Un incident déclencheur ou un événement majeur affectent le personnage principal de votre histoire jusqu’à lui donner un besoin ou un désir nouveau pour lui. Ils sont souvent révélateurs du principal conflit en devenir et donnent quelques indices sur la question dramatique principale que soulève votre histoire. Cette question est relative à la prémisse ou au thème que vous abordez.
Cette question dramatique que se pose le lecteur pourrait être par exemple :
– Est-ce que E.T. rentrera chez lui ?
– A quoi fait référence Charles Foster Kane en prononçant le mot Rosebud ?
– Est-ce que le Chef Brody l’emportera sur le requin ?
Et cette question se révèle obligatoire. Il faut que le lecteur se la pose et pour cela, évidemment, il faut que le scénario la soulève.
Puis y réponde à la fin de l’histoire.
Exciter la curiosité du lecteur
Un outil dramatique intéressant et souvent employé est de donner des indices dans l’acte Un sur des événements ou des actions futurs.
Les gadgets que Q donne à James Bond systématiquement et qui lui sauvent la mise sont un exemple parfait d’indices qui se révéleront cruciaux au moment de l’intrigue.
Si Bond devait utiliser en pleine action des objets qui n’auraient pas été introduits au préalable, nous ne les accepterions pas et l’intrigue en pâtirait.
D’autres types d’indices sont tout aussi possibles. Par exemple dans Tanghi Argentini, André nous révèle dès les premières secondes ses vraies motivations (il répond à la femme de ménage qu’il fait des recherches sur le net pour trouver des cadeaux de noël à ses collègues de travail) alors que toute l’histoire prend ensuite un malin plaisir à nous les cacher.
Qu’ils soient structuraux ou un jeu avec le lecteur, les indices permettent d’enrichir l’acte Un. Ils perdent cependant tout intérêt lorsqu’ils sortent du cadre du premier acte.
Un autre exemple d’indices permettant de créer une symétrie entre des événements se trouve dans Un Homme d’Exception de Akiva Goldsman.
Une scène de l’acte Un nous montre John Nash assister à la remise des stylos, un rituel où chaque professeur d’un département offre son stylo à l’un d’entre eux en hommage à une vie dédiée à leur spécialité. A la fin du récit, c’est John Nash qui est maintenant le récipiendaire de cette cérémonie.
Parsemer avec parcimonie, les indices permettent de renforcer l’unité d’une histoire sans marteler le lecteur avec trop d’informations.
Puisque nous sommes en train de travailler sur les conseils de David Trottier, continuons par les 7 points majeurs qu’il identifie dans une histoire.
1) BACKSTORY
David Trottier considère la backstory comme les événements qui se sont produits avant que l’histoire ne commence. Dans une vie, il y a un nombre énorme d’événements. Vous devrez choisir parmi ceux-ci les événements qui qualifient le mieux votre personnage en fonction de votre thème ou de votre message.
Généralement, la backstory qui n’apparaît pas nécessairement au cours de l’histoire porte sur ce qui a causé des blessures profondes chez le personnage. Déterminer une faille majeure dans la personnalité d’un personnage (surtout s’il est central à l’histoire) est probablement la première tâche à accomplir lors de la création de vos personnages.
Le trauma que vous imaginerez influera énormément sur l’attitude et le comportement des personnages tout au long de l’histoire. Généralement, cette faille est l’indicateur du changement que doit connaître un héros entre le début et le fin de son aventure.
En effet, toutes les épreuves et tous les obstacles qu’il devra vivre et surmonter vont l’aider à combler cette faille et en conséquence, le rendre meilleur. Par une sorte de prescience, c’est aussi sur cette faiblesse que l’antagoniste appuiera pour contrer la marche du protagoniste vers la réalisation de son objectif.
Une règle incontournable dans l’écriture d’un scénario (court ou long métrage) est que le texte est écrit au présent. Lorsqu’un auteur a besoin que cette backstory soit mentionnée dans son scénario, elle fait généralement l’objet de l’Opening Image.
Ensuite, l’histoire commence dans son temps présent. Ne vous méprenez pas ici : il s’agit du présent de votre histoire même si son époque est historique, c’est au présent que vous décrivez les situations de vos personnages.
D’autres fois, vous pouvez insérer des éléments de cette backstory (le passé de vos personnages) dans des flashbacks (à manier avec précaution) ou par le biais des dialogues (à manier avec encore plus de précautions).
2) L’INCIDENT DECLENCHEUR
Vous trouverez de nombreux articles sur l’incident déclencheur sur notre site. Voici cependant quelques articles utiles :
- INCIDENT DECLENCHEUR & GENRE
- APRES L’INCIDENT DECLENCHEUR, L’OBJECTION
- INCIDENT DECLENCHEUR & EVENEMENT DECISIF
- LE MOMENT DE L’INCIDENT DECLENCHEUR
- PROLOGUE & INCIDENT DECLENCHEUR
3) LE PASSAGE DANS L’ACTE DEUX
Ce moment correspond à un bouleversement radical dans la vie du personnage principal. Autant l’incident déclencheur avait initié un problème, cela ne signifiait pas pour autant que le protagoniste avait pris à sa charge ce problème.
Ce n’est qu’à la fin de l’acte Un qu’il s’engage véritablement dans son aventure, c’est-à-dire dans l’acte Deux aussi connu sous le terme d’intrigue.
