Poursuivons l’étude du sous-groupe Mystère avec les situations conflictuelles 1399 à 1413.
La liste des situations se trouve ici :
PLOTTO, MÉTHODE DE SUGGESTIONS D’INTRIGUE
Groupe : Activité & Vie sociale
Sous-groupe : Le mystère
Proposition B
57, Chercher à dénouer une difficulté pour le moins énigmatique.
Situation : 1399
Préquelles possibles : (110-3) – 117 – 1286
- Un bien appartenant à A et auquel A tient énormément a disparu
- * Les dernières volontés de F-A, le père de A, est que A sauve son âme **
Séquelles possibles : 1451b – 1452 – (1461d si l’on transpose A et B)
Note : Essayez d’aller au-delà de la matérialité apparente des suggestions de William Wallace Cook. Il abordait rarement les questions religieuses, par exemple. Cependant, souvent en filigrane, un examen de problèmes sociaux ou politiques peut transparaître de ses idées. C’est à l’auteur d’interpréter au fil de son intuition ou de ses expériences.
Par exemple, le bien manquant (ce qui ne signifie pas forcément qu’il ait été dérobé) pourrait être l’urne funéraire d’un proche que le personnage appréciait énormément.
Le devenir de l’âme après la mort est une préoccupation universelle. Lorsqu’un auteur prend conscience de cette préoccupation au sein de son discours, il sait qu’elle motivera au moins l’un de ses personnages. Plusieurs personnages peuvent partager la même préoccupation ce qui arc-boute leur esprit à soulager l’angoisse qu’elle génère.
Dans la seconde alternative, si F-A semble si inquiet pour son fils, cela suppose qu’il l’aime et de le voir ainsi glisser le long d’une pente si immorale (et le fils restait sourd aux suppliques du père) brise F-A d’une souffrance insupportable.
F-A met en place une stratégie pour convaincre A de retrouver le droit chemin. Bien que F-A n’apparaisse qu’au-travers de ses dernières volontés, c’est lui qui a un objectif et qui met en place une tactique pour parvenir à l’accomplir. Ce qui fait de lui le personnage principal de cette histoire.
Situation : 1400
Préquelles possibles : 541 – 1046 – 1245 – (1352…*) – 1382a
A est confronté à un étrange objet X dont il cherche à comprendre la signification
Séquelles possibles : 1077 – (1352 *…**) – 1392
Note : Depuis que cet objet X est entré dans la vie de A, celle-ci est bouleversée et A cherche à découvrir les raisons de cet impact. William Wallace Cook a utilisé un objet parce qu’il pensait qu’il était plus facile de le revêtir d’une aura mystérieuse mais je pense qu’un auteur peut aboutir à un résultat semblable avec un autre être vivant (et par forcément humain).
Cette prémisse est intéressante parce qu’elle mentionne à la fois une confrontation et une quête. Concernant cette dernière, l’action en est d’ailleurs marquée par l’effort que A fournit volontairement dans la recherche de sens. Il y a un enjeu pour A donc un risque.
Situation : 1401
Préquelles possibles : 739 – (1370b si l’on change A par A-8)
- Lors d’une vente aux enchères, A acquiert l’objet X mais il ne parvient pas à s’expliquer l’intérêt ou la curiosité qui l’ont poussé à l’acquérir
- * Poussé par une étrange curiosité, A met son nez dans des affaires qui ne le concerne pas **
Séquelles possibles : 792a – (1384 si l’on change B par A)
Note : Essayez de dépasser l’intrigue proposée par William Wallace Cook. Ne vous bloquez pas sur les mots employés (que j’ai déjà interprété en traduisant la suggestion originale), saisissez-vous en et par une sorte de brainstorming (essentiellement, une association d’idées), laissez votre imagination s’agiter autour de notions qui vous correspondent mieux en tant qu’auteur.
Par exemple, pour moi, cet objet X serait un obituaire et en le feuilletant, le personnage découvrira que son propre nom y est inscrit.
