La plupart des genres s’accommodent assez bien d’un peu d’humour. Quelques touches d’humour atteignent toujours leur but même dans les histoires les plus flippantes. Vous n’avez pas cependant à avoir obligatoirement une fibre comique pour intégrer harmonieusement cet humour dans votre récit.
1) Il n’est pas nécessaire de tordre la structure ou l’intrigue de son récit pour y glisser de l’humour.
Gardez à l’esprit qu’une scène s’articule dans un Tout (votre histoire). Si vous supprimez une scène et que cela n’interfère pas sur votre histoire, vous pouvez supprimer cette scène sans craindre que votre récit ne s’effondre.
Une scène a plusieurs fonctions au sein d’une histoire :
- elle peut faire avancer l’intrigue (au même titre que votre personnage principal),
- elle introduit un nouveau personnage,
- elle permet de développer un personnage existant en révélant un trait de sa personnalité,
- elle peut mettre en place une nouvelle situation,
- ou bien elle peut servir de préparation à un événement qui se produira un peu plus tard dans l’intrigue.
Si une scène ne remplit pas au moins l’une de ces fonctions, il est plus que probable qu’elle est inutile.
L’humour en soi ne justifie pas une scène. Dans Tootsie, par exemple, lorsque Julie jette son verre au visage de Michael, cette réaction est certes amusante mais sa raison d’être est de montrer que Michael lorsqu’il n’est pas sous les traits de Dorothy se comporte comme tous les mâles.
C’est d’autant plus important d’appuyer sur cet aspect de la personnalité de Michael à ce moment de l’histoire car son problème personnel et intime est de changer de point de vue sur les femmes, seule condition pour qu’il puisse gagner l’amour de Julie.
Des notes d’humour comme celle de Tootsie s’imposent d’elles-mêmes dans le respect du thème même si vous êtes dénué de tout sens comique. Ne cherchez pas à forcer un trait d’humour dans une scène, laissez à vos personnages le choix de leur réaction devant les situations et si l’une de ces réactions se sied bien d’un apparat comique (sans détruire la scène), laissez faire.
2) Comme dans la vie réelle, tout le monde ne porte pas l’étiquette comique sur le front.
Il en va de même avec vos personnages. Lorsqu’une scène permet à l’un de vos personnages de faire preuve d’humour (par ses actions ou ses paroles), ce trait d’humour doit à la fois s’insérer dans la situation sans briser celle-ci et ne pas paraître étrange chez le personnage qui l’émet.
L’humour devrait rester une énonciation subjective, une réaction émotionnelle motivée parce que quelque part la situation a interpellé chez le personnage des sentiments et des émotions auxquels la seule réaction possible était l’humour (ou du moins qui puisse être considéré comme tel d’un point de vue extérieur).
Il est possible aussi qu’un personnage connu pour son manque d’humour l’utilise cependant pour dénouer une situation dont la tension appuie fortement sur lui.
Une scène n’est pas un sketch. Vous ne recherchez pas l’effet comique. Lorsque vous écrirez la scène, vous ressentirez si une pointe d’humour peut lui donner plus de valeur et vous n’aurez pas besoin d’un effort intellectuel particulier pour saupoudrer un peu de cet humour au cours du processus de création.
Il n’est aucunement nécessaire de posséder une nature comique pour parsemer de l’humour lorsque la situation l’impose, cela vient naturellement. Ne forcez pas un personnage à être comique, si l’un d’entre eux doit montrer de l’humour, il se désignera lui-même.
3) Ne recherchez pas l’humour facile au dépens d’un personnage.
Désigner quelqu’un comme votre tête de turc pour faire rire votre petite assemblée et vous mettre ainsi en valeur est le plus pitoyable des effets comiques. Lorsque l’un de vos personnages doit focaliser l’attention sur lui et si vous décidez d’utiliser l’humour pour cela, c’est lui-même qui doit être l’objet du rire.
A moins que cela soit votre intention de blesser un personnage en heurtant ses sentiments, ne soyez pas cruel gratuitement avec vos personnages.
4) L’humour est très subjectif.
Ce qui vous fait rire ne fera pas forcément rire le plus grand nombre. Ce que l’un trouve hilarant tombera complètement à côté de la plaque chez l’autre.
Posez-vous une double question :
- Est-ce amusant ? (c’est-à-dire est-ce que cela me fait rire ?)
En cas de doute, abstenez-vous - Ai-je vraiment besoin d’ajouter de l’humour à ce moment précis ?
En cas de doute, abstenez-vous
5) Ce que l’on a en tête peut devenir très différent une fois couché sur une page.
Prenez un peu de distance avec votre texte et relisez-le. Est-ce qu’il correspond toujours à ce que vous aviez en tête ? N’hésitez pas à retravailler le texte si vous sentez qu’il ne traduit pas tout à fait ce que vous aviez imaginé (surtout si l’humour distillé est visuel).
Si ce sont les répliques de vos personnages qui doivent véhiculer le trait d’humour, est-ce que sur le papier la façon de dire (élément important de l’effet comique) fonctionne-t-elle bien ? En repensant la situation et les mots prononcés, la réplique pourrait-elle acquérir plus de force ?
6) Lorsque vous insérez de l’humour, il se rapporte nécessairement à un personnage, un événement ou une situation.
Assurez-vous au préalable que vous ayez apporté toutes les informations utiles au lecteur pour qu’il comprenne cet humour. Si vous avez un personnage qui fait référence à un événement, si ses interlocuteurs ignorent cet événement, comment voulez-vous qu’ils sachent de quoi parle votre personnage ?
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