SCÉNARIO MODÈLE : PRINCESS BRIDE

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Princess Bride fut une collaboration réussie entre William Goldman et Rob Reiner. Bien que le film ne connut pas un grand succès à sa sortie, ce n’est que lorsqu’il fut édité en vidéo que ce film devint culte.

Il est difficile d’expliquer pourquoi un film devient culte. Peut-être qu’ici, l’intimité que cette histoire a su créer en chacun de ceux qui l’ont lue leur a permis de se servir des répliques, des situations, des comportements des personnages et de leurs perspectives pour trouver leurs propres solutions dans la banalité de la vie.

Princess Bride appartient au genre du merveilleux. Cette branche du fantastique se caractérise par le fait que l’impossible (du point de vue de notre réalité) est possible, que le surnaturel est naturel.
La magie fait partie du quotidien des habitants du monde merveilleux et l’auteur demande à son lecteur de croire lui aussi en ce monde (ou du moins de bien vouloir suspendre son incrédulité le temps de l’histoire).

Depuis que j’ai commencé cette série sur le scénario modèle, vous avez compris que la méthode proposée consiste à prendre le dénouement d’une histoire, à comprendre quel effet psychologique cette fin laisse sur le lecteur/spectateur et puis à inventer les circonstances et conditions qui permettent cet impact sur le lecteur.

Il s’agit en fait de reproduire une expérience. Et dans le cas présent, celle de Princess Bride.

La fin de Princess Bride

Ce scénario est un conte de fées. Il y a des géants, des miracles, des poursuites, de la vengeance, des créatures fantastiques, des méchants… Princess Bride est une histoire dans une histoire. C’est une histoire d’amour, celle d’un amour véritable, le seul vrai amour que l’on rencontre dans les contes de fée. Elle est lue à un petit garçon malade par son grand-père.

A la fin du scénario, les deux histoires, celle du grand-père qui lit le conte de fées et le conte de fées lui-même, sont terminées. Néanmoins, il y a une promesse. Une histoire n’est jamais vraiment terminée.
Le grand-père reviendra pour lire de nouveau l’histoire parce qu’entre ce petit garçon et son grand-père, il existe dorénavant un lien, une connexion unique et rare (qui n’existait pas au début et qui manque aussi parfois cruellement dans la vraie vie).

Un langage figuratif

Le langage figuratif utilise des mots ou des groupes de mots qui exagèrent ou altèrent le sens habituel des mots qui le composent. Par exemple la personnification, c’est-à-dire une figure de style dans laquelle des caractéristiques humaines sont données à un animal (comme dans l’anthropomorphisme) ou conférer à un objet. Par exemple, cette preuve saute aux yeux.

Le dispositif qu’utilise le plus William Goldman dans Princess Bride est l’ironie. On la retrouve dans la dérision (c’est une ironie verbale) ainsi que dans les situations.

Ainsi le Zoo de la mort devient un symbole pour le manque d’assurance et autres faiblesses du prince Humperdinck en tant qu’homme.
Le prince est un lâche qui n’admet pas sa lâcheté. Pour se convaincre d’un courage qu’il ne possède pas, il a créé ce zoo peuplé des animaux les plus dangereux qui soient et passe son temps à les chasser et à les tuer.

Il est intéressant de noter qu’il y a un niveau du zoo que le prince ne peuple pas parce qu’il espère pouvoir trouver quelque chose qui vaille vraiment la peine, quelque chose d’aussi dangereux, de féroce et de puissant que lui.
Le prince Humperdinck aime être défié et c’est là où se situe essentiellement l’ironie.

Parce que le prince enfermera Westley dans ce cinquième niveau. Westley est le plus grand adversaire de Humperdinck. Mais lorsque le prince capture Westley, celui-ci est poings liés.

Nouvelle ironie : pour le prince, c’est une victoire garantie. Il refuse le combat. Ainsi, cela renforce le Zoo de la mort comme symbole de la lâcheté et de la faiblesse du prince. Humperdinck n’est pas assez brave pour risquer de perdre, pas assez confiant en lui-même pour l’emporter contre l’homme qu’il identifie comme son opposant le plus valeureux.

Ce scénario possède un langage qui lui est propre.

Une sorte de langage secret dans lequel l’expression Comme tu voudras ou Comme vous voudrez signifie aimer. A la fin de l’histoire, le grand-père dit à son petit-fils Comme tu voudras signifiant par là qu’il l’aime. Maintenant ce secret est partagé par les deux personnages mais aussi par le lecteur.

