Les enjeux ne sont pas les objectifs que les protagonistes poursuivent et essaient d’atteindre. Remporter une compétition, par exemple, est un but et les arcs dramatiques qui se déploient au cours du récit doivent tendre vers ce but. Remporter la compétition n’est pas ce qui est en jeu.
L’enjeu est défini par la distance qui sépare la réussite de l’échec et par le prix exigé pour avoir une chance de réussir.
Tout ce que vous avez à faire est de vous concentrer sur la vie de votre protagoniste et de déterminer le coût pour lui de gagner ou de perdre, de réussir ou d’échouer, d’atteindre ou non son objectif.
Par sa fonction dramatique, l’objectif est partagé en fin de compte par très peu de lecteurs. L’objectif seul ne permettra pas au processus d’identification (le ressenti émotionnel face à un protagoniste et à ce qu’il vit) de s’exprimer chez un grand nombre de lecteurs.
L’enjeu cependant a une portée beaucoup plus grande.
Dans Luke La main froide de Stuart Rosenberg écrit par Donn Pearce et Franck R. Pierson d’après le roman de Donn Pearce Cool Hand Luke, on nous démontre la force de l’esprit sur la matière.
Lors de la séquence des œufs, Luke donne tort à la logique conventionnelle et montre comment l’impossible est possible.
Il parvient aussi, malgré lui, à ce que ses codétenus le voient comme une sorte de sauveur, une personne en qui ils peuvent croire. Ils l’imaginent capable de les mener vers une Terre Promise quelle que soit la métaphore de cette Terre Promise pour chacun d’entre eux.
Le prix à payer pour Luke pour s’être élevé au statut d’une figure christique (qui est d’une portée plus large que de réussir à gober 50 œufs durs) est ce qui émotionnellement nous rapproche de lui. Nous sommes davantage concernés par cet enjeu que par la réussite de cet exploit.
Consultez notre portrait sur LUKE LA MAIN FROIDE
Question de réussite
Élever les enjeux pour un protagoniste consiste à bien réfléchir au prix qu’il devra payer afin de se donner la meilleure chance de réussir. Ce n’est pas la réussite qui compte mais bien ce qu’il en coûte de réussir.
Il faut élargir le fossé autant que possible entre la réussite et l’échec. Si ce fossé est un nid de poule sur la route, faites-en un gouffre.
Pour se sentir concerné par ce qu’il arrive dans une histoire, un lecteur doit avoir compris ce qui est en jeu. Et ce qui est en jeu peut être n’importe quoi tant que les enjeux sont extrêmes pour le protagoniste et correspondent au ton et au genre de votre histoire.
L’enjeu doit être spécifique
John McLane doit stopper une bande de terroristes où ils tueront sa femme. C’est un enjeu puissant.
Par contre, arriver à temps à un mariage est un enjeu plutôt faible à moins qu’il n’y ait une raison incontestable, spécifique et personnelle qui explique qu’un retard à la cérémonie aurait des conséquences désastreuses pour le protagoniste (si celui-ci est par exemple amoureux d’un des deux futurs mariés et doit empêcher ce mariage pour vivre son amour, ce qui est son objectif).
L’enjeu doit être clair
Le lecteur doit comprendre l’enjeu. Si votre protagoniste est une ballerine qui se sent vieillir et que d’obtenir le premier rôle dans la pièce qui se monte est tout ce qui la sépare de son exclusion de la troupe (donc de sa déchéance), ne vous contentez pas d’en faire quelques allusions ou de laisser quelques indices ici et là.
Montrez cet enjeu clairement.
L’enjeu doit être important et il doit l’être maintenant
Un protagoniste garde une pièce d’art très fragile pour le compte d’un criminel juste pour quelques jours. S’il doit arriver quelque chose à cette œuvre d’art, ne tournez pas autour du pot.
Dès qu’il entre en possession de cette pièce, le protagoniste la casse. Et ce bris est l’incident déclencheur.
Tout ce qui suit ensuite sera lié à l’intrigue. La vie du protagoniste est en jeu. Plus l’enjeu est important, plus vous pourriez penser que vous ne saurez pas comment vous en sortir. Soyez confiant, tous les enjeux, même les plus importants, ont leur solution.
Par exemple, il pourrait s’avérer que cette pièce d’art inestimable qui a été cassée était un faux.
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