Pour William Wallace Cook, il est important de distinguer l’obligation qui est bien plus dramatique lorsqu’elle est intérieure c’est-à-dire lorsqu’elle est la réalisation d’un volonté personnelle (on se met soi-même dans l’obligation d’accomplir quelque chose) de la nécessité (comme de se loger ou de se nourrir).
Bien sûr, certaines circonstances extérieures peuvent aussi expliquer les raisons d’une soumission mais ce qui semble certain (selon ce que j’interprète de la pensée de William Wallace Cook, l’auteur de PLOTTO) est qu’une obligation n’est pas la voie vers le bonheur.
La liste des situations :
PLOTTO : MÉTHODE DE SUGGESTIONS D’INTRIGUE
Cet article concerne les situations 997 à 1010.
Groupe : Activité & Vie sociale
Sous-groupe : Les obligations
Proposition B
20, Se retrouver impliqué dans une situation dont on sait qu’elle sera difficile et à laquelle on ne peut cependant pas échapper.
Situation : 997a
Préquelles possibles : (830 si l’on transpose A et A-2) – 865
Pour une question d’honneur, A a promis à son ami A-2 qu’il ferait tout ce que A-2 exigerait de lui
Séquelles possibles : 139 – 820 – 846 – 906 – 1003 – 1007
Note : Le conflit pourrait venir des valeurs de A qui règlent sa vie et qui seraient l’expression d’une farouche idée de liberté. Or quel que soit le concept de liberté, il vient s’opposer à la pratique des interactions sociales.
Ce qui est étonnant, c’est que William Wallace Cook s’appuie sur l’honneur (donc sur une réputation, sur une image que l’on renvoie aux autres de ce que l’on prétend être) pour expliquer la décision de A de se soumettre aux désirs de A-2.
Dans la nomenclature des personnages (plutôt des fonctions des personnages) de Cook, A-2 est un ami. Pour être véritable, l’amitié doit être inconditionnelle. La rendre relative à une question d’honneur, c’est corrompre l’authenticité de ce sentiment. C’est à une critique de l’intention derrière nos actes à laquelle nous convie William Wallace Cook dans cette intrigue.
Situation : 997b
Préquelles possibles : [(925…* si l’on change A par U)] – 926 – 958 – 700
- Un riche parent de A (U) lègue une petite fortune à A si A remplit une certaine condition dans un délai imparti
[L’appât du gain vaincra t-il les valeurs morales de A ? Cette intrigue pourrait très bien décrire les tribulations de A qui le mèneront en fin de compte à refuser cette manne providentielle afin de conserver l’idéal qu’il a toujours voulu défendre] - * A hérite d’une petite fortune à la condition expresse qu’il doit mettre cet argent et ses efforts au service de la communauté **
Séquelles possibles : 431 – 865
Note : La seconde alternative présuppose que A est un être foncièrement égoïste au début de l’histoire. Et qu’il va devoir apprendre à devenir un homme de bien s’il veut s’accomplir pleinement.
Situation : 998
Préquelles possibles : (613 si l’on change A-5 par A-4) – (1277a si l’on change A par A-4)
- A est très dépendant de A-4 pour son avenir. Soudain il découvre une grave vérité sur A-4 et si A décide de dénoncer la faute de A-4, son avenir en sera fortement compromis
- * A est informé d’un acte de transgression que A-4 aurait commis. A décide de faire chanter A-4 en le menaçant de révéler la vérité à son sujet si A-4 n’accomplit pas quelque chose dont A a besoin **
Séquelles possibles : (923 si l’on change A par A-4 et A-5 par A) – (1232 si l’on change A par A-4 et A-3 par A) – (1267a si l’on change A par A-4)
Note : Dans l’esprit de Cook, le chantage de A ne fait pas de lui quelqu’un d’immoral. A tenterait en fait de rétablir un tort.
