Nous vous proposons dans cet article de revoir les 7 étapes clés de la structure d’une histoire avec John Truby.
Pour John Truby, une grande part du succès d’une histoire se situe dans le respect d’une chaîne résolument ordonnée de 7 étapes clés œuvrant sous la surface de l’histoire.
Une histoire se développe dans la durée et certaines étapes au cours de ce développement permettent d’en dégager une structure.
Pour Truby, la structure d’une histoire se décompose en un minimum de sept étapes qui s’étalent du début à la fin :
- Une faiblesse (ou défaut de personnalité) et un besoin
- Un désir
- Un antagoniste (ou adversaire déclaré)
- Un plan
- Une bataille
- Une révélation personnelle
- Un nouvel équilibre
Ces 7 étapes sont toutes basées sur des actions humaines ce qui les distingue déjà de la structure classique en actes. Elles sont plus naturelles qu’une structure imposée (que ce soit en trois, voire plus articulations).
Ce sont des étapes très similaires à celle d’un être humain qui doit les traverser pour résoudre l’un des nombreux problèmes qu’une vie peut apporter.
Si vous y prêtez attention, vous constaterez que ces 7 étapes sont toutes décrites dans la prémisse d’une histoire. De plus, leur ordre n’est pas arbitraire, non plus.
Il s’agit d’une séquence logique, organique, qui participe au développement logique d’un personnage.
Et en conséquence, ces étapes doivent être proprement reliées afin d’avoir le plus grand impact sur le lecteur (autrement dit, pour être efficaces).
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Faiblesse et Besoin
C’est toujours la même histoire (si nous osons nous exprimer ainsi). Votre héros a une faiblesse, un défaut majeur dans sa personnalité, une faille qui l’empêche d’être vraiment heureux, d’être un personnage complet.
Quelque chose lui manque et c’est enfoui si profondément que cela le mine (à ne jamais prendre les bonnes décisions, par exemple). S’il veut réussir le plan (étape 4) pour vaincre son adversaire (déterminé lors de l’étape 3), il va lui falloir surmonter cette faiblesse.
Ce problème personnel du héros crée en lui un besoin. Sommairement, ce besoin est d’avoir une vie meilleure, un lendemain meilleur. De manière plus pragmatique, il ne pourra pas résoudre le problème de l’histoire (celui qui est connu de tous les personnages) s’il ne parvient pas d’abord à résoudre son propre problème.
Source de l’arc dramatique
La faiblesse cumulée au besoin dessine l’arc dramatique du personnage qui illustre le développement de ce personnage vers sa tentative à devenir meilleur.
Gardez à l’esprit que la découverte du besoin de votre personnage principal est ce qui va nourrir votre histoire. Toutes les autres étapes dépendent de ce besoin. Cependant, lorsque vous créerez le besoin de votre personnage, il ne devra pas en avoir conscience.
Cette révélation sur lui-même intervient lors de l’étape 6 après que le héros ait vécu quelques tribulations qui vont l’amener progressivement à cette prise de conscience.
Au début de l’histoire, le héros a un problème. Ce n’est pas qu’il ne sait pas comment le résoudre. Il n’a en fait pas conscience ou pas compris qu’il a un problème.
Il ressent certainement une gêne ou une culpabilité quelconque mais il ne sait pas encore qu’il va devoir passer par un changement drastique de sa personnalité et qu’il devra apprendre.
Cet apprentissage se fait au cours des épreuves qu’il vivra au cours de l’histoire pour opérer ce changement.
D’autres fois, cependant, le héros débute l’histoire alors qu’il est déjà dans une situation de crise. Dans ce cas, il a conscience du problème mais ne sait pas comment le résoudre.
Le problème vient de la faiblesse
Présenter le problème du héros est un moyen rapide de mettre en avant la faiblesse du héros (faiblesse qui l’a mis dans cette situation de crise).
Le problème devient alors une manifestation extérieure de la faille du héros. Il permet de bien préciser le problème personnel du héros vis-à-vis du lecteur.
Cependant, les problèmes dans lesquels s’est fourré le héros à cause de sa faiblesse ne correspondent pas à l’objectif du héros dans cette histoire (c’est une toute autre affaire).
Dans cette étape, il s’agit de définir le point faible du héros sur lequel l’antagoniste pourra appuyer pour l’atteindre, pour lui faire mal. Cette faille destinée à mettre en avant le problème personnel et intime du héros doit rester cependant simple et spécifique afin de ne pas interférer avec l’intrigue.
