La mise en place des conflits dans une histoire est ce que la plupart des auteurs ne devraient pas cesser d’améliorer et de travailler. C’est d’ailleurs un signe de maturité de l’auteur lorsqu’il peut regarder son travail objectivement et continuer à avoir le désir de s’améliorer.
Le conflit n’est pas un outil dramatique que vous pouvez remettre à plus tard après avoir écrit la moitié de l’histoire. Vous ne saurez d’ailleurs même pas où l’insérer dans ces conditions.
Vous ne pouvez pas non plus générer du conflit au fur et à mesure de votre travail d’écriture. Jetez les choses comme çà sur le chemin de votre héros pendant que vous écrivez ne peut que vous conduire à écrire des scènes sans aucun lien entre elles. Elles donneront l’impression d’avoir été accolées les unes aux autres sans but précis.
Si vous souhaitez que votre scénario soit cohérent, il est nécessaire que les scènes soient liées d’une manière ou d’une autre. Chaque action a sa propre réaction, ainsi est la scène qui trouve son origine dans la ou les scène(s) qui l’ont précédée.
Les conflits soutiennent votre intrigue
Sans conflit, vous n’avez pas d’intrigue et sans intrigue, vous n’avez pas d’histoire. Les conflits peuvent être de deux sortes : interne et externe.
Les conflits externes sont à propos des circonstances et des autres personnages. Ils sont visibles. A l’origine des conflits externes est souvent le méchant de l’histoire. Mais celui-ci n’a pas nécessairement besoin d’être personnifié. N’importe quel entité ou idée ou concept peut fonctionner comme antagoniste.
Dans La Couleur des sentiments de Tate Taylor d’après le roman éponyme de Kathryn Stockett, le véritable antagonisme est la discrimation et les préjugés raciaux et non les personnages qui agissent comme s’ils étaient les méchantes de l’histoire comme Hilly Holbrook.
Il est d’ailleurs intéressant de constater à quel point ces conflits extérieurs alimentent les conflits internes des personnages. Chaque protagoniste a un objectif bien précis qu’il s’efforce par tous moyens de réaliser et il possède des motivations solides et crédibles pour maintenir son effort.
Cependant, chacun d’entre eux doit prendre de difficiles décisions pour surmonter ses propres conflits.
Les éléments dramatiques sont intimement mêlés pour donner une histoire. Cependant, la caractérisation, l’intrigue, les conflits sont des éléments différents même si parfois, il est difficile de les délimiter.
Un conflit est quelque chose qui vient entraver les efforts du personnage principal à obtenir ce qu’il veut absolument. Cette notion d’absolu dans la quête du héros n’est pas une mince affaire. Le personnage est vraiment arc-bouté sur cette volonté d’aller jusqu’au bout pour obtenir ce qu’il veut. Prenez par exemple la quête du Graal dans le cycle arthurien, les chevaliers n’ont cessé leur recherche jusqu’à leur mort.
Le conflit peut être incarné par un personnage, un groupe ou bien une entité ou une situation. Un astéroïde dont la frappe est imminente sur terre peut créer un conflit tel que la marche du héros vers la réalisation de son objectif s’en trouve stoppée.
Le conflit se définit comme l’opposition de personnes ou de forces qui donnent lieu à de l’action dramatique dans une fiction. C’est la définition même d’une fiction et il serait bien de la garder à l’esprit lorsque vous développerez vos personnages et votre intrigue.
L’objectif du héros
A propos de création de personnages, vous devrez leur fixer un objectif concret. Sans cet objectif, vous ne pourrez créer ni enjeux, ni conflits. Dorothée du Magicien d’Oz veut retourner chez elle dans le Kansas, c’est son but mais les situations l’une après l’autre l’empêchent d’y parvenir.
L’exposition des personnages est primordiale au cours de l’acte Un. Cette exposition quoi qu’elle présente du personnage doit parvenir à le rendre captivant, fascinant.