Situation : 999
Préquelles possibles : (611a si l’on change A par NW) – (1024 si l’on change A par NW)
- A prend en charge son neveu NW que ses parents ne parviennent plus à gérer
[Ce motif de sauver un adolescent de lui-même en quelque sorte revient assez souvent chez William Wallace Cook pour décrire la responsabilité des adultes dans la transmission de certaines valeurs. Il ne s’agit pas de formater la jeunesse pour qu’elle se plie à un consensus souvent désuet ce qui serait réactionnaire (à moins qu’un auteur décide d’appuyer sur cet aspect) mais plutôt de leur inculquer des valeurs sur le plan moral ou intellectuel afin de les orienter à faire du monde un monde meilleur] - * Les parents de NW confient leur enfant à A, un homme rude, pour qu’il remette NW dans le droit chemin **
Séquelles possibles : (793a si l’on transpose A et A-2) – (982a si l’on transpose A et A-2)
Groupe : Activité & Vie sociale
Sous-groupe : Les obligations
Proposition B
41, S’obliger à quelque chose en désaccord avec sa propre ambition, ses inclinations ou la nécessité.
Situation : 1000
Préquelles possibles : 905 – (925…*)
- A est l’héritier d’un domaine que sa famille, depuis de nombreuses générations, s’est fait un devoir de garder intact
- * A décide ne pas assumer la tradition familiale **
Séquelles possibles : (1260a si l’on transpose A et A-8) – 1291c
Note : A se retrouve dans l’obligation de gérer un héritage même si ce patrimoine s’oppose aux aspirations de A. On peut étendre cette définition à la problématique de la tradition contre le libre-arbitre de l’individu tel que l’entend la seconde alternative.
Et il ne faut pas mélanger la tradition et le respect des anciens. On peut ainsi aborder les questions du primitivisme et du progressisme ou du futurisme ou bien encore on peut opposer des points de vue pessimistes contre d’autres résolument optimistes. En fait, la portée significative de cette suggestion peut permettre un nombre conséquent de thématiques.
Situation : 1001a
Préquelles possibles : 127a – 1123 – 1127
L’ambition de A le pousse à accomplir certains actes qu’il répugne pourtant
[Et cette ambition peut être la richesse ou une position sociale enfin tout objectif que A considérerait comme une réussite et bien sûr, ce n’est qu’une illusion dont A doit se détacher s’il veut vraiment s’accomplir lui-même]
Séquelles possibles : 1201 – 1290b
Situation : 1001b
Préquelles possibles : (117 si l’on change F-A par U) – (1432 si l’on change A par U et NW par A)
- A reçoit de son oncle U un domaine à la condition expresse que A vive jusqu’à la fin de ses jours dans le domaine
- * B et U ne s’entendaient décidément pas. Lorsque U légua un important domaine à A comme un dernier camouflet à l’encontre de B, B parvint à obtenir de A la promesse qu’il quitterait le domaine sans jamais y retourner **
Séquelles possibles : 984 – (116 si l’on change B par B-8)
Note : La question posée ici est de savoir si la possession de biens vaut la privation des libertés qui l’accompagne.
La seconde alternative est plus complexe. Il y a plusieurs relations qui créent une dynamique vitale pour l’intrigue : la relation entre A et U, la relation entre U et B et la relation entre A et B. Chacune de ces relations fait l’objet d’une intrigue secondaire. Néanmoins, c’est la combinaison de ces trois interactions qui donnera la matière dramatique du dénouement.
Situation : 1002
Préquelles possibles : (106…*) – (988…*)
- A est misogyne
- * A n’a aucune inclination particulière envers les femmes. Les circonstances vont faire qu’il va devoir être le mentor d’une jeune femme B **
Séquelles possibles : 140 – (106 *…**) – (988 *…**)
Note : La misogynie de A est la situation initiale. Au-delà du simple mépris de la femme, il faut tenter de comprendre la portée du mot misogyne et comment il est employé dans une possible intrigue.