Que doit-on comprendre de cette dernière réplique ? Le ressort psychologique, l’impression que cherche à donner l’auteur à son lecteur est l’enchantement. L’auteur souhaite partager le goût du merveilleux.
Ce scénario célèbre l’étendue du pouvoir de l’imagination. Il prend position dans l’éternel combat du bien contre le mal. Il démontre avec élégance le pouvoir de l’amitié et il nous permet de croire en l’amour.

Cette histoire ne cherche pas seulement à nous faire rire (elle frise parfois un ridicule voulu). C’est une histoire riche et passionnante avec des personnages que nous apprenons à aimer et dans lesquels nous reconnaissons quelques traits de nous-mêmes.

Ce lien magique que cette histoire crée avec son lecteur est précisément ce qui doit être recherché pour engendrer l’enchantement, c’est-à-dire faire partie d’une communauté mystérieuse (dont le symbole est précisément cette connexion entre le grand-père et son petit-fils).

Tout se passe comme si nous apprécions par nous-mêmes et pour nous-mêmes ce lien comme une vertu oubliée de la nature humaine que nous aspirons tant à éprouver de nouveau.
Alors que dans une épopée (comme Star Wars, par exemple), nous sommes conviés à une expérience de masse (nous avons l’impression de tous faire partie d’un grand plan, on est plus proche du sentiment religieux), Princess Pride nous invite à une expérience plus intime, plus personnelle, qui nous isole en quelque sorte avec nous-mêmes.

Le monde de l’histoire

Avoir un projet pour un scénario, c’est établir les dimensions d’un monde. Princess Bride nous propose deux mondes. Celui du grand-père et de son petit-fils qui sert de cadre au pays imaginaire de Florin.

En fait, ces mondes ne sont distincts qu’en apparence. Tous deux appartiennent à un même monde fondamental qui est véritablement le monde de l’histoire.
Nous avons vu précédemment (LA CONSTRUCTION DU MONDE DE L’HISTOIRE) que le monde fictif se caractérisait par une règle, une loi contre laquelle le héros de l’histoire luttait et que le méchant représentait.

Dès les premières lignes du scénario, il est clairement établi que la solitude imprègne l’atmosphère. Un enfant malade joue tout seul à un jeu vidéo et dans le pays imaginaire, Bouton d’or nous est présentée elle aussi s’adonnant à ses plaisirs favoris et solitaires : faire du cheval et donner des ordres à son valet de ferme Westley (qui consiste surtout à le tourmenter).

Il faut comprendre qu’il n’y a aucune intention mauvaise chez Bouton d’Or. C’est seulement l’ennui qu’elle cherche à tromper en agissant ainsi (tout comme le petit garçon qui n’apprécie guère la visite de son grand-père).

Bien sûr, en agissant ainsi, et l’enfant et Bouton d’Or ressentent une sorte de plaisir mais c’est une satisfaction bien peu satisfaisante, juste un petit plaisir personnel sans grandes conséquences.

Notons tout de même que le scénario précise une atmosphère pour l’un des mondes :
His room is monochromatic, greys and blues, mildly high-tech. We’re in the present day and this is a middle class house, somewhere in the suburbs.
Sa chambre est monochromatique de gris et de bleus, légèrement high-tech. Nous sommes dans le présent et c’est une maison de classe moyenne quelque part dans la banlieue.

Et comparons avec celui du merveilleux :
DISSOLVE TO :
The story he’s reading about, as the monochromatic look of the bedroom is replaced by the dazzling color of the English countryside.
DISSOLVE TO :
l’histoire qu’il va lire, l’aspect monochromatique de la chambre est remplacé par les couleurs chatoyantes de la campagne anglaise.

La force antagoniste

Bouton d’Or est le personnage principal. En tant que tel, elle a un ennemi. Son antagoniste sera le prince Humperdinck. C’est un être foncièrement égoïste qui parvient à convaincre Bouton d’Or de l’épouser (celle-ci accepte par désespoir depuis la disparition de Westley).

Mais le prince n’est pas du type romantique. Il a un plan pour faire la guerre contre un état voisin. Ce plan consiste à faire assassiner Bouton d’Or (par l’un de ses sbires nommé Vizzini) et d’en accuser ses voisins comme déclaration de guerre.
On peut d’ailleurs se demander jusqu’à quel point Bouton d’Or n’est pas suicidaire (et donc responsable de sa situation, ironie encore) depuis qu’elle a réalisé qu’elle sera à jamais égarée dans sa solitude.

