INFORMATION & ENIGME

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Une Well-told Story comme l’a appelée Frank Daniels est une histoire dans laquelle les préceptes dramatiques ont été bien assimilés par l’auteur. Elle est ainsi consommée par le lecteur du début à la fin et son appétit toujours vif tant qu’il n’a pas atteint la fin de l’histoire.
ll est ici question de perception de l’information par les êtres humains qui permet aux auteurs d’adopter une stratégie au moment de l’exposition au cours de l’acte Un lorsqu’il s’agit de transmettre des informations générales essentielles à la compréhension de ce qui va suivre.

Le processus humain de la perception est un processus actif, dynamique qui à partir d’indices qui sont donnés au cerveau va construire une image cohérente. Nous sommes ainsi plus réceptif lorsqu’une information nous est donnée sous forme de puzzle avec des pièces manquantes nous incitant ainsi à combler les blancs. Cette façon de faire semble plus efficace pour communiquer et se faire comprendre que de recevoir directement toute l’information en une fois. Il semble que dans ce cas, l’appréhension et la compréhension du message est plus hasardeuse.

L’auteur doit fournir des informations générales sur le monde qu’il a crée pour que le lecteur puisse s’immerger dans son histoire.
Deux approches sont donc possibles :

  • fournir l’information en bloc
  • fragmenter l’information.
Fournir l’information en bloc

Un exemple réussi est la scène d’ouverture du Star Wars de 1977. Nous apprenons avant même que l’action ait débuté, tout ce que nous devons savoir sur la rébellion, l’empire et l’Etoile de la Mort en 90 secondes. Cela fonctionne parce que d’abord ces 90 secondes n’épuisent pas la patience du lecteur puis parce que le visuel de cette présentation est assez fascinant.

L’information fournie est par ailleurs très simple à comprendre, on comprend aussitôt ce qu’il se passe ensuite et le ton de l’histoire est établi, on sait ce qui nous attend. Notez au passage que par l’action seule, on aurait pu tout aussi bien concevoir par nous-mêmes la situation. Les indices une fois assemblés tels que la poursuite puis l’abordage puis les plans secrets de l’Etoile de la Mort rendent évidente la situation sans qu’aucun intertitre ne soit nécessaire pour nous expliquer les choses.

Cependant, lorsque nous découvrons pour la première fois l’Etoile de la Mort, plus de 30 pages après le début de l’histoire, il est fort probable que le lecteur, pris dans l’action qui n’a cessé de le tenir en haleine,  se souvienne de l’intertitre.
Celui-ci offre donc peu d’utilité du point de vue dramatique même si visuellement, c’était très beau. Il vous faut donc être très prudent si votre histoire nécessite que des informations cruciales doivent être transmises au lecteur dès la première page du scénario.

Fragmenter l’information

L’ouverture de Toy Story de 1995 présente une énigme posée par la question de Woody avec une petite inquiétude dans la voix : C’est la fête d’anniversaire aujourd’hui ?
Cette fête d’anniversaire n’est pas présentée comme une information mais plutôt comme un problème et on ne nous dit pas de quel problème il s’agit. Il s’ensuit quelques pages de dialogues qui augmentent de plus en plus la tension soulevée par la question initiale. Et ce n’est qu’après que le lecteur ait été ainsi engagé dans le mystère que l’énigme est enfin dévoilée : les jouets craignent d’être remplacés par des neufs à l’occasion de l’anniversaire de Andy.

Il aurait été possible de glisser un intertitre ou bien utiliser un narrateur qui aurait expliquer la situation au début de l’histoire. Le lecteur aurait été ainsi informé sur le petit monde de Toy Story mais cela aurait été beaucoup moins efficace pour imprimer dans son esprit la détresse exprimée par Woody et le mystère de cette détresse en laissant le lecteur tenter de deviner, de se figurer la raison de cette inquiétude de la part d’un jouet.

Vous pourriez être intéressé par notre série d’articles : TOY STORY : LA SEQUENCE, UNITE STRUCTURELLE (1)

La meilleure recette donc pour délivrer de l’information au début d’un script semble être de la présenter comme une énigme et de retarder la solution. Vous faites ainsi appel à une caractéristique de l’esprit humain qui possède naturellement une propension à résoudre des énigmes ou du moins à toujours chercher des solutions pour résoudre ses propres problèmes.

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