Si vous ne parvenez pas à créer cette connexion entre le lecteur et votre héros, si vous ne parvenez pas à rendre sympathique votre héros, le lecteur se souciera peu des enjeux et des conflits qui agitent votre personnage. En le décrivant dans son contexte quotidien (son job, sa famille, ses amis, ses activités), en mettant en avant aussi ses faiblesses, par le processus d’empathie entre le lecteur et votre héros, vous devriez parvenir à créer ce lien indispensable et garant du succès de votre histoire.
Et tout cela, quel que soit le genre de votre récit et de votre héros : il pourrait très bien avoir du sang sur les mains ou avoir un casier judiciaire long comme le bras. Mais si vous avez décidé d’en faire votre héros, vous devez le rendre attachant aux yeux de votre lecteur.
L’avantage des conflits en plus de leur impact dramatique sur le lecteur, c’est qu’il y a autant de conflits différents que de personnages différents. Les dilemmes qui génèrent du conflit sont aussi nombreux et probablement plus nombreux que tous les personnages ayant jamais été mis en fiction.
Un conflit (du moins un conflit efficace) dépend des motivations et des réactions de votre personnage. Mais, et nous insistons, ce personnage doit avoir un objectif et celui-ci aura tout intérêt à être crédible. Cette crédibilité recherchée prend sa source dans les motivations de votre héros.
Nous tenons à préciser que n’importe lequel de vos personnages pourrait aussi avoir un objectif et de solides motivations pour l’atteindre. Pour des raisons pratiques et efficaces, c’est généralement le méchant qui est concerné.
En effet, en plus de sa fonction dramatique naturelle d’entraver la marche du héros, l’antagoniste pourrait aussi avoir un objectif et de sérieuses motivations pour l’atteindre. Son conflit avec le protagoniste pourrait alors être que celui-ci se trouve sur le chemin du méchant (par exemple, l’empêcher de faire sauter une bombe dans une grande ville).
L’objectif d’un personnage doit être spécifique et concret que ce soit d’obtenir ou de récupérer quelque chose, de mettre fin à quelque chose ou de se venger (une forme de vendetta) ou quoi que ce soit d’autre.
L’idée est qu’il doit être difficile pour le personnage d’atteindre son but en jetant sur son chemin des oppositions de plus en plus fortes et qu’il continue à refuser de se laisser abattre malgré l’adversité .
L’amour que porte un auteur à ses personnages est un amour cruel. Il doit accepter de les torturer pour qu’ils puissent apprendre des leçons de leur aventure. Le devenir de vos personnages passe par une initiation faite d’épreuves. L’arc dramatique d’un personnage s’écoule au long des souffrances qu’il endure. C’est à ce prix qu’il évoluera vers un être meilleur ou trouvera une rédemption ou les deux. Pour gagner la sympathie du lecteur, le personnage doit souffrir.
Les dents de la mer
Considérons Les dents de la mer (1975) de Steven Spielberg adapté par Peter Benchley et Carl Gottlieb d’après le roman de Peter Benchley.
Ici, il s’agit du Chief Brody contre le requin. Cependant, un officier de police pourchassant un requin n’a rien de bien dramatique en soi. La condition dramatique est amené par le personnage du Chief Brody avec ses phobies, ses faiblesses, ses traits d’esprit..
C’est le personnage et sa personnalité qui entrent en conflit avec le requin, les autorités et la population locale.
C’est le personnage et non un vague homme qui se bat contre la nature et c’est cela qui crée une histoire. C’est le personnage du Chief Brody avec toutes ses qualités, ses défauts, son objectif qui entre en conflit avec le requin et c’est cela qui crée la condition dramatique.
Par ailleurs, ce n’est pas n’importe quel personnage qui peut se battre contre n’importe quelle nature. Le Chief Brody a été créé pour confronter le requin et lui seul pouvait le faire. Indiana Jones n’aurait jamais pu le remplacer.
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