Le Parrain (1972) de Francis Ford Coppola
Scénario de Mario Puzo et Francis Ford Coppola
D’après le roman éponyme de Mario Puzo
MICHAEL CORLEONE a du sang-froid, est impitoyable, intelligent et déterminé. Son habileté à sortir des coups durs, à prendre les bonnes décisions et à imposer le respect ferait de lui un bon parrain. De tous les enfants de VITO CORLEONE, il est certainement le meilleur candidat pour prendre en charge la famille.
Mais MICHAEL n’est pas supposé s’impliquer dans la Mafia. Sa destinée serait plutôt d’être sénateur voire président.
Même lorsqu’il commence effectivement à travailler pour son père, il ne semble pas avoir accepté tout à fait cette décision. D’ailleurs il promet à KAY qu’avant leur mariage, la famille deviendra légitime selon ses propres mots et il recherchera toujours cette légitimité.
KAY ADAMS et MICHAEL CORLEONE se sont rencontrés alors qu’ils étaient étudiants. Amoureux l’un de l’autre, ils furent mariés de 1951 à 1960. KAY ADAMS symbolise le désir initial de MICHAEL de suivre une voie plus dans l’esprit de l’American Way of Life.
Contrairement à son père qui semble à l’aise comme parrain, MICHAEL est plutôt accablé par les responsabilités. Cependant, son sens de la famille est aiguisé et il s’implique énormément dans le bien-être de ceux qui l’entoure. En quelque sorte, MICHAEL rejoint le destin mythique des enfants d’immigrants en Amérique avec en toile de fond le sacrifice de l’âme et du corps.
Il a comblé les espérances que ces parents immigrés avaient sur lui mais après avoir dû quitter précipitamment le pays après la tentative d’assassinat sur son père et qu’il ait tué VIRGIL SOLLOZZO et le CAPITAINE McCLUSKEY, il laissa derrière lui KAY et ses deux enfants, MARY et ANTHONY.
MICHAEL CORLEONE peut être aussi vu comme un personnage tragique. Immensément talentueux, puissant, il est cependant barré par ses faiblesses :
– Son insatiable désir de vengeance qui l’emprisonne dans un filet de violence et de récriminations duquel il ne peut s’échapper,
– Ses illusions de pouvoir qui l’empêche de voir que la légitimité tant recherchée est impossible à obtenir,
– Son sentiment d’être toujours en guerre, toujours menacé qui ne lui accorde jamais un moment de répit.
KAY et MICHAEL finalement renouèrent mais la mort de leur fille MARY dans un attentat visant son père scella définitivement le destin de MICHAEL.
Les liens entre MICHAEL, KAY et ANTHONY furent définitivement rompus et MICHAEL mourra seul dans le jardin de sa villa sicilienne.
Il est tragique de penser que MICHAEL s’éteindra seul, loin de sa famille qu’il a toute sa vie voulu sauver et rendre légitime mais à laquelle il n’a apporté que douleur et mort.
Le personnage de MICHAEL CORLEONE est avant tout une figure tragique. Les blessures qu’il porte en lui sont la cause de son immense souffrance.