Le misogyne recherche dans le regard des autres une source de satisfaction (les autres sont considéré comme une foule et non individuellement parce que la foule est dépouillée de la signification qui pourrait influencer l’individu, c’est-à-dire que la foule est anonyme et généralement inoffensive).
Cette joie singulière peut être l’effet d’une adulation ou d’une attention particulière (comme de se sentir le centre du monde). Elle peut répondre aussi à un besoin de s’affirmer (c’est par le regard de l’autre que nous pouvons tenter de définir qui nous sommes) ou bien simplement d’éprouver une reconnaissance (comme de se distinguer de la masse par une sorte de notoriété).
Mais la foule renvoie difficilement ce que le misogyne attend d’elle. C’est donc auprès d’une personne qu’il côtoie intimement et régulièrement qu’il pourra assouvir son désir. A ce moment de la réflexion, vous devez vous demander si je ne confonds pas la misogynie et le narcissisme. S’il y a confusion, elle est volontaire.
Je m’explique. Un être égocentrique a besoin d’un témoin de son acte narcissique. Par exemple, celui qui cherche à être aduler ne sera satisfait que lorsqu’il croira voir dans les yeux de l’autre cette forme de dévotion.
La présence de sa femme va solidifier ce sentiment et c’est là où la relation sera entachée de mépris si j’oppose le dédain à l’amour. Parce que si cette femme est incapable de renvoyer l’image qu’un être narcissique attend d’elle, la frustration ressentie fera de lui un misogyne par une sorte de raisonnement inductif qui le fera passer de l’observation d’un fait particulier (l’inaptitude ou le refus de sa femme de le vénérer) à la fausse conclusion qu’aucune femme n’est apte à le satisfaire.
On peut alors comprendre que l’infidélité d’un personnage (par exemple) tel que celui de la suggestion de William Wallace Cook n’est pas dans sa nature (auquel cas l’auteur n’aurait pas besoin d’expliquer davantage son personnage ce qui le rendrait certainement superficiel) mais que son attitude a pour cause sa misogynie.
Cette recherche permet d’approfondir le personnage et même s’il n’est que secondaire dans l’intrigue, le lecteur pourra s’intéresser à lui parce qu’il sera bien plus fouillé et son fonctionnement (à la fois son mécanisme psychologique et sa fonction dans l’histoire) plus accessible.
Dans la seconde alternative de cette situation 1002, William Wallace Cook est moins radical. Le personnage n’a pas de dispositions particulières envers les femmes et un auteur peut expliciter comme il veut ce désamour (si tant est qu’il soit nécessaire d’expliquer cette attitude mentale bien qu’il soit toujours utile de développer un personnage).
Maintenant, A est obligé de devenir le mentor d’une jeune femme (le fait d’être un guide attentif et sage implique une différence d’âge entre les deux personnages). On peut alors admettre que la présence de B auprès de A transformera le point de vue de A sur les femmes.
Situation : 1003
Préquelles possibles : (818a *…**) – (983 si l’on change A par A-8) – 997a
- A se voit obligé de commettre un acte transgressif
[Si l’on part du principe que l’on ne peut pas faire toujours ce que l’on veut dans la vie, une histoire manquera de conflit. Par exemple, dans Abraham’s point de Wyndham Price, Comet se voit forcé de voler l’horloge droite qui sera le symbole de sa libération après une confusion lors de la vente aux enchères] - * A refuse d’accomplir la mission qu’il s’est pourtant engagé à mener à bien **
Séquelles possibles : (818a **…***) – 1014
Note : La seconde alternative de cette situation 1003 est de savoir si la nécessité justifie les moyens. Par exemple, la nécessité de se nourrir rend t-elle légitime l’abattage des animaux ?
Si l’on tait certains faits qui révulse la morale, sommes-nous en droit de rompre le serment de non divulgation que nous avons contracté ? Peut-on s’élever contre une loi civile que l’on estime inique sans que notre conviction (jugée en tant qu’acte individuel) ne soit punit pénalement ?