Concernant la seconde alternative, de toutes façons, si A ne s’était pas immiscé là où il n’était pas le bienvenu, les événements seraient venus à lui.
Situation : 1402
Préquelles possibles : (701 si l’on transpose A et A-2) – (705 si l’on change A par A-2) – 1021b
A, l’ami de A-2, ne peut s’empêcher de questionner son ami sur ses agissements
Séquelles possibles : 704 – 807 – 841 – 1334c
Note : Que l’on ne se méprenne pas. La relation entre A et A-2 est bien réglée par une amitié sincère et indéfectible même si elle est régulièrement secouée par des tensions ou des séparations.
A-2 est dans le secret (ce qui permet de le rattacher au sous-groupe) et A accepte mal cette indifférence de son ami alors que les deux amis ne se cachent habituellement pas grand chose.
Situation : 1403
Préquelles possibles : 109 – 1392
Il a été donné par erreur (c’est l’incident déclencheur) certaines informations à A mais cela a suffi pour éveiller sa curiosité.
Séquelles possibles : (832 si l’on transpose A et A-2) – 1077
Note : Soit on peut utiliser cette suggestion comme un nœud dramatique qui va envoyer l’histoire dans une nouvelle direction (par exemple un haut responsable comprend qu’il est sur écoute) soit on peut tenter d’en faire l’essence de l’intrigue et dans sa quête de rassembler les morceaux du puzzle, le personnage connaîtra quelques tribulations.
Situation : 1404a
Préquelles possibles : (619 si l’on change A par A-4) – (1393 si l’on change AX par A-4)
- Le comportement étrange de A-4 que A vient de rencontrer éveille chez A un étrange sentiment de curiosité
- * A aperçoit A-4, qu’il ne connaît pas, sur le point de se suicider **
Séquelles possibles : (1391 si l’on change AX par A-4) – (1461b si l’on change AX par A-4)
Note : L’intuition est quelque chose que l’on ne peut pas formuler. Que sa cause soit extérieure (ce sont nos sens qui, d’une manière presque magique, vont solliciter en nous cette impression bizarre) ou bien que notre propre inconscient génère une émotion, une image, une sensation (enfin tout sauf une perception de nos sens), cette intuition est produite sans que nous puissions la remplir avec des mots afin d’en rechercher le sens.
A partir de ce sentiment (presque un malaise, une angoisse), notre imagination va s’en saisir. C’est une faculté qui nous est naturelle. Aucun effort n’est nécessaire. Un processus s’engage. Nous allons donner quelques tours de réflexions à ce que nous avons ressenti et, dans notre imaginaire (le résultat du processus engagé par l’imagination), nous allons apprécier cette intuition, l’évaluer et lui donner une suite et une signification.
Dans la suggestion proposée par Cook, c’est de la curiosité qui émane de l’étrangeté du comportement de A-4 que A observe.
L’imagination (on peut dire aussi l’inspiration) puise dans nos souvenirs et dans nos expériences (plus ou moins identiques à ce que nous vivons au présent). C’est notre vécu qui peut expliquer une réaction à un phénomène ou à un événement.
Le personnage de la suggestion aurait pu prendre peur et s’enfuir s’il avait connu une telle attitude d’autrui qui lui aurait été néfaste. Il lui aurait été alors inspiré de se mettre hors du danger que représente ne serait-ce que la posture de A-4.
On pourrait penser que Cook cherche à donner une leçon de morale. Que des choses doivent rester impénétrables, que le mystère a ses raisons que la raison ne connaît pas. Peut-être. Et cela nous confirme que son personnage se jette délibérément dans le conflit. Partant, nous aurons un matériau dramatique.
Il est vrai que la seconde alternative semble partir d’un bon sentiment. Mais gardons en tête que nous voulons faire de la fiction. L’action doit être teintée de conflit. A veut sauver A-4 de lui-même mais A-4 s’y refuse : une intention d’une part et de l’autre part, une opposition et vous avez un tout à deux composantes conflictuelles. C’est le minimum pour écrire de la fiction.
