WESTERN : DEFINITION DU GENRE

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Le western est un phénomène complexe aux nombreuses variantes et la catégorisation en genres est tout aussi problèmatique et incertaine.
Le genre du western a connu de nombreuses transformations ou variantes au cours de son histoire oscillant entre le classique et le cliché, entre la romance et l’épopée…
Tenter de discerner une structure universelle dans ce mille-feuilles du western n’est pas aisée. De toutes façons, tenter de définir un phénomène culturel reste réducteur et a tendance à généraliser et à limiter l’impact et la portée de ce phénomène. Par ailleurs, cette définition a aussi l’avantage de proposer une grille d’évaluation en quelque sorte qui permet de déterminer si une histoire est en adéquation avec les caractéristiques d’un genre et de la classer dans ce genre.

Définir un genre comme le western (et peut-être même vouloir définir n’importe quel genre) est souvent le lieu de débat. Cependant, des efforts louables ont été faits afin d’affiner cette définition et nous allons tenter de la donner dans cet article.

Tout d’abord, le western est d’essence américaine. Comme l’a écrit André Bazin, le western est enraciné dans l’histoire de la nation américaine.
L’époque historique couverte par le genre du western s’étend de la fin de la guerre de sécession (The Civil War) en 1865 jusqu’à 1890 qui marque la fin de la colonisation de l’Ouest.

Certains iront même jusqu’à dire que l’Ouest Sauvage (Wild West) est l’histoire américaine (le western élévé au rang de mythe en fin de compte).
Robert Warshow dans The Westerner (1954) :

As guns constitute the visible moral center of the Western movie, suggesting continually the possibility of violence, so land and horses represent the movie’s material basis, its sphere of action.
Comme les armes constituent le centre moral des westerns, suggérant continuellement la possibilité de la violence, ainsi le territoire et les chevaux représentent le matériel de base des films, leur sphère d’action.

Ce qui signifie qu’il y a trois caractéristiques fondamentales que le western se doit de posséder : des armes, un territoire et des chevaux.
Ce n’est donc pas la figure du héros qui marque le genre.

Les armes sont donc une forme de communication dans le western et la violence qu’elles répandent est l’action même du genre. Le héros n’est pas un homme de mots mais bien davantage d’actions et s’il ne se présente pas avec une arme, l’amateur de westerns en est tout déstabilisé.
Pourtant, ce n’est nullement la violence qui est au cœur du western mais plutôt, l’homme, héros ou non, qui se définit lui-même à travers la violence. Et lorsqu’il est le personnage principal, cet homme est l’image avec laquelle le lecteur (mas pas la lectrice) s’identifie le mieux.

Et bien que la notion de violence ait été rejetée dans nos sociétés (probablement hypocritement), beaucoup d’hommes admirent (parfois inconsciemment) la facilité avec laquelle le cowboy résoud ses problèmes en appuyant simplement sur la gâchette de son pistolet.

Selon Robert Warshow, la sphère de l’action est caractérisée par les chevaux et le territoire.
Tout particulièrement le territoire, le paysage de l’Ouest américain, est l’élément dramatique le plus saillant du genre. C’est l’appartenance du genre à cet espace, le lien profond qui unit les personnages à cette terre qui caractérisent tout particulièrement le western. Lorsqu’on prononce le terme western, on ne se pose pas la question du lieu et si ce lieu n’était pas respecté par l’auteur, le lecteur en éprouverait certainement une frustration. Le territoire très spécifique de l’Ouest américain est donc devenu une nécessité dans le western et des tentatives pour situer le western hors de ses frontières narratives naturelles prennent certainement un gros risque.
D’ailleurs, les productions européennes de westerns se sont tournées pour une large part vers l’Espagne ou la Croatie pour conférer à leurs histoires un look authentique de western par la configuration des lieux.

Ces paysages dégagés à perte de vue confèrent un sentiment ambigue. En effet, l’horizon sans fin donne un sentiment de liberté palpable mais dans le même temps, ils nous rappellent notre insignifiance par rapport à la nature.
Autrement, ce paysage peut devenir comme  un personnage de l’histoire y compris dans la fonction de l’antagonisme si ce paysage omniprésent doit être dépassé, surmonté afin que le héros parvienne à son but.