Le méchant de l’histoire est celui qui incarne la règle qui régit le monde. Nous avons interprété celle-ci comme quelque chose de très proche du nombrilisme. Le prince est tout à fait dans ce cas lorsqu’il manipule son entourage comme des pions pour jouer tout seul dans sa tête à un drôle de jeu.

Humperdinck est un paranoïaque introverti comme le suggère sa réplique lorsqu’il considère que tout est un piège et que c’est précisément cette attitude qui le maintient en vie.

Que pouvons-nous déduire de cette approche de Princess Bride ? D’abord, que l’on peut exposer deux mondes totalement différents tant qu’ils répondent au même monde de l’histoire et à la règle qui en gère l’action.

Autre fait important : le merveilleux fonctionne comme le mystère. Il s’agit de la même structure.

Mystère et structure

Le mystère est un défi à écrire. L’intrigue doit être savamment pensée. Les personnages doivent participer de ce mystère et l’auteur devrait avoir compris comment générer du suspense.
Une histoire qui engage activement son lecteur dans la résolution du mystère en tentant d’assembler les différents fils conducteurs (qui sont souvent des impasses) demande quelques éléments dramatiques pour fonctionner.

Une accroche

L’accroche est un concept (comme une image) qui va créer de la curiosité chez le lecteur. Il va commencer à se poser des questions et déjà cela lui donne l’envie d’en savoir plus.
Dans Princess Bride, l’accroche est précisément la présence de ces deux mondes totalement différents.

La participation du lecteur

Il est évident que nous écrivons pour un lecteur. Dans le genre du mystère, il est important de laisser le lecteur assembler lui-même les informations qui lui seront données.
Le lecteur est intelligent. Ne lui tenez pas la main en lui expliquant l’histoire au fil des événements.

Parsemez l’histoire d’indices sans qu’ils soient trop flagrants. Inventez des personnages qui seront sincères et d’autres qui mentiront sur leurs véritables intentions (mais ils ne seront pas l’antagoniste qui est parfaitement désigné par ailleurs). Ainsi le lecteur devra faire la part des choses entre les informations.

Autre point important qui permet la participation du lecteur. Ayez différentes explications possibles pour le mystère. Comme par exemple de possibles raisons naturelles ou surnaturelles quant à la disparition d’un personnage.

De fausses pistes

C’est un élément majeur des mystères. Conduire le lecteur à croire certaines choses pour ensuite lui démontrer qu’il se trompait est un moyen de détourner son attention du coupable ou de retarder la découverte de la vérité. Les fausses pistes permettent la tension et le suspense et rendent l’histoire encore plus captivante.

Une fausse piste peut être un personnage qui semble bien plus suspicieux ou complice du mal qu’il ne l’est vraiment. Un objet peut être investi d’une importance soudaine, attirer l’attention pour finalement s’avérer être un McGuffin, c’est-à-dire quelque chose qui n’a aucune importance dans l’intrigue.

On peut faire de même avec un événement. Tout cela ajoute au suspense (quel que soit le genre) et aiguise la curiosité et l’anticipation du lecteur.

Les personnages

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Un personnage crucial pour l’histoire est le grand-père. C’est manifestement quelqu’un d’excentrique. Il arrive avec un livre soigneusement empaqueté. Les détails sont toujours d’une importance primordiale dans la signification d’une scène. Ici, on peut comprendre que si le grand-père s’est donné la peine d’emballer le livre, c’est que c’est un secret à partager.

Et le scénario continue dans cette veine lorsque le grand-père explique que ce livre a servi à créer une petite communauté (il est lu aux enfants malades de génération en génération ce qui lui confère immédiatement une aura magique).

Qui plus est, ce n’est pas un best-seller que tout le monde connaît. C’est plutôt un joyau caché dont le secret passe de génération en génération. Et maintenant, le lecteur aussi est dans la confidence. Pour partager le secret, il suffit d’ouvrir le livre.

ScénarioUn autre personnage important est Westley, le valet de ferme. Lui aussi est destiné à ne devenir qu’un avec un autre personnage (et non seulement Bouton d’Or mais aussi l’homme en noir, lui-même personnifiant un autre personnage).

Tout comme le grand-père (dont il est l’écho dans le monde merveilleux), Westley est un marginal. Il ne sait faire que deux choses : obéir aux ordres de Bouton d’or et lui répéter (les seuls mots qu’il ne lui a jamais dit) Comme vous voudrez.

Petit à petit, une signification se fait jour. Bouton d’Or réalise que ce que lui répète inlassablement Westley est Je vous aime et toute surprise elle-même, elle se rend compte qu’elle l’aime aussi.