Par ailleurs, on pourrait vouloir aussi mettre en scène une série de situations de manière quelque peut négligente ou désinvolte, c’est-à-dire sans qu’aucun lien puissant de causalité ne relie vraiment les situations.
Néanmoins, cette succession d’événements devra répondre à une certaine logique (les situations une fois assemblées forment un tout cohérent voire subtil) afin de ne pas paraître comme une suite de vignettes qui seraient posées là comme en feuilletant un album de photos hétéroclites.
Situation : 1404b
Préquelles possibles : 1111b – 1369 – (1414a si l’on change A par A-4) – 1444
- A décide de se mettre à la recherche de A-4, mystérieusement disparu
- * A se met à la recherche de l’inconnu A-4 dont les œuvres se répandent à travers la ville **
Séquelles possibles : 1400 – (1143b si l’on change A par A-4 et B par B-4)
Note : Dans la nomenclature des personnages, A-4 est inconnu de A. Pourquoi A décide t-il de se mettre à la recherche de A-4 qu’il ne connaît pas ?
On peut contourner cette problématique si l’activité de A est la recherche de personnes disparues. Or la prémisse stipule que A décide de se lancer dans cette aventure. Il aurait très bien pu ne pas le faire.
Il nous faut donc une motivation. Derrière chaque intention ou chaque action (quel que soit le personnage), il devrait y avoir une motivation ou une raison pour qu’une action spécifique se soit produite. C’est bien plus crédible et bien moins une source de confusion pour le lecteur.
Ce qui compte, c’est le contenu, le non-dit puisque la forme est apparente.
Ainsi, pour cette suggestion, on pourrait mettre en place l’opposition entre le profane et le sacré. A serait en quête de son identité. Pour trouver un sens à sa vie, il se rapproche du divin. L’idée de son arc dramatique serait donc le passage du profane (représenté par A) vers la croyance.
Son itinéraire le mène à rencontrer une communauté dont il ne connaît pas le chef mais cela a peu d’importance jusqu’au jour où les membres, troublés, lui font part de la disparition de celui-ci. A n’a aucune expérience de la disparition de personne, ni autorité particulière à se mettre à sa recherche.
Pourtant une intuition qu’il ne s’explique pas va l’inciter à s’engager dans cette aventure. Dans un premier temps, il va se méfier de cette intuition, refusant de lui accorder tout crédit. Puis il va se persuader que ce chef qu’il ne connaît pas a peut-être les réponses aux questions qu’il ne cesse de se poser. Le retrouver serait alors un soulagement.
Et nous pouvons alors interpréter sa décision. Du moins la comprendre à défaut de l’accepter. Cependant, la démarche de A me semble assez universelle pour parler au plus grand nombre.
Je pense qu’il faut retenir de la seconde alternative la notion de résistance qui semble envelopper la personne de A-4. C’est un personnage subversif mais il peut être bon d’en faire le personnage principal.
Situation : 1405
Préquelles possibles : (1175a si l’on change A par A-4) – [(1194 …*) si l’on change A par A-4]
- A commence à suspecter que A-4 n’est pas celui qu’il prétend être
- * A croit reconnaître en A-4 celui qui l’a agressé **
Séquelles possibles : 774 – 1283 – (1413a si l’on change A-5 par A-4) – (1448 si l’on change A-5 par A-4) – (1194 *…**)
Note : Cette situation est différente de la 1404a où le comportement, l’attitude, la posture ou bien encore ce que dit A-4 (et que A soit ou non son interlocuteur) paraissent étranges ou bizarres ou simplement absurdes. Et cela inquiète A qui décide d’en savoir plus non pas sur A-4 mais sur ce malaise qu’il ressent en lui-même face à A-4.
