Le thème ne doit pas être confondu avec la morale ou le message de l’histoire. Alors qu’un thème énonce des vérités fondamentales et universelles qui affectent la moralité des hommes et des femmes de notre monde, un message est beaucoup plus spécifique.
Un thème soulève des questions et suggère des réponses qui interpellent tout un chacun sur la façon qu’il vit sa vie et le thème peut montrer la voie.
Si le thème résonne tant soit peu dans notre esprit, vers une plus grande honnêteté envers soi-même et les autres et aussi peut-être vers une plus grande moralité (si l’intention de l’auteur est sincère et que la destination morale qu’il donne à ses écrits ne soit pas teintée d’orgueil), le thème peut en effet montrer la voie vers quelque chose de plus grand que soi-même.
Le thème n’est pas un message
Cependant, le thème n’est pas un message didactique destiné à nous enseigner comment appliquer dans notre propre vie le principe thématique qu’il expose. Le thème n’a pas pour vocation d’éduquer mais de nous montrer des vérités dont nous n’avions peut-être pas conscience.
Si nous devions écrire une histoire qui démontre comment appliquer son thème dans nos propres vies individuelles, nous devrions écrire une histoire qui s’adresse au plus grand nombre pour que tous puissent suivre ce que le thème préconise. Dit autrement, vos personnages seraient tellement polymorphes et vagues et ennuyeux que peu de lecteurs iront jusqu’au bout de votre récit parce que paradoxalement, ils ne s’y reconnaîtront pas. Vous risquez même d’être traité de moralisateur démagogue.
Le thème est un principe général. Un message est un exemple spécifique de ce thème. Un message illustre en actions le principe énoncé par le thème.
Justice et miséricorde sont des thèmes. Tu aimeras ton prochain comme toi-même est un thème. La joie, la paix, l’amour sont des thèmes. Un message donnera un exemple particulier pour chacun de ces thèmes en illustrant une situation spécifique.
Lorsqu’un personnage débute son arc dramatique (son évolution dans l’histoire si l’auteur a décidé que son personnage ne devait plus être le même au dénouement), il est généralement dans un système de croyances et de valeurs soit erroné, soit qui ne correspond plus à sa vie actuelle.
En remontant cet arc, le personnage se dirige alors vers la vérité que contient le thème. Au long de ce parcours, il rencontre des événements qui agissent sur lui et le forcent à réagir (les événements sont des forces dramatiques), à faire des choix et à prendre des décisions qui progressivement lui permettent de se révéler à lui-même.
Mais cette vérité n’apparaît pas dans sa totalité. Les événements que le personnage surmonte ne sont que des étapes, des morceaux du puzzle de cette vérité qui s’assemblent au fur et à mesure de la progression du personnage et qui achèvent sa complétude lors de la résolution de l’histoire.
Le thème n’est pas une solution
Melanie Anne Phillips et Chris Huntley (les auteurs de Dramatica) expliquent :
…we know that characters often work not toward the real solution but to a perceived solution. And characters frequently grapple with a problem that is ultimately recognized as only a symptom of the real problem.
Nous savons que les personnages souvent ne vont pas vers la vraie solution mais plutôt vers une solution perçue. Et les personnages fréquemment se battent avec un problème qui est en fin de compte seulement un symptôme du problème réel.
Cette solution perçue est due à plusieurs facteurs : la psyché du personnage, le manque d’informations, ses expériences… Mais il est surtout vrai que la psychologie du personnage biaise la perception réelle de la situation.
L’expérience acquise lors des affrontements au cours de l’intrigue façonne progressivement de nouvelles valeurs qui autoriseront alors le personnage à rencontrer réellement son problème et à le vaincre ou non. Des affrontements, d’ailleurs, qui ne sont pas nécessairement physiques. Le personnage peut connaître aussi de graves turbulences internes et se battre contre lui-même.
De son côté, Michael Hauge écrit dans Writing screenplays that sell :
Theme is also not the same as message. A message, by my definition, is a political statement. It is a principle that concerns people in a particular situation and is not universally applicable to any member of the audience.
Aussi, le thème n’est pas la même chose qu’un message. Un message, selon moi, est une déclaration politique. C’est un principe qui concerne des gens dans une situation particulière et n’est pas universellement applicable à tous les membres du public.
En d’autres termes, le thème s’applique à tout un chacun alors que le message s’applique seulement à des personnages et à leurs situations spécifiques.
Dans Spiderman de David Koepp, le thème est qu’avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités mais le message précis qui accompagne ce thème dans Spiderman est que pour assumer cette responsabilité, cela signifie donner des beignes aux méchants.
Ainsi, le thème est universel, chacun le comprend et peut l’interpréter à sa façon puisque aucun message ne l’accompagne.
Cependant, le message (c’est-à-dire l’interprétation et la réponse que l’auteur insinue dans ce thème universel) est que l’exercice des responsabilités quels que soient les pouvoirs dont nous sommes gratifiés signifie faire le coup de poing. Or, cette interprétation du thème est très particulière, elle ne peut s’appliquer à tout le monde.
Mais comme ce message est soutenu par une vérité universelle, alors l’histoire nous parle plus que de se distraire à voir un justicier en collants. Ainsi, une histoire ne peut se passer d’ajouter un message puisque ce dernier est le véhicule par lequel le thème atteint le lecteur.
Ne pas fondre thème et message
Le souci avec cette définition apparaît lorsque le message se confond avec le thème. Prenons l’exemple de l’histoire d’un gamin qui trouve un portefeuille avec de l’argent dedans. Sa première réaction est de vouloir garder l’argent puis il se ravise et décide de rapporter à son propriétaire le portefeuille et l’argent.
Il n’y a pas de différence entre le thème et le message. Ici, le message s’applique à tous les gamins pas seulement à celui de l’histoire. Le thème et le message sont identiques, le message est inclus dans le thème. Dans ce cas, l’auteur ne peut éviter l’impression d’être un peu trop moralisateur et celle-ci ne crée aucune curiosité, aucune compassion envers le gamin.
Pour parer à cette éventualité, il faut que le thème puisse naître du message. Pour cela, il faut partir d’une situation et non pas d’un thème. Votre personnage est dans une situation. Par exemple, Spiderman. Il combat les méchants, c’est son rôle de justicier.
Pourquoi endosse-t-il ce rôle en plus de ses collants ? parce qu’il possède la capacité de faire physiquement mal aux méchants. Cette capacité est un pouvoir qu’il utilise à bon escient. Alors, ce pouvoir lui confère des responsabilités et on peut déduire le thème : Avec le pouvoir viennent les responsabilités.
Dramatica ajoute :
Theme will not be a universal meaning for all things, but a smaller truth pertaining to the proper way of dealing with a particular situation.
Le thème ne sera pas une signification universelle pour toutes les choses (de l’histoire), mais une vérité plus petite appartenant à la meilleure façon de traiter une situation particulière.
Cette vérité plus petite est le message. Une fois que vous aurez identifié ce message, alors vous pourrez trouver votre thème et l’exposer intelligemment en le connotant à votre récit.
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