Situation : 1004
Préquelles possibles : 249 – 263 – (1194 …*) – 1248
A est en train de cambrioler lorsqu’il se voit obligé de porter secours à A-8 qui se trouve déjà dans les lieux
[Les lieux en question peuvent avoir une importance dans l’intrigue et justifier l’obligation à laquelle se soumet A d’autant plus que selon la nomenclature établie par William Wallace Cook, A-8 est davantage considéré comme une fonction plutôt que comme une personnalité capable d’influencer A à changer (c’est-à-dire à intervenir sur son arc dramatique qui le mènerait par exemple à retrouver le droit chemin avant qu’il ne soit trop tard).
Quelle fonction pourrait assumer A-8 ? Conformément à la théorie narrative Dramatica, admettons que les fonctions des personnages soient assumées par des archétypes (et ce ne sont évidemment pas des stéréotypes). Dramatica distingue 8 fonctions : Protagoniste & Antagoniste, Gardien & Contagonist, Emotion & Raison, Sidekick et Sceptique.
Je considère que les lieux seront la force antagoniste de l’intrigue. Ils œuvreront contre l’intention de A et à fortiori, contre A-8. Comme je l’ai précisé ci-avant, je ne souhaite pas que A-8 intervienne sur l’arc dramatique de A.
Il ne l’influencera pas donc je ne peux en faire ce que Dramatica nomme un Influence Character, c’est-à-dire une personnalité apte à aider A à prendre conscience d’une certaine vérité qui opérera en A (car c’est un travail qu’il fait sur lui-même) une volonté de changement (gardons en mémoire que A était en train de se livrer à un cambriolage lorsqu’il fut contraint de prendre en charge la survie de A-8).
Je m’éloigne donc des archétypes Emotion & Raison ainsi que du Contagonist parce qu’ils sont susceptibles d’une certaine confusion dans l’esprit du lecteur quant à leurs fonctions dans cette histoire. J’hésite entre trois possibilités : Gardien, Sidekick & Sceptique.
Sidekick est intéressant parce qu’il me permet de faire de A-8 un allié de A qui l’aidera à surmonter les obstacles qui cherchent à détourner A de son véritable objectif qui consiste à trouver le courage de laisser choir l’argent facile. Mais A-8 est dans une situation critique ce qui fait de lui un poids donc qui s’opposera à la marche de A et il ne serait pas crédible de lui donner des capacités qu’il ne peut pas exercer.
Le Sceptique, quant à lui, va nier tout ce que entreprend A. Il aura toujours une solution apparemment meilleure à lui proposer mais qui ne peut pas aboutir. Mais, au bout du compte, il finit toujours par aider A dans son entreprise comme le fait d’ailleurs Han Solo avec Luke Skywalker. La plausibilité de son personnage en tant que Sceptique serait alors critiquable pour les mêmes raisons que le Sidekick.
Je ferai donc de A-8 un Gardien que l’on peut assimiler au mentor. Tout au long des tribulations de l’intrigue qui consistera pour les deux personnages à se libérer de l’emprise des lieux, A-8 éduquera en quelque sorte A non seulement par sa connaissance du labyrinthe dans lequel les deux compères sont empêtrés mais aussi en tentant de lui inculquer des valeurs morales que l’éducation qu’a reçue A a éclipsées]
Séquelles possibles : (1194 *…**) – 1196 – 1221
Situation : 1005
Préquelles possibles : (913 si l’on change A-2 par BR-A) – (137a si l’on change A-3 par BR-A) – (1021b si l’on change A-2 par BR-A)
- A et BR-A sont jumeaux et partagent les mêmes goûts et dégoûts
- * A et BR-A, deux frères qui ont toujours vécu ensemble, se voient dans l’obligation de se séparer **
Séquelles possibles : (157 si l’on change A-3 par BR-A) – (446a ou b si l’on change A-2 par BR-A)
Note : Depuis que nous étudions les suggestions de William Wallace Cook, nous avons pu constaté que la différence était un des facteurs du conflit. Dans cette situation 1005, nous avons le thème de la gémellité ou bien du Doppelgänger, enfin tout ce qui a rapport avec le concept du double.
