Nous abordons dans cet article la création du héros. Nous nous sommes basés sur les conseils de John Truby.
Le but de la tâche est de créer un personnage qui a toutes les apparences d’un être humain à la fois dans sa complexité et dans sa réalité. Avant de commencer la création de ce personnage, si vous avez suivi nos articles précédents, vous avez dû construire le schéma actanciel. Ce schéma décrit les relations qui doivent exister entre vos personnages. Ces relations déterminent ce que seront vos personnages (fonctions ou archétypes) au cœur de votre histoire.
Le protagoniste
Concernant le héros ou l’héroïne, le critère le plus important est qu’ils font avancer l’intrigue. Vous devez donc faire en sorte de garder l’attention du lecteur sur lui ou sur elle. S’il arrive au protagoniste de faire du surplace, votre histoire toute entière en fera tout autant.
Un moyen d’accrocher votre lecteur au héros et de l’y maintenir est de lui montrer un personnage qui semble cacher quelque chose ce qui ajoute une touche de mystère autour du personnage qui fait s’interroger le lecteur donc suscite son intérêt.
Concernant l’identification avec le héros ou l’héroïne (qu’on soit lecteur ou lectrice), celle-ci doit porter sur le désir exprimé du héros et sur le problème moral qu’il confronte.
Ce n’est pas tant les traits de sa personnalité qui permettent l’identification mais un lien émotionnel créé par le désir et le problème moral (c’est-à-dire un besoin).
Ce besoin (ou problème moral) est un combat plus intime, plus profond que doit gagner le héros afin de mieux vivre avec les autres. C’est ce besoin reconnu par le lecteur qui doit être résolu par le héros ou l’héroïne, une résolution attendue par le lecteur.
Mais votre héros n’est pas un être parfait. Un lecteur doit pouvoir se reconnaître à la fois dans les aspects les plus sympathiques de celui-ci mais aussi dans ceux qui le sont moins. C’est peut-être d’ailleurs dans le refus de reconnaître ses propres faiblesses dans le tableau d’un héros ou d’une héroïne que le lecteur peut mettre en œuvre cette empathie envers lui.
Observez les faiblesses chez autrui tout en les niant en soi est peut-être un moyen inconscient d’identifier chez les autres nos propres faiblesses. C’est un peu ce qui devrait se passer entre votre lecteur et votre héros. Comme vous le constatez, l’identification doit être prise dans un sens large et assez vague somme toute. N’empêche qu’il doit se créer une connexion et que vous devrez trouver le moyen d’y parvenir.
Les choix du héros
Les décisions du héros de votre histoire doivent à un moment donné surprendre votre lecteur/spectateur. Puisqu’il s’est créé un lien empathique entre le héros et le lecteur, il y a un risque que votre héros ou votre héroïne deviennent un peu trop prévisibles. L’empathie ne signifie pas nécessairement que votre héros agit toujours comme s’il était un être éternellement sympathique.
Il lui arrive de faire des choses immorales surtout au cours de l’intrigue lorsque ses tentatives pour vaincre les obstacles échouent.
Votre lecteur doit avoir de l’empathie pour votre héros (espérer qu’il réussisse ou être émotionnellement atteint lorsqu’il échoue) mais pas de la sympathie. Il peut le trouver sympathique par moments mais gardez à l’esprit que les actions de votre héros n’infèrent pas systématiquement que le lecteur va les apprécier. Même s’il comprend votre héros ou votre héroïne, votre lecteur ne peut pas toujours être d’accord avec ce qu’il fait.
Cependant, pour garder le lien même devant les actions immorales du héros, vous devez expliquer les raisons de son comportement (c’est-à-dire les causes, les conditions qui l’ont amené à se conduire de manière immorale). Vous devez montrer pourquoi le héros a commis de telles actions répréhensibles. Si vous expliquez ce qui motive votre héros pour faire ce qu’il fait, le lecteur comprendra les raisons de ce comportement (c’est là qu’intervient l’empathie).
L’empathie est une affaire de compréhension. En fin de compte, le terme identification se confond avec celui d’empathie qui se confond lui-même avec celui de compréhension.
Comprendre la cause des agissements d’un personnage n’est pas le juger. Si vous approuvez ou n’approuvez pas les actions du héros sans les comprendre, vous portez un jugement de valeur puisque vous accordez une sympathie au héros, ou bien vous le trouvez détestable, mais sans esprit critique, sans connaître les causes.
Donc, pour l’auteur qui se retrouve confronté à ce type de problèmes (acceptation passive des actions du héros ou de l’héroïne), cela signifie probablement qu’il a perdu le lien entre son héros et le lecteur.
Lors des réécritures du scénario, il lui faudra donc revoir les scènes destinées à créer ou à maintenir la connexion et s’assurer que les actions du héros ont été expliquées antérieurement à leur surgissement.
Comprendre son personnage
Souvent, cependant, le héros ne connaît pas les vraies raisons qui le poussent à poursuivre un but. Mais le lecteur/spectateur doit les connaître. Parcourez notre article sur l’ironie dramatique pour plus d’infos à ce sujet.
De toute façons, le héros doit découvrir les choses sur lui-même par lui-même à la fin de votre récit.
Lors des réécritures, assurez-vous que vous avez bien défini un besoin moral et un besoin psychologique pour votre personnage. Un besoin psychologique affecte seulement le héros, un besoin moral consiste pour lui à apprendre comment vivre avec les autres.
Ces deux nécessités augmente le pouvoir émotionnel de votre histoire sur le lecteur.
A suivre :
LE PERSONNAGE SELON JOHN TRUBY – PART 7
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