Le cowboy

Le cowboy est la caractéristique la plus perceptible  du western. Il est le phénomène qui l’engendre.
Le western est d’ailleurs l’un des rares genres qui impose une tenue vestimentaire codifiée : Stetson, tour de bottes en cuir, éperons.
Le cowboy possède une arme évidemment ou est accomodé aux armes et il monte à cheval.

Le nomadisme est assez répandu parmi les cowboys, il n’a pas de demeure fixe et son mode de vie est plutôt élémentaire. Le cowboy se caractérise aussi par sa solitude même lorsqu’il est accompagné. Le cowboy ne se construit pas dans la relation à l’autre. D’ailleurs, il a beaucoup de difficultés soit à trouver, soit à garder un amour.
A croire que son seul compagnon est son cheval.

Robert Warshow le qualifie de man of leisure c’est-à-dire qu’on  le voit la plupart du temps au saloon, buvant ou jouant, avec pour seule confidente la jolie entraîneuse.
Il est vrai aussi qu’il accepte de temps en temps un sale boulot mais cela sert très souvent les intérêts de la collectivité sans que cela lui serve personnellement.

D’ailleurs, il ne fait jamais rien pour lui. On a le sentiment qu’il a une mission bien plus élevée et qu’il fait ce qu’il a à faire pour le bien commun (c’est un héros après tout et ce caractère sacrificiel est un élément de personnalité archétypique chez les héros).

A lire :
VOGLER : L’ARCHETYPE DU HEROS

Bien que le cowboy se batte pour la justice, il n’en est pas moins un tueur (il est souvent une bonne gâchette ce qui a un prix). Donc, c’est une figure assez ambigüe qui met très bien en avant chez un protagoniste son côté le plus sombre.

Les conventions du genre

Nous l’avons dit, l’histoire du peuple américain est la toute première convention que l’on doit admettre autour du western.
Les thèmes développés dans le western sont aussi une convention communément admises au-travers des personnages et des situations.
– La loi des armes contre la loi des hommes. C’est le but simple de maintenir la loi et l’ordre face à la violence et à la soif de pouvoir des hommes. On a d’ailleurs une variante très originale de ce thème avec Impitoyable de David Webb Peoples dirigé par Clint Eastwood.
– La vengeance (ou régler un vieux compte) : Winchester 73 ou Le train sifflera trois fois.
– La rivalité familiale (ou des romances sur fond de rivalités famililales)  : La fille du bois maudit de Grover Jones, Horace McCoy, Harvey Thew, d’après le roman « The Trail of the Lonesome Pine’ de John Fox Jr. ou bien encore L’homme du Kentucky de A.B. Guthrie Jr. d’après The Gabriel Horn de Felix Holt.
– The Frontier qui corresponds à la Conquête de l’Ouest qui a joué un rôle très fort dans l’imaginaire américain et dans l’identité même de la société américaine. Cette Frontier est à l’origine de nombreux westerns lyriques, d’épopée et a été un thème souvent employé par John Ford ou John Wayne.
Ces quelques thèmes ne sont que quelques exemples.

Le western est un genre à part entière, ce n’est pas un hybride même s’il emprunte dans son expression des éléments dramatiques commun avec la romance, la tragédie, la comédie.
Il lui arrive aussi assez souvent de véhiculer une éthique, des valeurs morales.

Une autre convention du western est l’emploi d’icônes.
– Le hat code par exemple qui indique un code moral comme un Stetson noir qui symbolise le méchant de l’histoire alors que le héros serait plus enclin à porter un Stetson clair…
– Les paysages dont nous avons déjà parlé et qui sont véritablement iconique du genre.
– Le teepee, évidemment, qui résume à lui seul la civilisation amérindienne.
– Le saloon, très utile pour communiquer des informations sur vos personnages, est un lieu récurrent à la fois dans la fiction elle-même qui fait apparaître ce lieu très particulier plusieurs fois au cours du déroulement de l’histoire et à travers toutes les fictions qui se réclament du genre du western.
Ici encore, ce ne sont que quelques icônes que le western arbore.

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