Il aurait été facile d’inventer un double maléfique comme une force antagoniste et cela n’aurait pas été un manque d’innovation : chaque auteur s’accaparant un thème connu parvient toujours à lui donner un tour nouveau.
Mais Cook a précisé que les frères partageaient les mêmes goûts et dégoûts, les mêmes désirs et les mêmes aversions. Par ailleurs, il est bien plus dramatique lorsqu’on introduit un duo dans une histoire que les deux personnages présentent des personnalités aux traits diamétralement opposés qui semblent les éloigner l’un de l’autre et de leur objectif commun jusqu’au point médian de l’histoire et après ce moment leur permettra par une sorte d’alchimie relationnelle de concourir ensemble à la réussite de leur but.
Nos jumeaux partagent non seulement les mêmes intentions mais aussi les mêmes passions, la même façon de raisonner et partant, le même passé. Alors comment introduire du conflit dans une telle situation ?
Peut-être me suffirait-il de glisser un élément perturbateur entre les deux frères. Prenons par exemple une jeune femme qui va exciter chez chacun des deux frères une même passion et une même jalousie. En soi, la passion n’est pas très conflictuelle. Cependant, la jalousie est un sentiment qui va provoquer de la tension dramatique.
Mais il me faut un antagoniste. Je ne crois pas que ces deux hommes chercheront mutuellement à se convaincre de laisser la place libre pour un amour exclusif. Ce serait créer une hiérarchie entre eux deux incompatible avec la description que j’en ai fait. Cette jeune femme sera en fait une manipulatrice. Elle veut obtenir quelque chose des deux frères et va les amener à croire que chacun d’eux fait l’objet de ses faveurs.
Ceci étant posé, quel est le lien avec le sous-groupe qui enveloppe l’intrigue d’une obligation ? Je dois d’abord m’interroger sur mon personnage principal. Quel est-il ?
Et si… mes deux frères (que je me refuse de considérer comme un duo parce qu’ils ne présentent pas la caractéristique dramatique conventionnelle du duo) s’étaient fixés comme obligation morale de lutter contre le mal dans leur ville ?
Les frères se sont donc inventés justiciers. Mais non sans raison ou par caprice. Car il y a une urgence. Que celle-ci soit liée à la corruption de certaines autorités ou bien à un problème de délinquance, c’est l’auteur qui en décide. Quoi qu’il en soit, les jumeaux ont décidé de corriger certaines iniquités. Ces actes en soi ne sont pas mauvais mais ils s’inscrivent au sein d’une société qui est régie par des lois civiles. Et chaque citoyen doit s’y conformer.
Et les frères ne sont pas habilités à faire justice eux-mêmes malgré l’urgence de la situation.
Quelqu’un doit donc les arrêter et ce sera cette jeune femme que j’ai introduit dans l’équation. Elle s’accorde avec sa fonction d’antagoniste mais je n’ai toujours pas de protagoniste (c’est-à-dire un personnage en charge de faire avancer l’intrigue) ni de personnage principal (c’est-à-dire celui qui connaîtra un arc dramatique et avec lequel mon lecteur pourra s’identifier). Comme je ne sens pas qu’il me serait utile de distinguer le protagoniste du personnage principal, ce sera le même personnage.
Et comme la situation initiale pose A et BR-A en parfaite harmonie, je vais donc travailler à ce que l’un d’entre eux (A par exemple) prenne progressivement conscience de son erreur, c’est-à-dire de l’influence néfaste de son frère. Et là, je rejoins la proposition B parce que la véritable inclination de A est de se libérer de l’emprise de son frère.
