Le genre fantastique se reconnaît d’abord à ses conventions. Ce sont des éléments dramatiques importants qui lui appartiennent en propre.
Le fantastique possède des genres qui relève du merveilleux, de la science-fiction (quoique cette dernière pourrait être un genre à elle seule mais elle emprunte au fantastique, quoi qu’il en soit) et bien-sûr l’horreur qui se subdivise elle-même en différentes teintes.
Cet article va tenter de préciser quelques éléments dramatiques indispensables lorsqu’il s’agit pour un auteur d’effrayer son lecteur.
Un univers adapté à l’horreur
La description du monde est la pierre d’assise de l’horreur et du fantastique globalement. Si vous ne parvenez pas à créer une atmosphère inquiétante, vous n’accrocherez pas votre lecteur.
Pour que l’alchimie fonctionne, il faut que vos personnages eux-mêmes soient terrifiés par le monde qu’ils ont pénétré (parfois à leurs corps défendant).
Par le principe de l’empathie, ou simplement un partage d’émotions, le lecteur s’imprégnera aussi de cette atmosphère sinistre et participera à l’histoire.
Les univers les plus effrayants se retrouvent dans les maisons hantées, les asiles, les vieux manoirs, les cimetières, l’espace (c’est ainsi que la science-fiction s’accompagne habituellement de terreur), les hôtels…
Quelle sont les qualités de ces lieux étranges qui les déterminent à l’horreur (et au fantastique) : l’isolement et sa consœur, la solitude.
C’est ainsi que pour créer une expérience vraiment terrifiante pour un protagoniste (et partant, le lecteur), il vous faut trouver le moyen de l’isoler.
Cet isolement emporte avec lui des idées d’impuissance et d’inconnu. C’est ce qui prépare le terrain à la peur (la peur viscérale, s’entend).
Comme dans la vraie vie, le personnage principal de votre histoire se sentira désemparé face à l’inconnu, face à ce qu’il ne peut s’expliquer rationnellement.
Cela ouvre la porte à beaucoup de possibilités de fiction.
L’aspect horrifique de votre histoire
Vous devriez être capable d’écrire le cœur horrifique de votre histoire en une phrase ou deux.
Par exemple, une maison hantée par l’esprit d’une petite fille assassinée dont le coupable ne fut jamais identifié.
Considérons ce qui précède comme une prémisse. Maintenant, élaborez à partir de celle-ci quelques possibles ramifications.
Par exemple, la fille des nouveaux propriétaires est la seule à percevoir la présence fantomatique. Vous pourriez aussi ajouter quelques autres idées telles qu’une entité véritablement maléfique empêchant l’esprit de la petite fille morte de trouver le chemin de la lumière et qui menace d’entraîner avec elle dans les ténèbres la fille des propriétaires.
Par contre, n’allez pas trop loin dans ces ramifications car vous ne feriez qu’écrire des séquences d’horreur les unes après les autres. Dans une fiction, il faut des pics et des creux afin de permettre au lecteur et à votre personnage principal de souffler un peu.
Et puis surtout, interpellez l’imaginaire de votre lecteur. Ne lui offrez pas seulement des scènes d’horreur pure. Une ombre projetée au sol dans la pénombre est suffisamment terrifiante en soi sans chercher la démesure. Laissez le lecteur remplir de lui-même ce que vous ne lui dites pas.
Il est certain qu’il faudra le faire sursauter de temps en temps mais il sera plus efficace en terme d’impact de laisser son imagination vagabonder.
Et il en faut peu pour la solliciter.
Les choses les plus terrifiantes sont ancrées dans la réalité
A part le merveilleux qui comme la science-fiction possède un monde imaginaire très différent visuellement de la banalité de notre quotidien, la peur surgit lorsque l’extraordinaire, l’étrange, l’incompréhensible s’invitent dans notre réalité.
Les émissions de télé-réalité de chasseurs de fantômes ont du succès parce qu’elles tentent de persuader les spectateurs de la véracité des faits.
L’horreur s’ancre dans la réalité.
La recherche documentaire est indispensable à toute œuvre de fiction. Avec le fantastique, prendre des individus réels ou des événements et des périodes historiques permet de les sortir de leurs contextes respectifs et réels pour les utiliser à peupler un univers horrifique ou autre.
