Quelle est la meilleure façon de commencer un récit ? et comment le finir ? Voyons ce que Syd Field a à dire à ce propos.
Quelles pourraient être la scène ou la séquence qui pourraient capter au mieux l’attention du lecteur/spectateur au commencement de votre scénario ? Sachant qu’il y a une myriade de possibilités.
Le commencement d’une histoire est cependant un des composants dramatiques des plus importants dans un scénario.
Toutes les histoires ont un sujet. Un scénario, c’est donc un sujet (c’est-à-dire ce qui génère de l’action, ce qu’il se passe dans le récit ou ce qu’il s’est passé antérieurement au récit) et au moins un personnage (celui à qui l’action arrive).
Il existe deux types d’action : physique et émotionnelle (par exemple, une course-poursuite est de l’action physique pure alors qu’un baiser serait davantage de l’émotion (sous couvert d’une action ; le baiser lui-même)).
Syd Field considère le personnage du point de vue d’un besoin dramatique.
A ce sujet :
HISTOIRE & PERSONNAGE
Le personnage se décompose en une vie intérieure et une vie extérieure.
Conseils de lecture au préalable :
- SYD FIELD : CONSTRUCTION DU PERSONNAGE – PART 1
- SYD FIELD : CONSTRUCTION DU PERSONNAGE – PART 2
- SYD FIELD : CONSTRUCTION DU PERSONNAGE – PART 3
- SYD FIELD : CONSTRUCTION DU PERSONNAGE – PART 4
- SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 1
- SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 2
- SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 3
- SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 4
Selon Syd Field, les trois actes sont le commencement, la confrontation et la résolution. Cette structure est une progression linéaire d’incidents et d’événements reliés (principe de causalité) qui mènent à une résolution dramatique.
Seule la relation de cause à effet importe dans la manière de raconter l’histoire, la chronologie des événements n’intervient pas.
Jason Bourne, Le patient anglais, Matrix sont quelques exemples dont le principe directeur qui préside sur la façon de raconter est différent (analepses, linéaire..) mais pourtant, la direction empruntée par ces récits est toujours la même : commencement, confrontation et résolution.
Donc, votre récit avance d’un début jusqu’à une fin. Selon Syd Field, pour un scénario de 120 pages, vous avez approximativement une dizaine de pages pour établir trois choses pour votre lecteur :
- Qui est votre personnage principal (la plupart du temps, ce personnage principal est aussi le protagoniste) ?
- Quelle est votre prémisse (ce sera un cadre pour orienter votre histoire) ?
- Quelle est la situation dramatique, c’est-à-dire les circonstances, le contexte dans lequel se déroule votre récit ?
Et toujours selon Field, le meilleur moyen d’ouvrir votre scénario et de répondre à ces trois exigences est de connaître votre dénouement.
La résolution
Plus exactement, la résolution de votre récit, la solution ou la réponse que vous apportez au problème que soulève votre récit. Ne pensez pas que vos personnages peuvent déterminer la fin de votre récit ou que vous la découvrirez lorsque vous y serez.
Avec un scénario, le souci est que même sur 120 pages, cela ne laisse pas beaucoup d’espace pour raconter une histoire.
Donc, il faut connaître la fin avant de se lancer dans le processus d’écriture d’un scénario. Une des raisons essentielles à ce fait est qu’une histoire suit une ligne de progression. Elle se développe le long d’un chemin et ce chemin est tracé par les relations qui unissent les événements. Tout est relié dans un scénario, contrairement à la réalité.
Ce ne sont pas les détails de la fin de votre récit que vous devriez connaître (les scènes ou séquences spécifiques). Mais vous devriez au moins connaître ce qu’il se passera à la fin de votre récit et comment en fin de compte cela affectera vos personnages. Une fiction est un peu comme la vie : si vous errez sans but, vous n’arriverez nulle part. Si vous avez une destination, vous pouvez choisir le moyen d’y parvenir. C’est un choix personnel et créatif qui oblige à prendre ses responsabilités.
Face à un récit, vous prendrez la responsabilité de sa direction et vous l’emmènerez là où vous voulez qu’elle aille, vers sa résolution. Le processus qui mène à la résolution de l’histoire, à sa solution commence par.. le début mais lorsque vous ferez le plan de votre récit, commencez par sa solution, autrement dit par la fin.
La toute première question à se poser (après qu’une idée ait germé) est : Quelle est la solution de mon histoire ? Comment se termine-t-elle ?
