Quelques explications sur l’Outer Motivation comme définie par Michael Hauge.
Pour Michael Hauge, l’Outer Movitation est l’objectif visible du personnage. Il s’agit de la ligne d’arrivée qu’il est déterminé à traverser à la fin de l’histoire. Cette Outer Motivation représente le désir impérieux pour lequel le héros est prêt à tout. C’est ce besoin qui définit le concept de l’histoire.
Avatar
Michael Hauge prend pour exemple Avatar de James Cameron. La formulation de l’Outer Motivation pour Jake Sully commence d’abord par l’ordre de mission qu’il reçoit d’infiltrer la tribu des Na’vis et de trouver le moyen de les faire partir afin que le minerai puisse être extrait.
Puis, parallèlement à l’arc dramatique de Jake, ce besoin évolue dans la défense des Na’vis auprès des autorités militaires puis finalement en les menant dans une guerre contre ces mêmes autorités.
Ce qui est remarquable dans ce schéma est que l’Outer Motivation suit le mouvement de l’arc dramatique de Sully qui peu à peu, au contact des Na’vis, apprendra à les apprécier.
L’Outer Motivation annonce le climax
Ce qui est intéressant avec cette technique de l’Outer Motivation est que lorsqu’elle est correctement établie, nous pouvons déjà imaginer à quoi ressemblera le climax.
Dans le cas d’Avatar, nous nous attendons à une grande bataille car nous avons compris au-travers de l’Outer Motivation de Jake qu’il faut stopper la soif de destruction des militaires envers les Na’vis. Nous ne savons pas encore comment cela va se terminer, nous ne voulons d’ailleurs pas le savoir, mais cette bataille est préfigurée par l’Outer Motivation de Jake Sully.
Hauge remarque que paradoxalement, le lecteur est avide non pas de connaître mais en quelque sorte d’anticiper la fin de l’histoire.
Ou du moins d’envisager ce que pourrait être l’apogée de cette histoire.
Il insiste sur le fait que nous ne voulons pas savoir la fin de l’histoire (savoir si le héros va réussir ou non gâcherait notre plaisir) mais nous apprécions d’imaginer une fin possible.
Du moins si le héros est suffisamment fort et courageux pour aller jusqu’au bout de son objectif.
Démineurs
Pour appuyer ses dires, Michael Hauge compare Avatar à Démineurs de Mark Boal. Il est sûr que l’émotion qui nous étreint est de voir le Sergent James survivre à sa mission en Irak.
Mais cette survie ne nous donne pas une ligne d’arrivée précise vers laquelle le Sergent James et l’histoire pourraient tendre. Les actions de James ne définissent pas un objectif global, ultime.
Car la portée des actions fixe un objectif pour la scène seulement. La survie de James est remise en question scène après scène mais nous ne pouvons pas anticiper ce que le climax de son histoire pourrait être.
Contrairement à Sully, le Sergent James n’a pas d’Outer Motivation.
Une arène
Michael Hauge définit le type d’histoires telles que Démineurs comme une arène.
C’est-à-dire une histoire dans laquelle le héros est jeté dans une situation conflictuelle qui lui est inconnue. Son seul but est alors de survivre à cet environnement hostile jusqu’à ce qu’il puisse s’en échapper.
Mais ce n’est pas pour autant une histoire qui illustre une évasion. L’évasion d’un milieu hostile est une Outer Motivation en soi. Hauge prévient aussi de ne pas confondre sa définition de l’arène avec les histoires qui mettent en œuvre une compétition qui se déroule effectivement dans une arène.
D’autres exemples cités par Hauge pour asseoir sa définition de l’arène :
The Queen de Peter Morgan et dirigé par Stephen Frears où la Reine Elisabeth II doit gérer la controverse entourant la mort de la Princesse Diana.
Sous le soleil de Toscane de Audrey Wells d’après le roman éponyme de Frances Mayes où Frances veut commencer une nouvelle vie après son divorce.
Le diable s’habille en Prada de Aline Brosh McKenna, Don Roos et Lauren Weisberger (roman) où Andréa veut assouvir sa passion du journalisme en travaillant pour la terrible patronne d’un grand magazine de mode.
Tous ces héros et héroïnes sont comme des gladiateurs dans une arène. Chacun d’entre eux pénètre dans une situation nouvelle, soit par choix ou parce que les circonstances les y obligent.
Et chacun d’entre eux fait face à d’apparemment insurmontables obstacles. Mais pourtant aucun d’entre eux n’a de Outer Motivation précise avec un point final clairement défini.
Ce qui caractérise l’arène selon Michael Hauge est que les besoins, les obstacles ou les crises se succèdent mais qu’aucun de ces éléments dramatiques ne permet d’anticiper un joli climax pour l’histoire.
A cause de cela, l’engagement émotionnel du lecteur est alors plus difficile à concrétiser et à soutenir. C’est un choix à faire car il existe une nette préférence pour les histoires où la ligne d’arrivée est visible et sur laquelle le lecteur peut s’appuyer pour y asseoir ses émotions.