Que pouvons-nous comprendre de ces personnages ? Que sous l’apparence il y a quelque chose de plus. Qu’il faut savoir lire l’autre ou bien se donner à lire à l’autre afin que l’altérité s’estompe au profit d’une affection mutuelle.

Ici, la lecture de l’autre se fait par le langage qu’il s’agit d’interpréter pour découvrir le sens caché des mots. Encore une fois, le mystère est lié au merveilleux, à l’enchantement.

Pour mettre en place un processus similaire dans votre propre scénario, faites un portrait un peu étrange du personnage principal puis révélez (ou suggérez plutôt) qu’il y a quelque chose d’autre qui se cache sous la surface.
Et ce quelque chose sera l’instrument d’une affection mutuelle à venir entre deux personnages. Le lecteur l’anticipera et cette participation est nécessaire à la compréhension du texte.

La tonalité

Le ton et l’atmosphère de Princess Bride dans les deux mondes reflètent le style très personnel de William Goldman (auteur du roman et de l’adaptation) qui est à la fois jovial, familier, spirituel et laconique.
L’approche de William Goldman est de présenter l’œuvre d’un auteur fictif (Morgenstern) tout à fait différent de lui-même en révisant le texte fictif original en n’en gardant que les bonnes choses (du point de vue moral).

L’atmosphère est toujours légère avec une belle dose d’ironie jusqu’à ce que, soudainement, William Goldman nous révèle le message bien plus sombre tapi sous la légèreté du ton.

Par exemple :
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il y a des moments étranges dans ce scénario mais le plus révélateur d’entre eux est lorsqu’Inigo demande à Westley s’il a 6 doigts à la main droite. Cette réplique semble provenir de nulle part et si elle est peut paraître amusante, ce n’est que parce qu’elle est étrange.

La réponse de L’homme en noir peut faire sourire mais elle recèle en fait un sens caché. Elle suggère pour le lecteur que la question d’Inigo n’est pas aléatoire et qu’elle reflète quelque vérité bien plus profonde et secrète.

Le ton employé est celui de l’ironie. Inigo décrit une réalité avec le regard d’un enfant de 11 ans. Et bien que les termes qu’il utilise valorise la situation décrite, son intention révèle un vrai malaise qu’il tente de partager avec L’homme en noir.

Cela invite le lecteur à participer davantage à la scène en prenant position sur le personnage d’Inigo. En fait, le ton de Princess Bride oriente le regard du lecteur. Le risque pour l’auteur est que l’on peut suivre son regard mais on peut aussi le refuser.
Ce qui peut expliquer le manque d’engouement lors de la sortie du film et son devenir en film culte après la sortie en vidéo. Il est possible que cet imaginaire si singulier ait agi comme un onguent à un moment où l’on en avait le plus besoin.

Un ton ironique comme celui de Princess Bride consiste à juxtaposer une réalité et une interprétation absurde de celle-ci pour faire entendre une signification cachée sous les apparences.
Si le lecteur est suffisamment ouvert à recevoir cette signification, l’auteur lui fait comme une promesse de rejoindre une communauté qui partage le même secret entendu comme un don.

En fait, on demande gentiment au lecteur d’oublier le temps d’un film ses préjugés et de se laisser aller à la magie des lieux et des situations. L’ironie est simplement un moyen de voir le monde qui implique qu’il y a une logique cachée à l’œuvre en son sein.

L’intrigue

L’intrigue de Princess Bride se fonde sur le mystère. Des assassins notoires se révèlent être prévenants et même humains. Des femmes mariées ne sont en fin de compte pas si mariées que cela. En fait, les apparences présentent autant d’énigmes à résoudre comme par exemple que ceux que l’on pensait mort ne le sont pas vraiment ou que des gauchers ne le sont pas.

Le scénario tisse de tels mystères constamment et jusqu’au dénouement, et même lorsqu’ils ne sont pas explicites. C’est une technique narrative propre aux contes de fées. D’ailleurs, les contes de fées se font souvent remarquer par leurs incohérences et autres énormités mettant en scène des choses qui ne sont pas vraiment nécessaires à l’intrigue.

Pourtant, cette approche narrative est ce qui permet l’enchantement. Ce sentiment ne provient pas d’une intrigue principale mais bien plutôt par cette multitude de petites énigmes aux solutions plus étranges les unes que les autres.

Il semble évident qu’un auteur doit assumer qu’il est en train d’écrire un conte de fées et d’admettre que cette façon de faire est sui generis et ne pas en avoir honte.
Un exemple majeur de cette technique narrative se retrouve par exemple dans Monty Python : Sacré Graal ! La structure est essentiellement non linéaire et ce ne sera pas une faute.

