Vous allez devoir expliquer à un lecteur les pensées et les sentiments de vos personnages. Mais vous ne pouvez le faire comme pour un roman. Un scénario est un outil qui sert un médium visuel et, normalement, sa nature même implique qu’il soit mis en images.
Le problème est de trouver un moyen d’exprimer visuellement ce que pensent et ressentent vos personnages. Les informations vont être communiquées de manière externe afin qu’un lecteur prenne connaissance des pensées intimes du personnage.
Le lecteur (ou plutôt le spectateur mais nous nous plaçons du point de vue du lecteur d’un scénario) ne peut voir que la manière dont agit et interagit un personnage. Vous pourriez évidemment tricher en utilisant un narrateur pour exprimer ce que ressent le personnage (le Voice Over ou V.O. que l’on rencontre parfois dans les scénarios). Mais ce n’est généralement pas la bonne méthode.
Comment exprimer pensées et sentiments ?
La communication est à 90 % non verbale. C’est un fait. Vous pouvez exploiter cet avantage. Par exemple, si votre protagoniste ne se sent pas très à l’aise dans une scène et en supposant que ce soit une femme, par exemple, vous pourriez indiquer dans la didascalie ou simplement à la suite du nom du personnage que celui-ci se passe la main dans les cheveux nerveusement ou bien qu’il fuit le regard de son interlocuteur ou commence à se ronger les ongles.
En pratique, un comédien le fera de lui-même mais il est préférable d’indiquer cette gestuelle particulière dans le scénario.
Observez ce que font les autres dans le monde réel et ce que vous faites vous-même dans certaines situations stressantes et tentez d’en deviner le sentiment qui se cache derrière certains gestes et comportements.
Nous avons précisé un peu plus haut que le recours à un narrateur pour exprimer les pensées intimes d’un personnage était à éviter le plus possible. Par ailleurs, si vous commencez à écrire des dialogues pour expliquer au lecteur ce qu’il se passe dans l’intrigue, vous pouvez être certain que vous décrocherez celui-ci du monde imaginaire dans lequel vous l’avez immergé. Gardez à l’esprit que pour pénétrer dans votre histoire, le lecteur doit suspendre le temps de celle-ci son propre système de croyances pour accepter celui de l’histoire.
Vous pouvez faire le point sur votre histoire de temps en temps par des scènes de récapitulation, mais cela ne doit pas aller au-delà.
Considérez Coraline de Henry Selick d’après le roman homonyme de Neil Gaiman. On nous conte l’histoire de Coraline, une petite fille qui découvre un monde parallèle ou plutôt qui est attirée vers cet autre monde qui s’avérera dangereux (la démarche classique du héros ou de l’héroïne attirés vers un inconnu chatoyant mais trompeur).
Pour transmettre en images le monologue intérieur de Coraline, Henry Selick a eu recours à Padbol, un personnage qui n’était pas présent dans l’histoire de Neil Gaiman.
Padbol est le voisin de Coraline et ne croit aucune des choses qu’elle dit. A travers les conversations frustrantes que Coraline entretient avec lui, le lecteur peut voir ses émotions et aussi comprendre le sentiment de solitude et d’isolement de Coraline sans que celle-ci est à prononcer Je me sens seule qui est une réplique qui n’apporte rien à l’histoire.
Avoir recours à un narrateur, cependant, peut parfois être utile voire une nécessité. Bien sûr, si vous l’utilisez pour contourner la difficulté de traduire visuellement ou par un dialogue les pensées intimes d’un personnage, ce n’est pas la bonne manière.
Diablo Cody pour Juno a eu recours à un narrateur pour ajouter une touche de comédie aux particularités si singulières du monde de Juno. Cependant, si ce narrateur n’avait pas été présent, l’histoire n’en aurait pas souffert puisque Cody a parfaitement maîtrisée le langage non verbal et ajoutée des dialogues puissants sans qu’un mot ne soit de trop ou redondant avec d’autres éléments dramatiques.
Et si vous le souhaitez, vous pourriez même vous servir de la métaphore (UNE METAPHORE DYNAMIQUE).
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