La seconde alternative de cette situation 1005 semble plus claire. Des conditions extérieures seront la cause d’un déchirement. Les deux frères (qui ne sont pas jumeaux) résisteront à ce qui paraît être inexorable.
La pire des choses qui puisse arriver à un individu est qu’il se résigne. Et les frères l’ont bien compris, eux qui tenteront tout pour préserver le sens de la famille.
Situation : 1006a
Préquelles possibles : Chronologiquement [(446b si l’on change A-2 par A-5) suivie de (1291a si l’on change A par A-5)] – (1290b si l’on change A par A-5)
A, un jeune avocat, est commis d’office à la défense d’un criminel A-5 dont il sait intimement la culpabilité. Luttant contre l’aversion sincère qu’il ressent envers A-5, il s’acquittera consciencieusement de sa tâche
Séquelles possibles : (828 si l’on change B par A et A-5 par A-8) – (1311 si l’on change A-3 par A-5)
Note : Ce qu’illustre cette intrigue est le conflit qui existe entre les obligations professionnelles et les valeurs morales que l’on défend. Il est probable que si A a choisi la profession d’avocat, c’est qu’il a une haute idée de la justice. Mais la réalité donne souvent des coups de bélier dans nos utopies.
Situation : 1006b
Préquelles possibles : 287 – 334a – 756 – 936
A s’était choisi une carrière mais certaines obligations l’ont mené vers d’autres horizons
Séquelles possibles : 900 – 942 – 950
Situation : 1007
Préquelles possibles : 132 – 607 – 997a
- A aide son ami A-2, atteint d’une maladie incurable et souffrant, à mourir
[On peut supposer que A-2 ait supplié A de l’aider à mourir. Il reste étonnant que dès 1928, William Wallace Cook se soit préoccupé d’une problématique toujours aussi aiguë de nos jours] - * A-2 supplie A de l’aider à mettre fin à ses jours comme un acte de pitié
[La bonté et la pitié sont certes des vertus. Mais la bonté peut-elle s’accommoder de la pitié lorsque celle-ci commande d’exercer un acte jugé moralement mauvais ? Du moins, selon la loi censée régir nos rapports aux autres.
L’exemple de A ne pourrait-il pas servir de réflexion à un avenir meilleur ?
Cette situation 1007 présuppose la souffrance de A-2. Certes, les progrès de la médecine ont permis d’atténuer grandement la douleur physique mais qu’en est-il de la souffrance morale ? Et il n’y a pas que la maladie qui puisse être envisagée. On peut aussi considérer la vieillesse par exemple. Lorsqu’un être est physiquement diminué, incapable de recouvrer ce qu’il fut, n’est-il pas justiciable de lui accorder une digne fin de vie?] ** - ** A-2 occupe une place très importante dans la vie de A ***
[Dans cette troisième possibilité, Cook crée une intimité entre A et A-2 qui n’est pas évidente dans la mise en place des deux alternatives précédentes. En effet, précédemment, l’amitié entre les deux personnages peut être progressivement installée. Elle est un rouage de l’intrigue et peut aider à justifier le dilemme de A.
Lorsque débute cette troisième alternative, le lien entre A et A-2 existe déjà. Cela libère un espace pour l’auteur qui peut alors se concentrer sur autre chose telle qu’incarner sa pensée dans un personnage qui pourrait lui servir de narrateur, par exemple]
Séquelles possibles : (296 si l’on change A-3 par A-2) – 315
Situation : 1008
Préquelles possibles : (775 si l’on change A par A-9 et A-7 par A) – 1212c
- A-9 a pour employé A en lequel il a pleinement confiance. Mais A s’avère être un escroc
[Pour se conformer au sous-groupe et à la proposition B, il me semble que A sera forcé par quelques conditions extérieures à trahir son employeur] - * Ayant gagné la confiance de son employeur A-9, A use de sa position pour se livrer à quelques malversations au dépens de A-9 **
Séquelles possibles : 610 – 614 – 1209a
Note : L’imagination géniale de William Wallace Cook peut parfois le mener à des associations d’idée qu’il est ensuite difficile de situer dans le contexte du sous-groupe et de la proposition B. Dans la seconde alternative, Cook avait aussi introduit la femme de A-9, B. Et c’était par B que A pouvait atteindre A-9.
