Le problème n’est pas de trouver un bon personnage mais de savoir communiquer ce personnage que vous avez en tête à votre lecteur. Voici quelques conseils qui peuvent vous aider.
La description de votre personnage
doit montrer qui il est c’est-à-dire lui donner vie. Pour y parvenir, il est important de connaître très bien vos personnages afin de sélectionner les caractéristiques qui les représentent le mieux.
Vous devez donc écrire pour chacun des personnages qui ont quelque importance dans le scénario une biographie détaillée pour chacun d’entre eux (le physique, la psychologie et leur passé).
Ces détails vous seront utiles pour décrire les personnages et ce qu’ils font (leurs actions). Quand le protagoniste, l’antagoniste et des personnages secondaires importants font leur première apparition dans le scénario, il est nécessaire de fournir une brève description pour chacun.
Cette description peut se faire en une seule phrase et indiquer des informations clefs sur leur apparence physique et leur personnalité. Elle doit être mentionnée avant même les premières lignes de leurs dialogues.
Les informations basiques inclues dans la description sont le nom du personnage, son âge, son sexe, l’apparence physique, le style vestimentaire, des caractéristiques de sa personnalité et toute information qui distingue le personnage et le rend unique.
About Schmidt (2002) de Alexander Payne & Jim Taylor
WARREN SCHMIDT, 66, sits at his desk looking up at the clock. The desk is completely clear except for a telephone. Next to the desk are several large CARBOARD BOXES. They are marked “SCHMIDT ACTIVE DOCUMENTARY”, and “SCHMIDT FILES ARCHIVE”.
[p1]
WARREN SCHMIDT, 66 ans, est assis à son bureau regardant l’horloge. Son bureau est complètement vide hormis le téléphone. Près du bureau se trouvent plusieurs grosses boites en carton. Elles sont marquées « SCHMIDT ACTIVE DOCUMENTARY » et « SCHMIDT FILES ARCHIVE ».
ADAPTATION (2002) de Charlie Kaufman
Charlie Kaufman, a fat, balding man in a purple sweater with tags still attached, paces. His incantational voice-over carpets this and every scene he’s in. It is at times barely audible, but always present. [p1]
Charlie Kaufman, un homme gros à la calvitie avancée portant un pull violet avec les étiquettes encore visibles fait les cent pas. Sa voix off qui se remémore couvre les images et chaque scène dans laquelle il se trouve. C’est parfois à peine audible, mais toujours présent.
[fvplayer src= »http://www.scenarmag.fr/wp-content/uploads/2015/04/adaptation.mp4″ splash= »http://www.scenarmag.fr/wp-content/uploads/2015/04/snapshot_adaptaton.png »]
Réservez à vos personnages clefs une belle entrée dans votre scénario.
Une entrée qui soit à la hauteur du personnage, qui soit mémorable.
Les toutes premières choses que fait ou dit un personnage vont le définir dans l’esprit du lecteur. C’est le principe de la première impression. Faites donc en sorte que l’impression qui suintera de l’introduction de votre personnage corresponde à sa fonction dans l’histoire.
Tout doit concourir à le différencier des autres personnages y compris ses premières lignes de dialogue. Même s’il accomplit des gestes du quotidien, il doit y avoir quelque chose qui le différencie.
Dans la lignée du paragraphe précédent, décrivez une action pour votre personnage qui informe immédiatement le lecteur sur qui il est.
Gardez à l’esprit que la première impression est fondamentale dans un scénario. Le lecteur est enclin à vous faire confiance. Il ne mettra pas en doute ce que vous lui communiquez. Profitez de cette aubaine pour décrire une action de votre personnage qui dévoilera exactement sa nature.
Si votre personnage est un être faible, placez-le dans une situation où cette faiblesse sera démontrée : il fuit un combat par lâcheté, par exemple.
Dans The Host de Ha Joon-won, Baek Chul-hyun et Bong Joon-ho, concernant Gang-du, tout est dit dès qu’il nous est présenté : il dort et ne se réveille que lorsqu’il entend « Papa ! ». On comprend ainsi qu’il ne vit que pour Hyun-seo, sa fille.
La faille
Le trait de caractère qui définit le mieux votre personnage est la faiblesse qui caractérise sa personnalité. Cette faille en interne qui l’empêche vraiment de s’accomplir. C’est bien cette faille au-delà de toute autre complication qu’il leur faut surmonter à la fin de l’histoire. Toutes les épreuves, les obstacles et tous ces tests que le personnage a rencontrés et subis tout au long de l’aventure ne tendent que vers un seul but : la prise de conscience et le comblement de cette lacune dans sa personnalité.
Les événements, les actions doivent rappelés directement ou d’une manière plus feutrée cette faiblesse majeure du personnage principal. Même l’antagoniste est en mesure de l’utiliser contre le héros.
