chez le lecteur que ce dernier ressent jusque en sa chair.
Si l’auteur voulait susciter des larmes, il ne s’y prendrait pas autrement. Cela signifie que le lecteur n’est pas maître de ses sentiments et que ceux-ci sont effectivement recherchés et stimulés par l’auteur.
Un scénario est destiné à un média visuel dont une des caractéristiques est de sembler réel. Images et sons se combinent pour donner l’exacte apparence de la réalité.
Donc pour qu’un lecteur accepte la réalité de l’histoire et non pas celle de l’objet filmique qu’il a devant lui, il doit suspendre le temps de l’histoire son incrédulité et accepter d’être manipulé par un auteur.
Le personnage : point d’entrée dans l’histoire
Le personnage principal est l’accès le plus direct à l’histoire. C’est par lui que l’identification du lecteur se fait (c’est-à-dire l’établissement du lien empathique, vecteur de l’immersion).
En contant l’histoire sous le point de vue du personnage principal c’est-à-dire en l’impliquant directement dans les événements, l’impact sur le lecteur est le plus puissant.
C’est comme si le lecteur s’imprégnait de la conscience, du moi, du je d’un personnage de fiction. Entre le personnage et le lecteur s’établit une relation de sujet à sujet.
Il peut arriver que le personnage principal soit aussi le narrateur de son histoire. L’écueil à éviter est la distanciation qui se crée entre lui et le lecteur.
Cependant, ce procédé narratif peut être utilisé afin d’inciter le lecteur à la réflexion sur un sujet politique ou pour l’auteur, tenter un commentaire social.
En tant qu’élément dramatique, ce procédé de distanciation n’est pas efficace. Son usage systématique pourrait nuire à l’histoire.
Somme toute, une histoire est un assemblage de barrières destinées à défier l’objectif du héros. Cela met en place des conflits, de la tension, des opinions contraires et une action qui monte en degré au cours de l’histoire.
En adoptant le point de vue du je pour le héros, le lecteur sera plus efficacement engagé dans l’histoire.
Conseils de lecture :
LE POINT DE VUE DU JE
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