L’homme est une espèce qui se différencie des autres animaux par sa faculté de penser. Qu’est-ce que penser ? Comment pensons-nous ? par des questions et des réponses.
On peut admettre que notre processus de pensée est une série sans fin de questions conscientes et même inconscientes (on peut se poser des questions qui viennent de notre for très intérieur sans même les formuler explicitement).
Alors nous tentons d’y répondre et chaque réponse amène son lot de nouvelles questions auxquelles nous cherchons à répondre et le processus ne cesse jamais.
Là où le processus n’est plus créatif est que nous nous posons les mêmes questions. Par exemple lorsque quelque chose de désagréable nous arrive, on peut être enclin à maudire la providence (Pourquoi moi ?).
Nous prenons l’habitude de réagir de la même manière aux événements et cette habitude crée en nous une sorte de paradigme qui contrôle nos modèles de pensée.
Changer ses habitudes
Que ce soit dans la vie réelle ou pour nos personnages de fiction, il faut pour obtenir de meilleures réponses aux événements, pour prendre les bonnes décisions et pour en obtenir des conséquences qui nous soient favorables, il faut commencer par changer ses habitudes.
Et se poser des questions plus pertinentes.
Sans nier nécessairement la première question qui nous vient à l’esprit face à un événement, il peut être bon d’effectuer un travail sur nous-mêmes, prendre une certaine distance pour apprécier la situation de manière intelligente et se poser les bonnes questions.
Un grand maître du jeu de go affirmait de ne jamais tenir compte du coup qui lui venait immédiatement à l’esprit.
Et s’il y a une habitude à prendre (qu’il faut même enraciner profondément en soi), c’est d’y réfléchir à deux fois avant d’agir. Comment se poser des questions plus intelligentes ?
Il suffit de partir de présuppositions. Par exemple, les expériences de notre vie pourraient nous conduire à nous demander pourquoi nous ne sommes pas heureux. Ce n’est pas la bonne question à se poser.
Il faut partir d’un autre principe et se dire comment pourrais-je être plus heureux ? Ce qui implique que le bonheur est déjà en place.
Le passé à la rescousse
Concrètement, une question qui se fonde sur une présupposition (et ce n’est pas une hypothèse) nous incitera à tenter de retrouver des expériences passées, des souvenirs et des émotions. Notre cerveau est comme une base de données gigantesque emplie de souvenirs, de connaissances et de solutions possibles.
Il est alors logique de penser que nous allons chercher dans ces données la réponse la meilleure possible en regard de cette nouvelle question.
Pour les personnages fictifs, la difficulté qu’ils ont à résoudre leur problème est qu’ils se retrouvent dans une situation qu’ils n’ont jamais connue. Ils sont en territoire inconnu. Et malgré leur recherche de solutions possibles pour répondre aux circonstances immédiates, ces solutions leur seront d’aucun secours parce qu’elles ne sont pas adaptées à la situation présente.
Et dans la vie réelle, lorsque quelque chose vient bouleverser notre quotidien, nous sommes tout comme eux. A la différence près que nous possédons toujours une solution possible à donner en réponse.
L’auteur ne peut cependant appliquer cela à son personnage parce qu’il perdrait l’aspect dramatique de son œuvre. Ce ne serait plus une fiction.
Néanmoins par l’intrigue, le personnage va apprendre des choses. Il ne peut souffrir sans comprendre des choses sur lui-même. Et progressivement, la fiction recopiera la vie. Par exemple, au cours de l’intrigue, un personnage accomplit un geste d’une bienveillance incroyable envers le héros. Celui-ci ressentira une gratitude envers ce personnage qu’il n’avait éprouvé depuis longtemps.
C’est la présupposition que votre héros a déjà ressenti une telle gratitude et ce souvenir illuminera soudain le chemin devant lui. Et cela est aussi possible pour nous dans notre quotidien. La fiction peut nous aider à nous dépasser.
L’émotion est la clef pour résoudre nos problèmes
Se poser les bonnes questions, c’est aussi trouver celles qui vont provoquer des émotions en nous, des émotions que nous avons déjà ressenties. Les bonnes questions ont ce pouvoir qui nous permettra de rendre nos vies plus riches et plus gérables.
Un exercice pratique est de se préparer une sorte de liste de questions lorsque quelque chose d’inattendu nous arrive ou bien lorsque l’on se sent soudain déséquilibré par les circonstances ou simplement lorsque nous nous trouvons dans une situation difficile.
Il faut parvenir à être dans un état émotionnel qui nous fournira les ressources nécessaires à résoudre un problème. Nous pouvons y parvenir en nous remémorant ce que nous avons déjà accompli (des choses dont nous sommes fiers).
Mais aussi en pensant à ceux que nous aimons et qui nous le rendent en retour. Et puis il y a ces valeurs que nous portons et envers lesquelles nous n’acceptons aucun compromis. Ce sont ces valeurs et ces croyances qui font de nous ce que nous sommes.
Lorsque l’on construit un personnage comme autant de couches successives qui le façonneront, nous plaçons souvent en lui des valeurs et des croyances fausses. Aveuglé, il ne peut résoudre son problème. Les épreuves au cours de l’intrigue le forceront à prendre conscience qu’il est dans l’erreur et il recherchera alors ses véritables valeurs.
Tant qu’il ne peut rencontrer sa véritable nature (son essence pour ceux qui acceptent cette perspective), le personnage est en état de faiblesse. Tout comme nous le serions si nous écartions nos valeurs car contrairement à un personnage de fiction, nous pouvons nous fonder sur des valeurs et croyances justes. Encore faut-il en prendre conscience et ne pas se tromper. Être authentique ne consiste pas à absorber sans critique des valeurs que l’on nous impose et qui nous construisent à l’image d’une volonté qui n’est pas nôtre.
A méditer :
Je maudissais le fait de n’avoir pas de souliers jusqu’à ce que je vis un homme sans pieds.