Dans la suggestion 1405, ce sont des sentiments de suspicion et de doute qui sont mis en avant. A-4 a un projet secret (qui pourrait le désigner comme antagoniste mais pas forcément) différent de celui qu’il manifeste publiquement.
Et alors que l’opinion publique accepte sans sourciller, sans remettre en cause les propositions de A-4, A a une intuition qu’il ne peut pas vraiment expliquer.
Et l’intrigue peut se lancer dès que A décidera de comprendre pourquoi il ressent une telle méfiance envers A-4.
L’agression de la seconde alternative peut prendre la forme qui convient le mieux au déploiement de l’intrigue. Quant à celle-ci, elle peut consister en A cherchant à confondre son agresseur ou bien à échapper à cet agresseur qui veut faire taire A. Cette seconde option me semble bien plus conflictuelle et plus apte à convoquer l’émotion.
Situation : 1406
Préquelles possibles : (1372a si l’on change A par A-5) – 1437
A aperçoit A-5 en train de voler quelque chose (X) à A-8. A-5 ne s’est pas rendu compte que A l’avait surpris en train de commettre son méfait. A décide de suivre discrètement A-5
Séquelles possibles : 1435 – 1451b
Note : Pour savoir où l’on voit, autant s’interroger au préalable sur les raisons qui poussent A à suivre (ce qui est risqué) A-5. On peut supposer que A s’ennuie dans sa vie et que le changement auquel il aspire ne se fait pas. D’ailleurs, le personnage lui-même pourrait être la source de cette résistance, ce qui est tout à fait naturel.
Alors A s’invente une aventure et l’enjeu se profile assez bien. Soit il parvient à satisfaire son désir d’aventure pour se justifier sa propre existence (ce qui lui permet d’acquérir une sorte de félicité) soit il échoue et c’est la mort qu’il rencontrera (symbolique ou physique).
Je voudrai revenir globalement sur la notion de curiosité dont use William Wallace Cook. Il faut la comprendre comme irraisonnée, comme impérieuse. Le personnage se fait happer par cette curiosité qui devient vite un besoin incoercible de savoir.
Ainsi, on peut faire l’économie d’un retour dans le passé du personnage pour tenter de justifier sa décision.
Et nous posons aussi qu’une décision est toujours un choix risqué.
Situation : 1407
Préquelles possibles : Chronologiquement [675 puis 1080] – 1080
A est un journaliste d’investigation qui va tomber sur une affaire qui recèle bien des secrets
Séquelles possibles : 596 – 828 – 1019 – (1076 si l’on change A par A-8)
Note : Pour fictionnaliser une telle suggestion qui peut très bien s’enraciner dans la réalité, il faut déterminer ce qu’on peut appeler le fait tragique.
Cet événement ne peut être extérieur au personnage principal parce que cela créerait une distance qui ne permettra pas au lecteur de s’impliquer auprès du personnage, ne serait-ce que d’éprouver une compassion, une identification par une reconnaissance de sentiments partagés.
Le personnage de la suggestion est un journaliste qui a l’habitude de prendre des risques en fouillant dans les affaires politiques ou financières. Sa présence gêne mais c’est un risque qu’il assume parce qu’il aime son métier.
Maintenant, comment introduire un fait tragique pour écrire de la fiction ? Il est nécessaire qu’un proche du héros soit impliqué dans l’affaire. Par exemple, le journaliste découvre que son père, un haut fonctionnaire, est responsable d’une forfaiture.
Cette découverte ne sera pas un rebondissement. Le lecteur doit comprendre assez rapidement le lien émotionnel qui existe entre les deux personnages.
Si cette relation n’est pas en place au moment où débute l’histoire, il faut alors provoquer une rencontre entre un personnage qui évolue auprès des méchants et le héros et démarrer une romance, par exemple.
Mais ce n’est pas tout. Il faut que cet autre (dans mes exemples, le père ou l’idylle naissante) affecte directement ou indirectement le héros. Dans le cas de la romance, cet autre pourrait être tué (expressément pour atteindre moralement le héros ou comme victime collatéral).