Rocky Balboa, par exemple, a un gros problème de confiance en lui-même. Tout au long du récit, il est freiné dans ses ambitions par ce défaut. Ce n’est que lorsqu’il parvient à tenir plusieurs rounds contre Apollo qu’il réussit à surmonter ce problème personnel et à gagner cette confiance qui, désormais, ne le quittera plus.
Il pourrait même être intéressant de définir des failles pour vos personnages les plus importants qui pourraient interférer par exemple dans les relations entre eux ou ne concerner que leur arc dramatique personnel.
Connaître le passé de votre protagoniste
est une excellente chose mais tout comme pour l’exposition, il faut faire attention à que des éléments de ce passé que vous souhaitez intégrer à votre histoire ne la ralentissent pas. C’est une bonne chose de passer du temps sur l’histoire personnelle de vos personnages (disons trois ou quatre pages de notes), mais vous ne devriez inclure dans l’histoire que les éléments significatifs sinon gare à l’ennui de votre lecteur.
Dans Contact de James V. Hart et Michael Goldenberg, d’après une histoire d’Ann Druyan et Carl Sagan, basé sur le roman Contact de Carl Sagan, l’élément du passé de Ellie Arroway qui influe sur son présent est la mort de son père qu’elle ne s’explique pas (et dont elle n’a probablement pas fait le deuil).
Cet élément mis en avant n’a pas pour but d’appuyer sur le lien de sympathie et de compassion pour l’héroïne mais bien pour démontrer à quel point l’influence de son père a joué sur le devenir de Ellie et sur ses décisions.
La passion qu’Ellie s’est découverte pour la vie extra-terrestre, elle l’a tient de son père et surtout parce qu’elle cherche à obtenir des réponses sur la mort de son père en particulier. C’est d’ailleurs sous la forme de celui-ci que l’extra-terrestre se présente à elle.
Des éléments bien choisis du passé de votre protagoniste l’aideront à aller de l’avant. Il faut donc que non seulement ils soient bien choisis mais aussi intégrés à l’histoire au bon moment. Ces éléments doivent être la cause et une avancée psychologique ou autre en sera la conséquence.
Le Story Goal doit être clairement défini
C’est après tout ce après quoi votre protagoniste court et tous les personnages sont plus ou moins impliqués dans ce Story Goal.
Le Story Goal est aussi connu comme la A Story. Cependant, même si ce n’est pas obligatoire, il est très intéressant de rajouter une B Story, c’est-à-dire une sorte d’intrigue secondaire assez dense avec des connotations qui la raccorde à la A Story. Vous ressentirez le besoin d’une B Story lorsque le Story Goal (ou A Story) se montrera insuffisant pour soutenir votre sujet.
Vos personnages secondaires et votre antagoniste vivent dans des mondes à eux qui coexistent avec celui de votre protagoniste. Leurs propres histoires se déroulent parallèlement à celui du héros et s’expriment au mieux dans les B Stories. Ainsi grâce aux B Stories, votre histoire s’avère satisfaisante pour le lecteur en acquérant une sorte de complétude.
Alors que le Story Goal se concentre sur un objectif externe, physique tel que remporter une compétition, survivre, s’évader, fuir les forces de l’ordre ou obtenir quelque chose, la B Story apporte des informations sur les personnages secondaires ou bien sur une Love Interest (une histoire d’amour) qui entre alors en résonnance avec le Story Goal.
Il arrive assez souvent qu’une action dans la B Story donne les moyens au héros d’aboutir sa quête.
Pour ajouter de la profondeur à vos personnages, faites en sorte qu’ils aient des choses à cacher.
Ce qu’ils cachent est souvent très révélateur de traits de caractère. Secrets et mensonges sont équivalents. Il est probable que tout soit une question d’aveuglement. Le personnage se cache certaines vérités auxquelles il ne peut faire face.
Lorsque Jerry Maguire écrit cette note pour tenter de définir un sens à sa vie, il est encore dans l’illusion. Il n’est pas cette personne qu’il décrit dans la note. Ce manifeste est plus la réponse à une crise de colère qu’il n’est en réalité ce que Jerry Maguire pense qu’il devrait ou pourrait faire.
Cette note lui faire perdre son emploi et tous ses clients (sauf un) et tout au long de l’histoire, il s’accroche à cette illusion qu’il a décrit dans sa note jusqu’au moment où il prend conscience de sa réalité et se surprend à espérer qu’il est cette personne qu’il a décrit dans ce manifeste.
Cet aveuglement sur soi-même est très puissant dans la conduite d’un personnage et comme vous le constatez, même en l’écrivant noir sur blanc, en se livrant ainsi à un succédané d’analyse, on ne parvient pas à croire à cette vérité personnelle.
Les secrets et mensonges sont souvent le point de départ d’une quête d’honnêteté et d’authenticité émotionnelles. Ils concernent l’arc dramatique du personnage dont l’évolution consiste à passer d’une état inauthentique vers un état authentique.