Le personnage principal émerge ainsi de l’acte Un avec un désir ou une volonté ferme de faire quelque chose au sujet de la situation délicate dans laquelle désormais il se trouve.
Vous aurez plus d’informations en lisant cet article :
LES DEUX NOEUDS DRAMATIQUES MAJEURS
4) LE POINT MEDIAN
L’intrigue qui démarre à la fin de l’acte Un et qui correspond à l’acte Deux (qui s’étend sur 50 % du scénario) est une série de tests, épreuves et obstacles que le héros doit subir.
Parfois, il réussit à les surmonter, d’autres fois, non. Dans un scénario de 90 ou 120 pages, cette série peut devenir rapidement une litanie. C’est la raison des intrigues secondaires et B Story qui viennent agrémenter l’acte Deux et s’entrecroiser avec l’intrigue principale ce qui a pour effet de la rehausser.
Concernant le court-métrage, il est plus difficile de rajouter des intrigues secondaires par manque d’espace mais l’intrigue principale suffit amplement.
Vers le milieu de l’acte Deux (approximativement la moitié de l’histoire) survient un nouvel événement majeur (le point médian) ou bien le personnage principal prend une décision importante qui vont l’un ou l’autre influer sur le déroulement de sa vie à partir de ce moment.
David Trottier le considère comme un point de non retour.
L’objectif à atteindre devient plus pressant et clair et les enjeux augmentent. C’est à ce moment que Sam dans Ghost de Bruce Joel Rubin découvre que son meilleur ami est son assassin. Dans Titanic de Cameron, le point médian correspond à la décision de Rose de plaquer son fiancé et dans le même mouvement son monde en s’échappant avec Jack.
A partir de ce moment, les actions du personnage principal et de son antagoniste deviennent plus dures. Le héros peut agir contre ses valeurs morales s’il le faut et le méchant montre sa véritable puissance.
Le protagoniste connaît alors un sérieux revers. Il va se retrouver au plus bas, désespéré. Ce moment inclus dans l’acte Deux se nomme le All is Lost. Il est suivi généralement par le Dark Night of the Soul jusqu’au moment où une révélation ou une inspiration soudaine vont permettre au héros de puiser en lui une force insoupçonnée et il va reprendre le dessus pour affronter le climax.
A lire : LE POINT MEDIAN EN MIROIR
5) LA CRISE
Sans cette crise, le climax risque de ne pas prendre l’importance dont il a besoin pour passer auprès du lecteur.
Un héros ne peut se lancer dans un climax dans le même état d’esprit que dans l’acte Un. Toutes les épreuves subies au cours de l’intrigue ont transfiguré votre personnage. Cela a conduit à ce qu’il lui arrive le pire de ce qu’il pouvait lui arriver.
Le personnage s’est effondré moralement et physiquement puis, en conséquence du changement profond de sa personnalité, il a pu trouver en lui le courage de reprendre le dessus, de rebondir de la désespérance et se prépare maintenant à affronter son ennemi (quel que soit sa forme, humaine ou non) en homme ou femme nouveau.
6) LE CLIMAX
C’est le moment de vérité. Parfois, le protagoniste est aiguilloné par d’autres personnages qui le lance dans le climax. Mais une règle qui ne devrait pas être brisée (les contre-exemples ne sont pas probants) est que le personnage central d’un récit affronte seul son antagoniste au cours du climax.
L’objectif est au bout du climax. Le personnage et le lecteur sauront si l’objectif est réussi ou non. La réponse à la question dramatique centrale est donnée.
Si d’autres questions mineures ont été posées au cours de l’acte Un ou de l’intrigue, elles devraient être résolues avant le climax. Le climax est réservé à cette question centrale ainsi qu’à asseoir le thème ou le message de l’histoire.
Le climax n’a nullement besoin d’un combat de superhéros pour s’exprimer. Dans Eclair de Lune réalisé par Norman Jewison et écrit par John Patrick Shanley, le climax se termine par le réunion de tout le monde autour de la table familiale. C’est l’événement le plus fort de toute l’histoire.
N’utilisez pas non plus de Deus Ex Machina pour solutionner votre climax. Votre héros doit s’en sortir par ses propres moyens. A la fin de votre histoire, il est le seul à pouvoir réaliser son objectif, personne ne doit le faire à sa place et surtout pas une coïncidence.
7) LE DENOUEMENT
Le dénouement correspond à la réalisation du héros c’est-à-dire qu’il a appris de ses leçons (tout ce qu’il a subi jusqu’à présent) et c’est enfin réaliser en un personnage complet, fini.
Des preuves visuelles ou bien par les dialogues doivent être inclues dans le dénouement afin de montrer au lecteur les effets de la transfiguration sur le héros.
Ebenezer Scrooge de Un Chant de Noël de Charles Dickens nous montre un Scrooge devenu charitable à la fin de l’histoire. C’est la preuve en mots et en images qu’il est devenu un autre homme, meilleur.
Cet accomplissement personnel peut prendre différentes formes. Dans American Beauty de Alan Ball, la mort de Lester est comme une rédemption. Dans d’autres cas, cette réalisation personnelle peut être considérée comme une délivrance.
Le dénouement est important aussi pour le lecteur qui y ressent une sorte de catharsis. Concernant le court-métrage, cependant, le dénouement se confond parfois avec un twist final bien que le concept de dénouement soit respecté.
La documentation coûte cher et je vous l’offre gratuitement. Merci de me soutenir par vos commentaires ou vos appréciations.