Le fait tragique s’articule autour d’une proximité qui va affecter le protagoniste d’une manière ou d’une autre. Cette action singulière sera partie prenante de la décision du héros de s’engager dans l’aventure ou bien comme l’affirmation que le personnage a atteint un point de non retour.
Situation : 1408
Préquelles possibles : 109 – 147 – 874
- A est initié à un lourd secret
- * A cherche à découvrir si l’information qu’on lui a donnée est véritable ou s’il s’agit d’une machination **
Séquelles possibles : 47a – 1148b
Note : L’initiation de A est valorisante pour lui. Après tout, il aspirait à cette reconnaissance. William Wallace Cook envisage davantage que A devient le dépositaire d’un secret. J’ai préféré pour ma part que A soit désireux de ce savoir occulte.
La raison est simple et aide à rendre cette suggestion plus dramatique. En acquérant ce savoir que peu d’êtres partagent, A en conçoit aussi une contradiction morale.
De son point de vue, il est parfaitement en droit de posséder certaines informations. Seulement, ce qu’il sait dorénavant est foncièrement immoral.
C’est cette contradiction qui donne de l’ampleur à l’intrigue, qui peut donner de la profondeur à quelque chose qui serait autrement d’une ennuyeuse platitude (comme par exemple de traiter seulement la survie de A lorsque des assassins veulent le faire taire).
La quête de vérité de la seconde alternative est toujours un parcours semé d’embûches. Les investigations de A formeront l’intrigue. Dans le même temps, toute l’histoire sera plus passionnante si A est concerné par l’information donnée et encore plus, si cela a un rapport avec un irréparable passé.
Situation : 1409
Préquelles possibles : 147 – 600 – 953
Une chambre fermée à clef intrigue A
Séquelles possibles : 608 – 623 – 1414a
Situation : 1410
Préquelles possibles : 1403 – (1414a si l’on change A par A-8) – (1414b si l’on change A par A-8)
On remet à A le portrait (X) d’une femme qui fait partie d’un mystère que A doit résoudre
Séquelles possibles : 1386b – 1404b
Note : L’importance du portrait dans cette suggestion ne doit surtout pas être négligée. Chez A, il exercera une véritable fascination. L’action se concentre sur la résolution du mystère mais le portrait de cette femme (jolie au demeurant) est comme un sous-texte.
Le mystère ne tient que par un jeu d’apparences que A doit débrouiller. Ce mystère, ce jeu d’apparences est le mal. Le portrait est la beauté. Le conflit s’installe entre le mal et la beauté.
Nous pouvons mettre en place deux univers avec cette prémisse. Celui de A serait ce qu’il y a de plus obscur en la nature humaine.
Par exemple, sa propension à posséder, à préférer le rendement à la qualité de vie (que nous pouvons illustrer comme exemple par les techniques culturales qui depuis les années 1950 facilitent la mécanisation à outrance et l’emploi massif de la chimie pour nourrir le plus grand nombre en tuant la terre. Sous le prétexte devenu fallacieux de nourrir l’homme, la technique au service du profit le mène à la famine).
L’autre univers n’est pas celui du bien, un concept trop abstrait, trop moral pour être convenablement mis en fiction. La capacité au mal de la nature humaine n’est plus à démontrer. On peut l’expliquer comme on veut : ange déchu (surtout dans les cas de calamités naturelles) ou naturelle, nous usons à satiété de notre faculté à faire le mal.
Néanmoins, nous pouvons lui opposer la beauté, le sentiment esthétique. C’est précisément cette contemplation que le portrait suscite dans le personnage. En résolvant le mystère du portrait, il tentera d’apporter sa propre réponse (le message de l’auteur, en fait) à la lutte nécessaire de la beauté contre le mal.
C’est cet effort (la mal est facile et ne nécessite aucun effort particulier) qui sera mis en scène dans les tribulations de l’intrigue.