Par exemple, dans Sunset Boulevard (Boulevard du Crépuscule), le défaut de Joe Gillis est qu’il aime l’argent et les bonnes choses de la vie. Il est d’ailleurs prêt à sacrifier son intégrité morale et artistique (il est scénariste) pour satisfaire à son propre confort.
Le problème qui va mettre en avant cette faille du personnage est qu’il est fauché et c’est ce qui va le pousser à céder à Norma Desmond et orienter la suite de l’histoire.
Ce problème est simplement illustré par les deux hommes qui viennent à son appartement pour reprendre la voiture et qu’il s’enfuit.
Deux besoins
John Truby conseille d’attribuer à votre personnage principal au moins deux besoins : un besoin moral et un besoin psychologique.
Le besoin psychologique correspond à cette blessure intime qui blesse le héros dans son intériorité, comme par exemple une blessure dans son enfance qui ne s’est jamais refermée.
Le besoin moral corresponds au comportement du héros envers autrui. Au début de l’histoire, le personnage principal fait mal aux autres. Il les blesse moralement et peut-être même physiquement. Son besoin consiste alors à comprendre que cette attitude envers les autres l’empêche de s’accomplir pleinement.
En donnant à votre protagoniste un double besoin à la fois moral (dans sa relation aux autres) et psychologique (une blessure intérieure), vous augmentez la profondeur de votre personnage.
Et vous travaillez aussi sur l’approche du lecteur envers ce personnage. Car votre personnage sera plus puissant en terme d’empathie qu’il peut susciter. Il sera plus crédible, plus réel, à la portée du lecteur.
L’avantage d’un défaut dans la personnalité du protagoniste lui permet d’agir non pas erratiquement mais parfois d’avoir des réactions surprenantes, auxquelles on ne s’attend pas (ni lui d’ailleurs) ce qui rend l’histoire moins prévisible.
Dans Tootsie, par exemple, le défaut de Michael est qu’il est arrogant, égoïste et menteur. Le besoin est donc qu’il doit se débarrasser de son arrogance envers les femmes, cesser de leur mentir et de les utiliser pour obtenir ce qu’il veut.
Dans Le Verdict, le besoin personnel de Frank est de vaincre son alcoolisme et de regagner le respect de soi. Son besoin moral est de cesser d’utiliser les autres pour l’argent et d’apprendre à agir avec justice et équité.
Ce besoin moral est explicité dès le début lorsque l’on découvre Frank tenter de profiter de la douleur des familles en deuil pour faire des affaires. Il n’a cure s’il bouleverse davantage les familles, il veut juste leur soutirer de l’argent.
Créer le besoin moral
Le besoin moral se fait sentir lorsque votre protagoniste heurte au moins la sensibilité d’un autre personnage. En d’autres termes, il se comporte durement avec un ou plusieurs autres personnages.
C’est dès le début de l’histoire que vous devez statuer sur ce besoin moral. Vous pouvez partir du besoin psychologique.
Vous avez donc déjà créer un problème intime, personnel qui mine le héros de l’intérieur. Mais ce problème intérieur a aussi des répercussions sur la conduite de votre personnage principal envers les autres. Son comportement immoral est la conséquence de ce qui travaille intérieurement votre héros.
La technique consiste donc à
- Déterminer un problème intime, une fêlure dans la personnalité de votre héros (qui date de l’enfance, par exemple. Comme un père trop autoritaire).
Ce sera la faille majeure (psychologique) de votre personnage. - Imaginer quel type d’action immorale pourrait surgir naturellement de cette faille. Identifiez visuellement cette faiblesse morale et non plus psychologique.
Et déduisez-en le besoin moral (c’est-à-dire la nécessité pour le personnage de combler cette faille, de reconnaître que son comportement envers les autres n’est pas dans sa vraie nature). Par exemple, votre héros qui a souffert d’un père trop autoritaire recopie cette attitude envers son propre fils.
Tant que votre héros ne se sera pas affranchi du poids de son propre père sur sa psyché, les relations avec son fils seront très difficiles. C’est ainsi que vous présentez votre héros au début de l’histoire.
Une seconde méthode pour créer un besoin moral consiste à faire d’une force une faiblesse.
- Identifiez une vertu, une passion ou une qualité chez votre personnage. Faites en sorte que cette qualité submerge votre héros, qu’elle le passionne tellement qu’elle en devient oppressive et renferme en quelque sorte le personnage sur lui-même, l’isolant du monde et chassant tout intrus qui interférerait entre lui et sa passion.
- Vous pourriez aussi choisir une vertu en laquelle votre personnage croit. Puis d’utiliser l’inverse de cette vertu pour qu’il en ressorte un besoin moral.
A suivre :
JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (2)
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