C’est d’ailleurs au moment de la conception de votre scénario, lorsque vous en êtes encore à tenter de transmuter votre idée en un récit dramatique que vous ferez ce choix créatif, cette décision (et la responsabilité qui va avec) et déterminerez ce que doit être la résolution de votre histoire.
Billy Wilder a remarqué que si vous avez un problème avec votre fin, la réponse à celui-ci se nichera toujours dans le commencement. Pour écrire un début marquant, vous devez connaître la fin. Pour Syd Field, c’est comme dans la vie (question de point de vue évidemment).
Mais cette fin se révèle être un vrai problème pour les auteurs et les autrices. Une fin devrait être satisfaisante pour le lecteur/spectateur, lui apporter un sentiment de complétude, d’accomplissement. Cette fin doit avoir un impact émotionnel sur le lecteur. Elle ne devrait pas être frivole ou prévisible (comme si elle n’avait aucune importance).
Elle doit être crédible et surtout ne pas être un deus ex machina, une machination tout droit sortie des dieux. La fin devrait aussi résoudre tous les points de l’histoire pour effectivement fonctionner.
Il faut qu’une fin fonctionne ce qui signifie que le contenu n’est pas l’aspect sur lequel l’auteur et l’autrice doivent d’abord se concentrer. C’est beaucoup plus abstrait que cela.
Pour toute action, il existe une réaction égale et opposée.
Il est une loi naturelle que les fins et les commencements soient reliés. Que serait l’alpha sans l’oméga ? Pour Syd Field (et pas seulement lui, d’ailleurs), la fin d’une chose est le commencement d’une autre ; la fin d’une relation est l’occasion d’en débuter une nouvelle..
A noter que l’Opening Image (c’est-à-dire la séquence d’ouverture de votre scénario) est devenu un concept à part entière. Syd Field le compare à l’Inciting incident que d’aucuns appellent incident déclencheur. Cet incident a fait aussi l’objet d’études très poussées qui en ont fait un point majeur du récit.
Pour Syd Field, vous avez tout au plus dix pages pour capter l’attention de votre lecteur/spectateur. Nous pouvons en déduire qu’au cours de ces dix pages se déploient le prologue et l’incident déclencheur selon Syd Field.
Les dents de la mer ou Les aventuriers de l’Arche perdue débutent effectivement par une séquence (ce peut être aussi simplement une scène) qui accroche bien l’attention. Lorsque l’attention du lecteur/spectateur vous est acquise, vous pouvez alors commencer à mettre en place votre histoire.
En fait, toute cette astuce dramatique est de créer une accroche. Celle-ci vous permettra de donner l’envie à un lecteur ou à une lectrice de vouloir savoir ce qu’il se passera ensuite. Vous leur donnez l’envie de continuer à tourner les pages.
Sur ce sujet :
Quelques questions auxquelles vous devriez répondre :
- Quelle est l’ouverture de votre scénario ? Les choix créatifs que vous ferez seront essentiels pour capter l’attention.
- Quelle scène ou séquence sera décrite dès la première page ? Quelle image ou quelle action allez-vous montrer qui puisse au mieux accrocher l’attention de votre lectrice et de votre lecteur ?
- Allez-vous opter pour une séquence d’action visuellement excitante comme dans Le Seigneur des Anneaux ?
- Ou allez-vous créer une scène d’introduction de votre personnage principal qui montre tout ce que l’on a besoin de savoir à son propos ?
Au temps du théâtre du Grand-Guignol, le public était très dévergondé comme du temps de Shakespeare aussi. Il n’hésitait pas à faire savoir son ennui ou à interpeller les acteurs. Il était donc d’une importance capitale pour l’auteur de mobiliser le plus rapidement et le plus soigneusement possible l’attention de ce public afin de l’immerger dans l’histoire. Cela n’a pas beaucoup changé aujourd’hui.
La séquence d’ouverture n’a donc pas besoin d’être un morceau de bravoure d’action pure et physique. Elle peut tout aussi bien être beaucoup plus calme comme dans Thelma et Louise ou Sideways, par exemple. En fin de compte, c’est votre récit qui déterminera le type de séquence d’ouverture de votre scénario.
Pour continuer la lecture de cet article :
COMMENCEMENT ET FIN DE VOTRE SCENARIO (2)
Et si vous estimez que nous vous sommes utiles, Merci de considérer un don de temps en temps. 100 % de vos dons sont destinés à nous rendre encore plus utiles dans tous vos projets d’écriture. Merci