Dernière partie sur notre article d’une structure dramatique en 10 étapes.
Les articles précédents :
- UNE STRUCTURE DRAMATIQUE EN 10 ÉTAPES – 1
- UNE STRUCTURE DRAMATIQUE EN 10 ÉTAPES – 2
- UNE STRUCTURE DRAMATIQUE EN 10 ÉTAPES – 3
L’acte Trois
8) Le passage dans l’acte Trois
Concernant le passage dans l’acte Trois, les auteurs divergent. Certains considèrent que le moment de crise (que nous avons placé à la fin de l’acte Deux) correspondrait à cette entrée dans l’acte Trois.
Peut-être que ma proposition de plutôt considérer la sortie du moment de crise au début de l’acte Trois serait plus logique. A chacun de suivre son envie.
Résumons un peu ce moment de crise. Votre personnage principal a été forcé dans ses derniers retranchements. Un lieu empli de désespérance. Il va devoir analyser ses actions et ses motivations.
Nous atteignons à ce moment à la fin de son arc dramatique. C’est-à-dire que l’évolution du personnage principal sera close avant que ne débute la confrontation finale, c’est-à-dire le climax.
Le moment de crise ou de vérité (une épiphanie en somme) lui permet de comprendre à quel point son état d’esprit jusqu’à présent était destructeur (ou simplement inefficace). Il prend conscience du mensonge qu’il se faisait à lui-même (un mensonge qui lui permettait de vivre une vie altérée par un trauma de son passé) et qui l’empêchait d’atteindre à son véritable être.
Soudain, il ose faire face à son passé. Il l’intègre. Le passé va s’entrelacer au présent et ainsi, le présent portera les germes d’un futur plus adéquat avec la véritable nature du personnage.
A la sortie de crise, le personnage a donc élaboré une nouvelle stratégie. On ne le précipite pas immédiatement dans le climax. Il existe un temps de préparation.
il est possible d’ailleurs d’ajouter une nouvelle information à ce moment de l’histoire. Ce sera ainsi la dernière information qui sera communiquée à la fois au héros mais aussi au lecteur. Après cette dernière information, tout sera dit.
Il peut être pratique d’écrire ce passage dans l’acte Trois après le moment de crise et après la résolution. Ainsi, vous aurez une idée de l’information qui doit être communiquée à ce moment du passage et vous pourrez vous assurer que le moment de crise est justifié.
Quelques lectures conseillées :
9) Le climax
Le climax est ce point particulier de la structure d’un récit dramatique où le conflit et la tension dramatique atteignent un apogée. En d’autres termes, il est orienté vers la résolution ou le dénouement de l’histoire.
Dans Apocalypse Now, on peut raisonnablement estimer que le climax est ce moment où Willard finit par assassiner Kurtz.
Imaginons que vous ayez écrit un scénario dans lequel vous avez fait exploser un bus, puis un avion et que vous soyez parvenu à la fin de l’acte deux à tuer la moitié de vos personnages.
Nul doute qu’après un tel feu d’artifice, le climax sera délicat à écrire. Puisque étant un élément de la structure à l’intensité maximale, il va falloir faire beaucoup mieux que ce que vous avez parsemé tout au long du scénario.
Maintenant, le climax se réduit à l’essentiel, c’est-à-dire le héros et le soi-disant méchant de l’histoire. Après tout, depuis le début de l’histoire, nous avons un personnage principal qui se débat avec un problème incarné par une force antagoniste.
Il est donc logique que le héros sera seul à affronter cette force. Par exemple, Spiderman se livre un combat à mort et en tête à tête avec le Bouffon vert.
Considérez le climax comme une lutte où l’un des deux belligérants devra mourir, littéralement ou métaphoriquement. Gardez en tête que le climax ne survient pas parce que vous pensez en avoir assez dit dans le cours de l’intrigue. Celle-ci doit amener ce climax. Et pour ce faire, elle va s’arranger (du moins l’auteur) pour que le tension dramatique ne cesse de croître.
C’est seulement lorsque la tension ne pourra être plus intense qu’il est alors temps de penser au climax.
Prenons Speed de Graham Yost. Après maintes péripéties, Jack sauve les passagers du bus, parvient à projeter le véhicule contre un avion avant de sauter du bus et de le voir exploser.
Nous pourrions penser que c’était le climax de l’histoire. Ce serait oublier l’antagoniste. Jack n’a fait que réduire à néant les plans de ce dernier.
Mais le méchant est toujours dans la nature. Jack n’a pas encore livré sa dernière bataille. D’autant plus que Annie et lui sont tombés amoureux. Ce qui représente un enjeu crucial pour Jack. Ce n’est plus un fou terroriste qu’il doit mettre hors circuit. Cela n’est pas un enjeu et ce serait même de la routine pour Jack.
Jack doit maintenant sauver la vie de Annie que Payne menace directement. C’est quelque chose qui le touche personnellement. Ainsi lorsqu’il s’agissait de sauver les otages du bus, Jack travaillait conjointement avec les forces de l’ordre.
Maintenant, il doit affronter seul Payne. Payne est devenu son problème et non plus celui de la communauté.
Un autre exemple est celui du Silence des agneaux. Lorsqu’à la fin de l’acte Deux, les agents du FBI félicitent Clarice pour leur avoir permis de localiser Buffalo Bill et de procéder à son arrestation, on reste quelque peu sur notre faim.
Bien sûr, la confrontation entre Clarice et Lecter tout au long de l’intrigue a été éprouvante. Mais il manque décidément quelque chose.
Et c’est alors que l’on comprend que Buffalo Bill n’est pas là où le FBI l’espérait. Clarice ira donc seule s’occuper du tueur et sauver la fille. Et pendant ce temps-là, Lecter (son mentor) s’échappera.
Dans Ray de Jimmy White, le climax est celui de Ray Charles luttant seul dans un lit d’hôpital contre son addiction à l’héroïne. L’antagoniste de Ray, c’est lui-même.
il est important de comprendre que le lecteur souhaite partager l’expérience du personnage principal. Il veut être transporté dans son monde et oublier pendant toute la durée de la fiction sa propre vie. Nous voulons voir le héros surmonter les obstacles et apprendre des choses sur lui-même au cours de son aventure.
Il est alors logique de penser que nous voulons voir les choses résolues. Si ce personnage principal ne finit pas ce vers quoi toute l’histoire l’a mené, nous en ressentirions une profonde frustration.
10) Le dénouement
Le dénouement offre l’opportunité au lecteur de voir quelles seront les conséquences de l’issue du climax pour le héros. Que deviendra sa vie maintenant ? Quelle personne est-il devenu qu’il n’était pas au début de l’histoire ?
Comment le monde a t-il changé autour de lui ? Le monde de l’histoire, s’entend. Si votre personnage principal est un jeune officier de police, son monde sera essentiellement son milieu professionnel.
Comme il a changé au cours de l’histoire, ses collègues par exemple ne pose plus sur lui ce regard presque condescendant. Il aurait ainsi gagné leur respect. Il est important aussi que le présent au moment du dénouement projette le personnage dans un futur que le lecteur s’imagine.
Si nous prenons l’exemple de Frodon, lorsqu’il s’en retourne chez lui, il ne pourra y rester car pendant son absence, le monde a continué à vivre. Mais il a changé et ce monde ne lui correspond plus. Il reprendra alors la route.