Situation : 1411
Préquelles possibles : 1398 – 1427b
- Une étrange énigme est soumise à A
- * A fait face à une énigme impossible à résoudre **
Séquelles possibles : 1242b – 1328 – 1355
Note : Et cette étrange énigme est d’autant plus désespérante qu’elle ne fait que mener A à des impasses. C’est comme si ce personnage poursuivait des ombres.
Impasses et ombres seront les ingrédients d’une mystérieuse intrigue (les phénomènes vécus ou observés auront un certain aspect d’étrangeté).
Mais le véritable message que l’on voudra bien tirer d’une telle prémisse, c’est que la trajectoire du personnage principal n’est pas tant de trouver la rédemption (qui s’avère être une solution de facilité pour un auteur et qui, surtout, pourrait bien ne pas être possible, du moins sans une indulgence bien hypocrite) que le repos de son âme lequel me paraît possiblement d’un traitement plus dramatique.
L’impossibilité de la seconde alternative vient du fait que A cherche à lui donner une explication rationnelle. Son scepticisme lui interdit toute autre approche. Posons comme hypothèse que A est un journaliste d’investigation qui se soit spécialisé dans le démontage systématique des légendes urbaines.
On lui soumet un événement étrange : la sensation d’une présence dans un vieux manoir (J’ai en ma mémoire quelques relents du roman gothique). Il se rend sur place (changement de décor, changement d’acte).
Mais au lieu d’apporter les réponses habituelles, toutes ses investigations ne feront que poser de nouvelles interrogations. La résistance du personnage à accepter l’impensable le place dans une impasse tout comme dans la première possibilité.
Et conformément à la proposition B, il va devoir faire l’effort de trouver son chemin dans cette intrigue labyrinthique.
Situation : 1412a
Préquelles possibles : 1383 – (1444 si l’on change B par BX)
- A retrouve par hasard BX, une amie qu’il n’a pas revue depuis de très nombreuses années. Cette rencontre providentielle évoque le mystère de leur toute première rencontre
- * A retrouve providentiellement une amie BX qu’il n’avait plus revue depuis de nombreuses années. Quelques jours plus tard, il apprend que BX a été tuée dans un accident **
Séquelles possibles : 1375 – 1411 (Le choix de la suggestion 1411 comme séquelle confère à l’histoire une indéniable tournure fantastique)
Note : Pour traiter une telle suggestion, je pense que dès le départ, il faut la nimber de mystère. En d’autres termes, l’exposition du personnage principal sera orientée à développer non pas la confusion mais l’absence de réponse.
Par exemple, il s’est affublé lui-même d’un surnom mais sans que l’on sache pourquoi. Il peut être fait mention que le père a quitté le foyer familial (si le héros de l’histoire est un ado) mais sans que soit donné les raisons de cette défection affective. L’exposition pose ainsi plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Néanmoins, la curiosité légitime du lecteur sera satisfaite dans le cours de l’intrigue.
Ainsi, le mystère de la toute première rencontre doit être préservé jusqu’à ce que l’intrigue soit prête à le dévoiler. Ce qui pourrait servir éventuellement de rebondissement.
Dans la seconde alternative, le mystère qui entoure la mort de BX entraînera A dans une quête qui révélera des secrets depuis bien trop longtemps gardés.
Cet élément dramatique de la dissimulation ou plutôt de la duplicité a été très largement employé dans la saison 1 de la série Lost par exemple.
Situation : 1412b
Préquelles possibles : Chronologiquement [816b puis 744] – 1360 – (1433b si l’on change A par B)
- A et B sont amis. Ils se donnent rendez-vous mais l’un des deux ne vient pas et ne donne plus aucune nouvelle
- * B affirme avoir rencontré A dans un lieu et à un moment précis. Mais A a un alibi qui prouve qu’il n’a pas pu être avec B dans le lieu et au moment qu’elle donne **
Séquelles possibles : 1387 – 1389a
Note : Ce qui est placé en dessous de ces deux alternatives, c’est l’idée (ou thème) de la rencontre impossible ou improbable. Les suggestions semblent typées thriller mais il faut dépasser le clivage apparent et creuser davantage ce thème d’une rencontre qui doit avoir lieu mais que des éléments extérieurs (et même personnels) font que les deux êtres sont constamment empêchés de se retrouver.
