QUESTIONS D’INTRIGUE – PART 4

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Nous avons vu dans l’article précédent comment la duperie pouvait pimenter une histoire sans pour autant en être une des motivations majeures du personnage principal.
Continuons notre tour d’horizon de ces dispositifs dramatiques indispensables.

L’autorité

Ce qui est intéressant avec l’autorité est qu’elle crée immédiatement du conflit. Qu’il s’agisse de personnages soumis ou bien qui défient cette autorité, le conflit est au cœur de  cet élément dramatique.

Shakespeare a souvent employé ce motif dans ses tragédies. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un schéma simple : soit le personnage est sous la coupe d’une autorité, soit il s’est levé contre elle. Dans Le Roi Lear, l’autorité du roi s’érode lentement du fait de sa sénilité croissante. Dans MacBeth, l’autorité du roi est menacée du fait de l’ambition de MacBeth. Dans Hamlet, le schéma est presque identique sauf que Hamlet est motivé par la vengeance du meurtre de son père (le roi légitime).
Il faut bien comprendre que l’autorité ultime est celle du roi. Représentée par un roi, cette autorité crée des situations plus intenses, plus tragiques, plus sérieuses (ou crédibles). L’idée est que cette autorité est sur le point d’être renversée. Il est préférable de conserver cette ligne dramatique quelle que soit l’issue que vous envisagez pour votre histoire.

L’autorité peut évidemment apparaître dans d’autres contextes. Elle peut être illustrée par une institution (armée, école, autorités religieuses…) qui s’incarne dans un ou plusieurs personnages ; elle peut être morale (un patriarche, par exemple, ou toute autre personne qui impose un respect mérité) ; elle peut être physique et s’incarner dans des personnages qui assoient leur autorité par la terreur ou une simple intimidation.

Gardez bien à l’esprit que l’autorité est un pouvoir qui se manifeste à travers un comportement, une pensée ou une opinion. Face à ce pouvoir, vos personnages se soumettront ou se rébelleront. C’est un schéma classique du Eux contre Nous.
Un aspect intéressant de toute autorité lorsque vous l’utilisez dans votre scénario est que celle-ci est immédiatement reconnaissable, elle n’est pas une vue de l’esprit, vous pouvez facilement lui donner une forme sans entrer dans des circonvolutions hasardeuses pour faire comprendre à votre lecteur quel personnage représente l’autorité dans votre histoire.

Les conditions matérielles

Les conditions matérielles de vos personnages sont un bon élément pour traduire l’effet de leurs décisions au cours de l’intrigue. Ces conditions peuvent être améliorées ou au contraire s’aggraver. Il s’agit bien des conditions matérielles des situations et non pas de ce se pourrait se passer à l’intérieur du personnage, de l’évolution de sa psyché au cours des prises de conscience que peuvent susciter lesdites situations chez le personnage.
Lire à ce sujet :
SYD FIELD & HENRY JAMES : LE PERSONNAGE

Les conditions matérielles peuvent certes influencer la psychologie du personnage à un moment donné mais pour cela, vous devez mettre l’emphase sur celles-ci, les rendre palpables, leur donner une réalité.
Autant en emporte le vent est un bon exemple de ce principe narratif. Margaret Mitchell décrit le déclin et la destruction du Sud en montrant l’éclatement des conditions sociales des familles sudistes.
Dans un précédent article (ICI), nous avons vu que nous pouvions retenir certaines motivations qui s’avéraient fondamentales pour faire avancer une intrigue. Des motivations suffisamment fortes pour animer le personnage et le pousser à agir dans le sens de l’histoire.
Pour Autant en emporte le vent, il est indéniable que la rébellion et la survie sont les motivations majeures. Elles sont alors appuyées par la description des conditions matérielles qui accompagnent la chute des Etats Sudistes.
En règle générale, lorsque la rébellion ou la survie (ou une combinaison des deux) sont à l’œuvre dans une fiction, la description des conditions matérielles des personnages est pratiquement une étape incontournable.

Contrairement à l’autorité où il y a intérêt à enrichir l’histoire en montrant qu’elle peut être renversée (même si elle est de droit divin), les conditions matérielles des protagonistes peuvent évoluer dans les deux sens et même parallèlement. Prenez deux personnages. L’un est pauvre et l’autre riche, vous pourriez alors montrer comment chacun d’eux voient leurs conditions matérielles pour l’un évoluer vers la richesse et pour l’autre, connaître une descente aux enfers vers les affres de la pauvreté. La motivation majeure des personnages serait alors tournée vers une rivalité (le moteur qui permet aux conditions matérielles d’être modifiées dans un sens ou dans l’autre).

Se Racheter

Cet élément dramatique pourrait être dénommé comme la mauvaise conscience. Un de vos personnages a mal agi envers un autre, il en a développé une culpabilité qui le ronge et souhaite réparer sa faute.
Vous pouvez décider s’il y parvient ou s’il échoue et comment.

Dans Une Tragédie Américaine de Théodore Dreiser, Clyde met enceinte Roberta, non par amour mais plutôt dans un moment de transport amoureux.
Cependant, Clyde devient de plus en plus amoureux avec Sondra (c’est un amour véritable) et il est de plus en plus divisé car Roberta risque de dévoiler sa conduite ce qui lui ferait certainement perdre Sondra et tous ses espoirs d’être enfin reconnu par la classe sociale à laquelle sa famille et Sondra appartiennent.
Pourtant, il lui reste quelques sentiments pour Roberta (une fille de ferme) et se sent coupable de ce qui s’est produit entre eux.

Concevant un plan pour assassiner Roberta au cours d’un accident de bateau, il essaie cependant de lui faire comprendre sa position, il lui demande de voir les choses de son point de vue. Mais lorsque Roberta s’approche de lui, il a ce geste malheureux peut-être pas prémédité en fin de compte et Roberta tombe à l’eau et se noie.
Clyde est arrêté et rapidement convaincu de meurtre. Mais il voulait aider Roberta par exemple en lui facilitant un avortement. Il pensait vraiment se racheter auprès d’elle, il a vraiment essayé.

Bien sûr, il est aussi tout à fait possible d’expier ses fautes par un sincère repentir.
Des motivations telles que la trahison, la persécution, la vengeance, une calamité ou un fléau fonctionnent bien avec le repentir. Gardez aussi à l’esprit que celui qui doit réparer une faute n’est pas nécessairement celui qui l’a commise.
Nombre d’histoires racontent comment un héros doit réparer les fautes commises par son père, par exemple.

A lire :
QUESTIONS D’INTRIGUE

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