Plus une question de scène que d’intrigue

Un scénario qui se réclame du merveilleux n’est pas vraiment structuré dans son ensemble. Par contre, les scènes sont savamment construites. Et c’est de l’assemblage des signifiés de toutes ces scènes que se constituera l’unité de l’œuvre.

Prenons un exemple :
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Il existe dans la vraie vie des choses mauvaises envers lesquelles un consensus (parce qu’on les juge sincèrement comme telles ou bien parce qu’on nous a appris qu’elles étaient mauvaises et que nous continuons par habitude à les considérer comme telles) s’est formé.

Le merveilleux a cela de magique qu’il répond favorablement à notre cœur qui désire que les choses mauvaises changent. C’est ainsi que dans ce scénario des personnages comme Inigo et Fezzik qui nous sont présentés comme des mauvais garçons parviennent néanmoins à toucher notre sympathie.

La rupture avec nos préjugés a lieu précisément dans cette scène où nos deux personnages se rebellent contre l’autorité de Vizzini. Il vaut mieux toujours expliquer les conditions d’une action. Ainsi, la question à se poser est de comprendre le pourquoi de cette rébellion.
C’est parce que Vizzini s’attaque à l’innocence. Rappelons-nous les vers de Victor Hugo dans Les Contemplations : Pure innocence ! Vertu sainte !

Cette scène rappelle la règle du monde incarnée par Vizzini (entre autres) : chacun est piégé dans son propre univers égoïste et malsain comme le rappelle Vizzini à Fezzik qu’il menace de renvoyer à sa solitude et à son désespoir ou bien lorsqu’il remémore à Inigo sa saoulerie chronique.

Chaque scène possède son propre arc et ses propres enjeux. Ces éléments dramatiques sont initiés dès l’ouverture de la scène comme un rappel du monde et de sa suprématie sur la destinée des personnages. Et le conflit se renforce aussi par la résistance d’Inigo.

Chaque fois que vous sentez qu’une scène que vous êtes en train d’écrire commence à digresser, qu’elle manque d’élan ou de puissance, rajoutez une forme d’urgence.
C’est en insistant sur le conflit (donc les enjeux) que vous parviendrez à résoudre votre blocage. Qu’il soit entre les personnages ou bien à l’intérieur des personnages ou encore entre la règle du monde et un personnage, le conflit réveillera l’attention du lecteur.

Le personnage d’Inigo ne se contente pas de remplir l’espace. Il a une fonction cruciale dans la signification de l’histoire. Il est celui qui nous explique que sous les apparences, il réside un secret. Ce sont ses répliques qui sont autant d’énigmes qui signifient bien plus que la simple surface des mots laisserait entendre.

Ce que nous révèle cette scène, c’est que Fezzik parvient à craquer le code secret d’Inigo ce qui est un indice porteur d’un des thèmes les plus importants de Princess Bride : la loyauté.

Une seconde scène

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Comme précédemment, la scène commence par un rappel des enjeux en insistant sur la règle du monde. Vizzini, comme à son habitude, ramène tout à lui. Le nombrilisme est la loi qui régit ce monde incarnée aussi par le prince Humperdinck.
Vizzini s’enferme dans son propre univers, se convainc de l’exactitude de son raisonnement. Il ne voit les choses que d’après sa propre perspective.

Ce qui le tue, ce n’est pas le poison mais l’insanité de son esprit. Ensuite, l’homme en soir confie son secret à Bouton d’Or. Il n’a pas triché contrairement à Vizzini. Il s’est simplement immunisé contre le poison, seule hypothèse que l’aveuglement de Vizzini ne lui pas permis d’envisager.
Et le partage de ce secret permet de créer un premier lien entre Bouton d’Or et l’homme en noir, ce qui prépare Bouton d’Or à chercher à connaître davantage cet inconnu.

Cette connexion entre Bouton d’Or et L’homme en noir n’est pas gagnée d’avance. Pour reproduire cette unité prévisible mais surtout souhaitée, elle ne peut provenir du néant comme si elle préexistait. Aucune relation n’est véritablement fondée sur un coup de foudre. Par contre, l’aveu intime d’un secret qui permet de défier la règle du monde tel que le fait L’homme en noir à Bouton d’Or touche Bouton d’Or dans son cœur.

En somme, elle est mise en bonne disposition vis-à-vis de L’homme en noir qu’elle considérait aussi comme une menace avant cette révélation.

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