Situation : 1413a
Préquelles possibles : (1302 si l’on change A par A-5) – 1305 – 1334c
A arrache une confession à A-5
Séquelles possibles : 1451d – (1461b si l’on change AX par A-5)
Note : Avec cette suggestion, plus que tout autre, il faut donner à l’antériorité une place primordiale. Tout un pan de l’histoire se concentrera sur ce qu’il s’est passé avant le début de celle-ci.
Pour éviter que le flashback (un procédé narratif difficile à correctement géré) ne ralentisse l’action et provoque l’ennui chez le lecteur, nous aurons deux histoires différentes. Dans l’une, A sera le personnage principal et dans l’autre, ce sera A-5.
Mais alors que tout semble distinguer A et A-5, en essence, il s’agit d’un seul et même personnage. Deux personnes, une seule nature (pour ceux qui comprennent ma référence).
On peut se demander pourquoi ne pas constituer la relation entre A et A-5 par une rencontre comme c’est le cas dans de nombreux incidents déclencheurs.
Parce qu’une rencontre indique qu’il n’y a pas de passé commun entre les deux êtres qui se découvrent.
Or, pour mon idée, j’ai besoin que les itinéraires de mes deux personnages se télescopent au moment du climax. La confession arrachée à A-5 sera l’apex du climax. A comprendra que lui et A-5 partagent le même objectif et que c’est quelque chose qui a orienté toute leur vie.
Quel message pourrai-je vouloir véhiculer sur un tel support dramatique ?
Peut-être que toutes polémiques sont inutiles, qu’elles mènent aux guerres, ne font qu’accroître l’incompréhension ou pire encore, qu’elles sont instrumentalisées parce qu’il n’y a pas d’autres moyens pour justifier une existence.
Alors on s’entête, on reste bêtement sur ses positions qu’on défend bec et ongles, alors qu’il suffirait de transcender le débat pour atteindre une vérité nécessairement commune et universelle. C’est ainsi que A et A-5 concourent à la même unité.
De toute évidence, on peut se demander pourquoi je suis parti sur un tel délire. Avant tout, la suggestion est plutôt pauvre et elle se présente comme une conclusion donc pour la développer, il faut raisonner à rebours.
Ensuite, un scénariste écrit pour un cinéaste. Il est important qu’il pense en images. Ce que j’entends par image, ce n’est pas le photogramme.
L’utilisation des mots par un romancier et par un scénariste sera différente. Le premier sera littéraire. On ne demande pas à un scénariste de l’être.
Par exemple, le scénariste décrit une impression, une atmosphère. Par exemple, il pense à un chambre assez dépouillée, avec un gris dominant. Il y a déjà une histoire dans cette image et le scénariste peut y faire vivre ses personnages.
J’ai donc imaginé deux trajectoires parallèles finissant par se rejoindre. C’est cette communion à la fin du parcours que je visais.
Situation : 1413b
Préquelles possibles : (1097b si l’on change A-2 par A-5) – (1261 si l’on change A-3 par A-5)
- A parvient à dévoiler un complot mais il ne peut en faire arrêter le chef car les autorités compétentes sont déjà corrompues
- * A et A-5 travaillent tous deux dans la même activité. Il existe entre eux une véritable rivalité. Pourtant, ils vont devoir s’accommoder l’un de l’autre afin de résoudre tous deux une grave menace **
Séquelles possibles : (1222a si l’on change A-3 par A-5) – (1228 si l’on change A-3 par A-5)
Le prochain article étudiera les situations conflictuelles 1414 à 1428.