SCENARIO : QUELQUES PRINCIPES

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Nous comprenons le monde au travers des histoires. Les fictions nous aident à comprendre, chacun selon sa propre interprétation, les combats que nous nous livrons au quotidien.
Afin de pouvoir saisir que les forêts semblent vivantes à cause d’esprits invisibles et les peurs et les forces invisibles qu’un enfant confrontent, nous nous devons d’inventer tout ce qui sera nécessaire pour que notre histoire ait du sens.
Raconter des histoires peut être un acte existentiel essentiel. Cela donne non seulement du sens au monde mais aussi nous prouve à nous-mêmes que nous existons.

Cependant, toutes les histoires ne peuvent être dites de la même façons. Certaines ne seront jamais adaptées pour en faire un court-métrage ou un script de 90 ou 120 pages parce que ce n’est pas dans leur nature de s’étaler ainsi au monde.
Une œuvre dramatique doit répondre de certaines règles pour prétendre à ce titre. Elle ne peut se contenter d’énumérer un certain nombre d’incidents dans un ordre chronologique ou non.

Une œuvre dramatique repose sur deux principes fondamentaux :
1) Un personnage, le protagoniste, qui agit dans le dessein d’obtenir quelque chose,
2) Ce personnage rencontrera des problèmes sur son chemin.

Le personnage doit agir et le niveau du conflit peut être subtil ou carrément dévastateur, ce qui compte est qu’il soit apparent.
Une œuvre dramatique nécessite des personnages qui désirent, veulent ou doivent satisfaire des besoins et qui agissent même s’il s’agit de réactions à des événements ou bien inversement dans l’évitement d’actions ou de réactions, cette dérobade étant elle-même une action.
Un tel personnage a la capacité de faire avancer l’intrigue, il possède cette énergie qui permet à l’histoire de déployer ses voiles et de prendre le vent.
Pour maintenir l’intérêt du lecteur (qui veut savoir ce qui va se passer ensuite), le conflit créera de la tension dramatique régulièrement (même sur un court-métrage de quelques pages).

C’est ainsi que ces deux concepts (personnage et conflit) œuvrent conjointement pour permettre au lecteur du script de comprendre visuellement ce qui se passe. Gardez à l’esprit qu’un script est un outil destiné à un média visuel. Vous devez montrer et non pas dire ce qui s’y passe.
Un script communique les informations de l’histoire de manière visuelle. Les pensées intimes des personnages doivent se comprendre via leurs comportements et leurs réactions. Vous ne pouvez pas systématiquement utiliser une voix off ou des intertitres pour expliquer ce qui se passe dans la tête d’un personnage. En tant qu’auteur d’un scénario, vous devez externaliser ce que ressentent et pensent vos personnages. Un script repose sur des comportements authentiques afin de transmettre ce sens de réalisme que le lecteur attend sinon votre histoire ne sera pas acceptée.
Dans un scénario, l’action doit être clairement décrite au moment où elle se produit afin qu’elle soit immédiatement comprise par le lecteur et insuffler dans le récit une tension suffisante afin de donner l’envie de continuer à tourner les pages du script.

Dans une œuvre dramatique, l’action doit être bien pesée pour s’ajuster à l’objectif du personnage principal. Ce sont effectivement ses désirs et ses besoins qui décident du but à atteindre. L’action n’est pas un électron libre, elle doit être intimement mêlée au cœur même des préoccupations du personnage central de l’histoire.
L’intrigue composée des conflits qui viennent entraver la marche du héros vers son objectif (certains diraient vers sa destinée) ne donnent jamais de réponse immédiate quant à savoir si le personnage réussira ou pas. Cette réponse est donnée dans le climax. Mais le lecteur espère et craint pour le héros tout au long de l’intrigue car les conflits maintiennent le doute quant à la réussite de son objectif.
Ainsi, les actions prennent une signification relativement aux personnages. Sinon, ce seraient des événements posés là sans but, sans raison. Un manque certain de crédibilité envers votre histoire ne tarderait pas à se faire sentir.
Et le niveau de détail descend jusqu’à la scène. Dans chaque scène, ce que veulent les personnages et la nature du conflit  impliqué par la scène doivent être clairement formulés. Objectifs et conflit génèrent de la tension.

Pour exister, il faut un cadre dramatique à une scène. Dans ce cadre, il faut autoriser les arguments (ou conflits) contradictoires des personnages à s’exprimer. En suivant cette règle, les scènes sont tout de suite beaucoup plus intéressantes. Vous pourriez même aller plus loin en mettant l’emphase sur le contexte émotionnel de la scène et faire réagir vos personnages selon les émotions suscitées entre eux.
Concernant le court-métrage, c’est évidemment plus délicat à mettre en œuvre car l’auteur ne bénéficie pas de l’espace d’un script plus long.

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