Un protagoniste actif se résume en 4 questions. Du moins, dans les réponses que vous apporterez à ces 4 questions.
Et ces questions sont :
1) De qui parle votre histoire ?
Paul Zimmerman écrit :
The protagonist is our guide through the movie, and if the guide is bad company, we are probably not going to stay on board for the entire trip. So there needs to be a reason why these characters deserve our attention, why we bond with them or at least stick with them for the duration of the story. A protagonist must appeal to us in some way, deeply so, but you have a great latitude in what that way might be.
Le protagoniste est notre guide à travers l’histoire et si le guide est un mauvais compagnon, nous n’allons probablement pas rester à bord tout au long du voyage. Donc il faut une raison à ce que ces personnages méritent notre attention, à ce que nous nous attachons à eux ou du moins à ce que nous restons avec eux tout au long de l’histoire. Un protagoniste doit savoir nous plaire d’une façon ou d’une autre et non superficiellement, mais vous avez une grande latitude dans ce que cette façon pourrait être.
Le protagoniste n’a pas nécessairement besoin d’être un héros. Travis Bickle de Taxi Driver de Paul Schrader et dirigé par Martin Scorsese n’est décidément pas un héros. Charles Foster Kane dans Citizen Kane de Herman J. Mankiewicz et Orson Welles, une fois passé l’épisode du traîneau, ne revêt pas à proprement parler le manteau de l’archétype du héros sacrificiel et messianique. Quant à Daniel Plainview de There will be blood de Paul Thomas Anderson (tiré du roman d’Upton Sinclair, Pétrole !) est un misanthrope quelque peu écornifleur.
Et pourtant ces trois protagonistes sont parmi les plus forts et les plus convaincants de tous ceux jamais créés. Et ce qu’ils ont en commun est qu’ils sont sans relâche actifs. Ils savent ce qu’ils veulent, ils savent ce qui se trouve en travers de leur chemin et ils savent exactement comment se débarrasser de ce qui entrave leur route.
Lors de la réécriture de votre script, vérifiez que vous ne manquez pas d’un protagoniste actif ou du moins que celui-ci soit suffisamment actif. Un protagoniste est un personnage qui fait avancer l’histoire, il est une force dynamique qui permet à l’intrigue d’aller de l’avant avec une efficacité redoutable.
La définition d’un protagoniste actif pourrait donc être :
Un personnage qui a un objectif clair qu’il veut atteindre et qui agit en conséquence en fonçant tête baissée dans les obstacles qu’il s’emploie à surmonter, capable de changer ses plans si nécessaire et qui obtient finalement l’opportunité de réaliser son but à l’apogée de l’histoire (le climax).
Cette définition permet à l’histoire de se déployer activement à cause du protagoniste et de ses actions et non pas parce que quelque chose lui arrive (hormis l’incident déclencheur qui peut être même le fait d’une coïncidence). Ainsi, le protagoniste est une part inhérente de l’histoire, il ne se contente pas de l’observer (autrement dit d’être passif).
Cette passivité est probablement dû à ce que l’auteur est un observateur du monde qui l’entoure. Si dans un roman, nous avons accès aux pensées et aux processus de décision (ou de résolution des problèmes) les plus intimes des personnages, cette intériorisation n’est guère possible dans un scénario. Dans un script, les actions du personnage tournées vers l’extérieur ne peuvent pas être minimales et il faut trouver en plus le moyen de communiquer ce qui se passe dans l’esprit d’un personnage par le biais de son comportement. Ses actions doivent révéler sa psyché. Le recours à un narrateur ou à des intertitres ou encore à un bavardage inutile et barbant pour informer le lecteur sur les pensées intimes des personnages apparaît trop souvent superficiels et jouent contre l’histoire.
Gardez à l’esprit que l’action est le personnage (F. Scott Fitzgerald).
2) Que veulent vos personnages ?
Tout le monde veut quelque chose mais un protagoniste, lui, veut plus que n’importe qui d’autre. Cette notion de désir impérieux est nécessaire pour faire avancer l’intrigue. Le Story Goal qui est généralement la description de l’objectif du personnage principal doit être ce qui anime le personnage. Le Story Goal n’illustre pas le mouvement intérieur à l’œuvre chez le personnage, il décrit les épreuves et les obstacles que doit surmonter le personnage pour que ce mouvement intérieur puisse évoluer vers une transfiguration de sa personnalité.
Au moment du climax, c’est-à-dire le moment où le personnage saisit l’opportunité de réaliser son but, il obtient toutes les réponses qu’a posées l’histoire. Tout le récit est structuré pour emmener le protagoniste jusqu’au climax. Ne perdez pas de vue que votre script est un outil de travail pour un média visuel. L’idée du climax est de montrer non de dire que l’accomplissement de l’objectif du protagoniste a eu lieu. Et cet accomplissement est la raison même de l’histoire. S’il n’y avait pas ce Story Goal, il n’y aurait ni intrigue, ni histoire. D’où l’importance qui doit être accordé à l’objectif du personnage central. Vous devez amplifier ce but ultime qu’il s’est fixé, vous devez lui assigner des enjeux cruciaux, peut-être pas toujours des questions de vie ou de mort, mais cependant d’une importance capitale pour la vie du personnage.
Parallèment au besoin extérieur donc visible du protagoniste, il existe aussi en son for intérieur une problématique. C’est ce que l’on nomme habituellement l’arc dramatique. Cet arc doit évoluer, c’est d’ailleurs dans la nature des choses. L’évolution est le battement de la vie, votre protagoniste a donc aussi un objectif interne à atteindre.