Un monde parfait est une utopie de bonheur. Dans la réalité du monde, il y a des moments où l’individu se sent comme un roi et d’autres où tout vacille. Lorsque le monde, son univers, s’effondre alors nous nous mettons à la recherche de ce qu’il manque pour que la paix (souvent intérieure) et la prospérité reprennent droit de cité dans la cité.
Il y a des hauts et des bas, c’est un cycle. Ce cycle devrait être reconduit dans nos fictions.
C’est ainsi qu’il peut y avoir un événement un jour dans la vie de votre protagoniste qui sera si significatif que soudain, ce protagoniste ouvrira les yeux sur une réalité inattendue.
Il sera brutalement tiré de son confort et de son autosatisfaction. Un besoin urgent se fera sentir. Quelque chose de plus pérenne, qui donnerait un sens plus profond à sa vie. Peut-être, une certaine sérénité ou une lucidité nouvelle.
Dans l’acte Un
L’incident déclencheur qui doit se produire dans l’acte Un (en certaines occasions, cet événement a pu se produire avant que l’histoire ne commence comme dans Juno où Juno attend déjà l’enfant lorsque l’histoire commence) a pour fonction de créer une prise de conscience (généralement, le personnage principal ne parvient pas encore à la formuler précisément mais le processus est engagé).
Il sait ou il ressent confusément que son mode de vie, ses habitudes de vie seront dorénavant différents et que ce qu’il va vivre le testera, le poussera dans des retranchements comme jamais auparavant.
Il n’y aura pas de sortie facile pour qu’il retrouve son équilibre de vie et il lui faudra trouver la bonne voie qui le ramènera vers un équilibre, certes différent, mais bien plus rassurant. S’agit-il d’une absolution, d’une expiation, quoiqu’il en soit, cet équilibre retrouvé (après tant de difficultés) aura fait de lui un être meilleur (dans la plupart des cas).
Pour que cet élément dramatique puisse fonctionner avec votre protagoniste, voici ce que vous devriez garder en mémoire :
- Votre héros ne connait pas les moyens pour retrouver son équilibre.
Il les apprendra cependant tout au long de l’intrigue où il apprendra de ses pérégrinations (souvent de ses erreurs, d’ailleurs). - Bien qu’il ait encore du mal à comprendre ce qui est bon pour lui, il sait définitivement ce qu’il ne va pas. Après l’incident déclencheur, il sait ce qui doit changer dans sa vie.
- Vous devez lui faire réaliser que ce n’est pas parce qu’il n’a pas toutes les réponses qu’il ne doit pas aller de l’avant. Il doit avancer même s’il est d’abord réticent (une réticence que vous ne devriez pas éludée car elle représente une résistance au changement, qui est une décision toujours difficile à prendre).
Il va devoir se faire confiance, se persuader qu’il doit agir pour faire la bonne chose (même s’il ne sait pas encore vraiment ce qu’elle est).
Les valeurs du personnage
Lors de la construction de votre personnage, vous allez lui définir un certain nombre de valeurs. Ces valeurs sont autant d’affirmations que vous faîtes sur votre personnage et puis ce sont aussi des valeurs morales.
Le problème qui risque de surgir est qu’en le décrivant, vous allez être condescendant et distant envers votre personnage parce qu’en le construisant, vous le jugez et ce jugement que vous portez sur lui empêche tout véritable dialogue avec votre personnage.
Un jugement est affaire de raison alors que dans une relation à deux, l’émotion et la passion sont souvent plus proches de la vérité.
Pour ne pas tomber dans ce travers du démiurge, faites des observations et transcrivez-les en images. Il est important de comprendre qu’une observation crée de l’objectivité et que celle-ci crée de la pertinence.
Alors qu’en laissant libre cours à votre subjectivité, vous vous influencez vous-mêmes concernant un personnage. Par exemple, votre personnage doit faire un acte moralement réprouvé. Mais vous êtes tellement absorbé à démontrer la sympathie de ce personnage que vous ne vous en rendez même pas compte.
La réception par le lecteur de cet acte ne sera probablement pas celle que vous attendez.
Lorsque l’on juge, nous manquons d’objectivité, nous ne sommes pas pertinents dans notre propos parce que nous laissons nos préjugés, nos opinions décider pour nous. L’observation et l’opinion sont ennemis et alors qu’une observation pertinente peut être transcrite dans une situation (donc mise en images) et ajouter une vraie valeur dramatique au récit, l’opinion n’est définitivement pas dramatique, elle relève davantage de la propagande.
Peter Dunne dit qu’observer objectivement requiert de la pratique, de la patience, de la compréhension et de la compassion. La condition humaine est ainsi faite qu’elle partage la folie des hommes et leur aptitude au pardon.
Il doit en être ainsi dans vos histoires. Vous ne devriez pas juger votre protagoniste, ni votre antagoniste mais simplement montrer à travers eux ce que c’est que d’être humain.
Le but du héros
Le but d’un héros n’est pas d’incarner la perfection (vaine tentative). Son objectif est de réaliser son potentiel humain, un potentiel qui ne s’est pas encore révélé, caché par un mode de vie que le héros n’a pas vraiment choisi.
L’incident déclencheur est ce moment de votre histoire où le problème du héros vient le frapper en pleine face, où s’initie en lui un besoin de s’accomplir pleinement. Très peu de temps après l’incident déclencheur, le héros de votre histoire devra consacrer toute son attention à résoudre son problème sinon des choses terribles lui arriveront (de même s’il échoue à s’accomplir, à devenir ce que sa vraie nature lui commande).
Les actions qu’il devra accomplir pour parfaire sa transformation ne seront pas évidentes. Il va devoir emprunter un chemin inconnu et il sera demandeur d’une aide.
Cette aide prendra généralement la forme d’un mentor dont la présence auprès du héros sera plus ou moins importante selon votre histoire.
A lire au sujet du mentor :
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