Peut-on utiliser le matériel d’autres auteurs ? Et surtout jusqu’où sommes-nous autorisés à l’utiliser ?
L’intrigue est la clef d’une histoire. C’est une histoire à l’intérieur de l’histoire, c’est le moteur de l’action. Dans Hamlet, par exemple, l’histoire porte sur qui est le roi légitime du Danemark mais l’intrigue est faite de vengeance et d’ambition.
L’intrigue est le noyau de votre histoire. Hamlet ne serait pas ce drame magnifique s’il ne débordait pas de vengeance et d’ambition. L’histoire se déroule au rythme de l’intrigue : la découverte par Hamlet que son oncle a tué son père ; Hamlet tue Polonius ; Laerte veut venger Polonius ; la manigance du Roi pour tuer Hamlet.
Ces éléments dramatiques sont fondamentaux à l’histoire, sans eux, celle-ci serait bien fade. Gardez à l’esprit que l’intrigue est la clef de votre histoire.
La série d’articles que nous entamons avec cette première partie est destinée à vous démontrer que des intrigues utilisées par ailleurs peuvent être réutilisées dans votre processus d’écriture sans que vous soyez accusé de plagiat.
Il suffit de comprendre qu’il y a une infinité d’intrigues à disposition. Mais vous êtes cependant libre de saupoudrer une intrigue connue avec quelques ingrédients dramatiques de votre cru pour créer une ligne dramatique tout à fait personnelle et originale.
Les traditions grecques, perses ou chinoises, les traditions médiévales, celtiques ou nordiques regorgent d’intrigues que de nombreux auteurs ont réutilisées (et parmi eux les plus célèbres) sans que cet emprunt ne devienne plagiat.
Considérons le mythe de Daphné, Apollon et Zeus. Dans la mythologie grecque, Daphné est une nymphe d’une très grande beauté. Sa légende est rapportée dans les Métamorphoses d’Ovide. Cupidon, pour se venger d’Apollon, le rend fou amoureux de la belle Daphné mais inspire à celle-ci le dégoût de l’amour.
Daphné fuit Apollon qui ne désarme pas et la poursuit sans relâche. Epuisée, Daphné demande de l’aide. Selon Parthénios de Nicée, Zeus ayant entendu la prière de Daphné la transforme en laurier-rose.
Maintenant, plaçons l’action dans la forêt de Fontainebleau. Daphné est là non seulement nue mais faisant l’amour. Survient un homme viril mais frustré. Il se fait discret car il ne souhaite pas interrompre les jeux amoureux auxquels se livre Daphné.
Alors voici qu’il devient voyeur et se met à réfléchir. D’un côté, il y a cette fille rondelette qui le poursuit de ses avances depuis pas mal de temps déjà et qui a déjà prévue de le marier et de lui faire des enfants tout aussi rondelets qu’elle.
Et de l’autre côté, il y a cette fille magnifique qu’il observe et qui corresponds en tous points à ses fantasmes.
A l’image d’Apollon, l’homme en viendra à harceler Daphné jusqu’à ce qu’elle lui cède mais celle-ci ne pourra pas se transformer en laurier-rose pour échapper à l’homme qui n’aura de cesse de la poursuivre.
C’est ainsi qu’une idée qui remonte à plusieurs siècles peut être réutilisée en l’adaptant à un nouveau cadre de références. La procédure est simple : il suffit de se demander Et Si… ?
Et si cette intrigue se situait dans un pays en guerre ?
Et si cette fille était une journaliste d’investigation et l’homme, un témoin clef d’une affaire qu’elle couvre ?
Et si l’homme se révélait être beaucoup plus intéressant qu’un simple voyeur et qu’après avoir effrayée la fille, une relation s’installait entre eux jusqu’à ce qu’ils deviennent amants ?
L’idée ici est de revêtir un ancien mythe avec de nouveaux apparats, de faire glisser d’anciens éléments vers des formes nouvelles (lieux et époques différents, des jeux de valeurs différents…).
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QUESTIONS D’INTRIGUE
