MIEUX ECRIRE UN SCENARIO : EMOTION

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Une émotion s’exprime de trois façons dans un scénario :

  • par les dialogues
  • par l’action
  • dans l’esprit du lecteur.

Dialogues

Les dialogues peuvent facilement exprimer une émotion. Seulement, ce qui se manifeste est l’émotion ressentie par le personnage.

Le but de l’auteur est cependant d’interpeller des émotions vraies. Or ces émotions vraies sont des vérités profondes, universelles et éternelles.

Une émotion vraie est par exemple le sentiment d’amour. Il n’y a rien de plus universel et intemporel que l’amour. Cet amour se comprend de tous temps et de toutes cultures.

Or ce sentiment se situe non pas superficiellement. Un personnage semble emprunt d’amour. Ce qu’il faut rechercher, c’est de stimuler ce sentiment dans l’esprit du lecteur. Il faut atteindre à la vérité profonde qui se niche chez le lecteur.

La couleur pourpre, par exemple, suscite des émotions profondes et universelles. Cette histoire incite le lecteur à considérer la vérité qui transcende du désir humain de liberté. Cette émotion est une vérité universelle qui touche profondément le lecteur.

Une émotion n’est pas une invention

L’auteur ne cherche qu’à stimuler des émotions qui existent déjà dans l’esprit du lecteur.

Une écriture vraie est par conséquent d’écrire de manière à interpeller des vérités universelles. Les dialogues et l’action sont des moyens pour y parvenir.

Il existe donc des émotions qui sont partagées par le plus grand nombre. Ce partage implique qu’elles sont comprises inconsciemment. Le bonheur, la tristesse et l’infinité de nuances entre ces deux extrêmes existent déjà en nous.

Un personnage reflète une émotion

Il est inefficace de tenter de décrire une émotion car faire appel à l’entendement du lecteur ne permet pas d’atteindre le niveau viscéral où siège les émotions.

Ecrire Elle se sent triste ne permet pas de faire ressentir le sentiment de tristesse ou de désespoir. Afin de débloquer ce sentiment chez le lecteur, l’auteur doit utiliser les dialogues et les actions du personnage comme moyen de transport d’une émotion plus profonde.

Au cours d’une séparation, elle le supplie de ne pas partir. Elle pleure mais ses supplications ne suffisent pas à le retenir. Le désespoir du personnage est palpable mais ne parvient pas encore à résonner chez le lecteur.
Une fois qu’il a claqué la porte, elle se retrouve seule. A ce moment, elle s’effondre sur le sol, frappe le plancher comme si elle cherchait à se punir elle-même. Si vous ajoutez un enfant d’une dizaine d’années dans la vie du personnage, celle-ci pourrait dans les dialogues accuser son enfant du départ de l’homme.

Le principe est donc de montrer les événements, les circonstances. Les dialogues ont aussi leur importance car tous ces éléments dramatiques puisent dans l’émotion que reflète le personnage.

C’est cette image émotionnelle qui va venir par sa seule présence mettre en branle des émotions vraies chez le lecteur.

C’est le paradoxe de la fiction : comment un lecteur peut-il éprouver les mêmes sentiments qu’un personnage de fiction ?
Il ne le peut pas en fait.

Par contre, il éprouve en lui une vérité que le simulacre d’une émotion lui permet de saisir. Considérons que de véritables émotions sont stimulées par ce que nous percevons de l’observation d’une émotion chez autrui.

Un aspect véridique

Cette technique narrative que nous décrivons peut être remise en cause. Chacun est libre de ses choix et de ses propositions.

Cependant, c’est une technique à essayer. Il suffit de développer ses personnages de manière à ce qu’ils agissent et parlent vrais.

Ainsi, vous mettrez en place le lien qui va unir le lecteur au personnage. Vous créez ce lien en décrivant au lecteur ce que fait et dit le personnage.

La fiction a cela de magique qu’elle place le lecteur et le personnage dans le même espace narratif. La fiction se déroule dans un monde intelligible où pensée et réalité sont confondues.

En montrant les événements, on n’explique pas au lecteur ce qu’il doit voir et penser. On ne fait que lui montrer des actions et entendre des dialogues.
C’est au niveau de cet espace narratif, dans l’esprit du lecteur, que les émotions vont se développer.

Vous ne dites pas au lecteur que cette femme est désespérée. Vous lui montrez qu’elle est désespérée en décrivant ce qu’elle fait. Le lecteur ne manquera pas d’interpréter ou d’évaluer les actions de cette femme.

Et ainsi sera sollicité un sentiment de désespoir chez le lecteur. Un sentiment spécifique au lecteur qui n’est pas nécessairement similaire à celui du personnage, à moins que le lecteur n’ait vécue exactement la même expérience.

C’est comme si l’auteur cherchait à atteindre chez le lecteur un sentiment de désespoir absolu sans que celui-ci soit relatif à celui du personnage.

Compliqué à mettre en œuvre ?

Pas réellement. Nous pouvons déjà retenir deux règles :

  • des descriptions courtes
    Il faut montrer l’essentiel de l’action et écrire les dialogues qui condensent le plus possible le ressenti du personnage.
  • écrire au présent.

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