Vous pourriez même imaginer des explications fictives à des événements réels comme par exemple l’intervention d’aliens dans l’assassinat d’un homme politique qui a vraiment existé et qui aurait gêné leur plan d’invasion.
Demandez-vous ce qui vous effraie le plus dans la vie. Essayez de comprendre pourquoi vous voudriez écrire sur cette terreur qui vous surprend parfois.
Plus vous serez sincère en décrivant avec vos mots vos moments les plus terrifiants, plus l’émotion suintera des pages et votre lecteur l’absorbera.
C’est un peu ce principe de la voix authentique de l’auteur dont parle Cecilia Najar.
Forces & Faiblesses de vos personnages
Le problème avec l’horreur, c’est la tendance à user de stéréotypes. C’est d’ailleurs dommage en regard de la variété qu’offre les archétypes pour construire un personnage.
Commencez par découvrir l’horreur dans votre histoire comme nous l’avons vu précédemment et inventez ensuite les personnages entre ceux qui seront à même de combattre cette horreur et ceux qui ne sauront pas la gérer.
Puis pour chacun d’entre eux, travaillez sur les personnalités. Ce n’est pas une raison suffisante qu’un de vos personnages succombe parce qu’il est seulement qualifié d’attributs faibles ou négatifs. Ils ont tous des forces et des faiblesses.
Si l’un de vos personnages meurt, peut-être que le déséquilibre en lui était trop fort pour qu’il puisse surmonter sa peur. Il avait peut-être une tendance suicidaire.
Et si c’est le cas, il faut expliquer pourquoi.
Par ailleurs, si vous avez besoin d’un personnage terrifiant, concevez-en un qui vous paraisse terrible en essayant de renouveler un peu les données qui le rendent si terrifiant et contentez-vous de l’exposer ainsi.
Il est difficile, par exemple, de réinventer le diable. Par contre, le mal prend des formes très variées.
Ce voisin qui vit à longueur de journée dans la pénombre de son appartement attire la suspicion. Mais en expliquant progressivement pourquoi il a un tel comportement, on peut le comprendre.
Néanmoins, ce jeune homme au sourire enjôleur qui attire tous les regards est un véritable psychopathe. L’image procure parfois un tel endormissement que le manque d’esprit critique facilite la manipulation qu’exerce les grands vilains de notre monde.
Le thème ne doit pas être négligé
Le fantastique comme tout autre genre a besoin d’une thématique pour le supporter.
Ce peut être quelque chose d’évident, de suffisamment universel pour que le lecteur le reconnaisse immédiatement ou plus subtil, plus dilué dans l’histoire.
Mais il n’en doit pas moins être tangible et s’imposer comme une évidence d’ici la fin de l’histoire. L’auteur devrait donc l’assumer totalement en offrant par ailleurs une résolution satisfaisante pour le lecteur.
Le thème dans une fiction a pour but l’édification du lecteur. Ce dernier devrait se sentir grandir à la lecture d’une bonne histoire. L’horreur est d’abord une conquête de ses peurs. Elle consiste à dépasser la tragédie pour tenter de donner un sens à son existence, si tant est qu’il soit possible de trouver des raisons d’être à nous-mêmes.
Le fantastique et les genres qui en découlent sont aptes à traiter n’importe quel thème et la multiplicité de ceux-ci (qu’ils soient politiques, sociaux, culturels ou religieux) facilite le choix.
L’auteur doit seulement trouver le moyen d’en aborder un sous un aspect fantastique.
Le thème de la famille, par exemple, pourrait trouver des réponses à son dysfonctionnement en confrontant ses membres à des événements extraordinaires comme une invasion extraterrestre qui les rapprocheraient alors que la banalité de leur quotidien les déchirait.
La tension est nécessaire à l’horreur
La tension peut être recherchée davantage avec le fantastique que dans d’autres genres. Usez de rebondissements plus qu’à l’habitude permet de conserver le mystère, de laisser le lecteur dans l’expectative de ce qui va bien pouvoir se passer ensuite.
L’horreur plus que tout autre genre a besoin de tension dramatique.