Ronald B. Tobias in 20 Master Plots (1993) nous explique que l’intrigue et le personnage sont les deux forces vitales de toute oeuvre de fiction.
Il prend pour exemple une légende urbaine connue sous le nom de « The Choking Doberman« .
Après une matinée de courses, une femme rentre chez elle et trouve son Doberman en train d’étouffer. Elle se rua chez le vétérinaire où elle laissa le chien pour des soins d’urgence.
A peine de retour chez elle, le téléphone sonna.
C’était le vétérinaire.
« Sortez de votre maison immédiatement » lui cria-t-il au téléphone.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda-t-elle ;
« Sortez. Allez chez un voisin. J’arrive immédiatement ! »
Effrayée par le ton de la voix du vétérinaire, la femme fit ce qu’on lui demandait et alla chez un voisin.
Quelques minutes plus tard, 4 voitures de police stoppèrent devant chez elle en faisant crisser leurs pneus. Les policiers se ruèrent dans sa maison, armes à la main. Horrifiée, la femme sortit pour voir ce qu’il se passait.
Le vétérinaire arriva et lui expliqua. Lorsqu’il a examiné la gorge du Doberman, il a trouvé deux doigts humains. Il a tout de suite imaginé que le chien avait surpris un cambrioleur. La police trouva en effet un homme caché dans les toilettes et serrant fort sa main ensanglantée.
Evidemment, lorsque cette histoire est racontée de bouche à oreille, chacun, ignorant alors qu’il s’agit d’une légende urbaine sans fondement (personne n’a d’ailleurs jamais donné la moindre preuve de sa véracité), aura tendance à croire à cette histoire ou au mieux l’acceptera avec des pincettes mais ne la remettra pas en question.
Le fonctionnement d’une légende urbaine est similaire à celui des fables, des contes de fées ou bien encore des mystères. L’histoire est racontée oralement encore et encore et elle s’affine au cours de ce processus de réécriture en quelque sorte jusqu’à ce que son intrigue devienne parfaite.
Une intrigue
« The Chocking Doberman » est purement et simplement une intrigue et c’est de la réussite de cette intrigue que cette légende urbaine tire sa crédibilité.
Elle s’organise en trois mouvements :
1) Le premier mouvement met en place l’histoire en introduisant à la fois une condition dramatique et du mystère lorsque la femme rentrant chez elle trouve son Doberman en train de s’étouffer et qu’elle l’emporte immédiatement chez le vétérinaire.
2) Le second mouvement débute au moment où le téléphone sonne lorsqu’elle est de retour chez elle. Un élément de danger est introduit lorsque le vétérinaire, très inquiet, lui ordonne de sortir immédiatement de sa maison. Intuitivement, nous savons que ce danger est lié au mystère du chien qui s’étouffe et nous essayons déjà de comprendre comment.
La femme s’enfuit de chez elle et s’éloigne de la menace inconnue.
3) Le troisième mouvement correspond à l’arrivée très ostentatoire de la police qui pointe sur l’ampleur du danger puis le vétérinaire arrive aussi sur les lieux et explique le mystère.
Une explication confirmée par la découverte du cambrioleur.
L’intrigue a évoluée conformément à ce que l’on s’attend d’une histoire. Elle possède un début, un milieu et une fin. Ces trois mouvements qui remontent à la nuit des Temps sont autant d’étais qui soutiennent notre inclinaison à accepter une histoire. Elle a un protagoniste (la femme), un antagoniste (le cambrioleur) et une bonne dose de tension et de conflits.
Tous les ingrédients sont assemblés.
L’intrigue donne du sens à une histoire. Sans elle, point d’histoire. Sans les personnages qui incarnent ou illustrent les fonctions dramatiques de l’intrigue, point d’histoire.
C’est en cela que les concepts d’intrigue et de personnage sont les deux forces vitales d’un récit.
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