Je pense que A exerce une vengeance contre A-9. Il lui faut gagner la confiance de ce dernier pour pouvoir s’en approcher et A s’attaque à B (il peut en devenir l’amant par exemple) pour blesser A-9.
On peut comprendre aussi que, selon Cook, le mal n’est pas inné en l’homme et que s’il est forcé de se livrer à des exactions par esprit de vengeance, ce n’est point par simple satisfaction (et là, nous rejoignons la proposition B) mais pour laver son honneur blessé. On peut alors envisager qu’au dernier moment, A prend conscience que sa stratégie est une erreur et que s’il veut avancer dans sa vie, il doit pardonner.
Situation : 1009a
Préquelles possibles : 908 – (574b si l’on change A par SN-B, M-A par B et B par B-8)
B vient de perdre son mari et aimerait retrouver une certaine indépendance. Mais sa situation personnelle s’oppose à ses aspirations
Séquelles possibles : (384 si l’on change B par B-8 et M-A par B) – 933 – 1009b
Situation : 1009b
Préquelles possibles : (531 si l’on change B par B-8, M-A par B et A par SN) – 994 – 1009a
- B vient de perdre son mari et hérite des possessions de ce dernier. Mais elle n’en a que faire et offre cette petite fortune à son fils SN
- * B est dans une situation précaire et est forcée d’accepter l’offre de son fils SN d’emménager avec lui *
Séquelles possibles : (543 si l’on change B par B-8, M-A par B et A par SN) – 738
Note : L’acte de B est volontaire. Elle n’est point forcée de faire ce don. Pourquoi y consent-elle alors ? Qu’est-ce qui la pousse à agir ainsi ?
Peut-être que la quête de B est spirituelle comme le laisse supposer la proposition B. La richesse n’est qu’un bien matériel et pour B, ce ne peut être un instrument qui mène au bonheur. Mais elle ne se résout pas à abandonner cette fortune à une œuvre caritative. C’est à son fils qu’elle l’offre.
Par ce geste, peut-être tente t-elle de lui faire comprendre que le vrai sens de la vie n’est pas dans l’accumulation de choses matérielles (une activité qui éloigne les hommes les uns des autres et les mène à s’affronter) mais dans une relation pure non entachée des plaisirs terrestres bien trop éphémères et illusoires. Cette dévotion supposée ne fait pas de B une femme bigote pour autant. Peut-être croit-elle en l’inclination naturelle des hommes à faire le bien mais que cette tendance serait contrariée par le désir fallacieux de jouir des biens terrestres.
Dans la seconde alternative, le combat de B sera de retrouver son indépendance, c’est-à-dire sa liberté. Elle ne cherche pas à convaincre (ou à sauver) son fils. Ce n’est pas qu’elle n’aime pas son fils. Elle pense simplement que son exemple sera suffisant pour lui ouvrir les yeux.
Il est tout à fait possible que si B ne réussit pas son objectif, c’est la mort qu’elle rencontrera. Un auteur pourrait se servir de cette mort comme une révélation pour SN qui serait alors le personnage principal qui doit changer son point de vue sur le monde afin d’être véritablement heureux.
Situation : 1010
Préquelles possibles : 152b – 666
B refuse de céder aux menaces de trois individus (A5, A5 & A5) de les aider à spolier A
[Le dévouement de B envers A est un impératif qu’elle ne peut esquiver même au risque de sa propre vie]
Séquelles possibles : 144 – (1309a si l’on change A par A-5)
Le prochain article portera sur les situations conflictuelles 1011 à 1022.