PLANIFIER SES SCÈNES AVANT DE LES ÉCRIRE

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Est-ce qu’il faut vraiment planifier chacune de ses scènes en quelques lignes avant de commencer à écrire son scénario ?
C’est effectivement une bonne habitude à prendre.

Planifier son histoire, c’est comme de suivre un chemin balisé. Vous savez où vous allez et cela évite à votre muse de se fourvoyer vers des horizons qui ne sont pas pertinents avec l’histoire que vous êtes en train de raconter.
Ce ne sera pas nécessairement de la matière bonne à jeter. Vous pourrez vous en servir pour d’autres projets.

Le concept de prévoir ses scènes en les décrivant succinctement est que celles-ci se montrent cohérentes avec votre message.
Quelques diversions et vous entraînerez votre lecteur vers un territoire de significations qui l’éloigneront de votre message.
En retenant l’hypothèse qu’une fiction est un ensemble savamment orchestré de causes et d’effets, prévoir la succession des scènes vous forcera à évaluer si telle ou telle scène s’inscrit bien dans cette trajectoire où les événements s’enchaînent logiquement.

La causalité

Le principe selon lequel une scène suit un événement antérieur et explique un événement à venir permet de fluidifier le processus d’écriture. Un scénario se conte essentiellement à travers les didascalies. Les événements se décrivent dans ces en-têtes.

On peut même y glisser de temps en temps à l’attention du lecteur du scénario un petit rappel ou un indice pour l’aider à déchiffrer l’opportunité d’une scène (et surtout aussi l’aider à la visualiser). Pour ceux qui veulent savoir, didascalies vient du grec et signifie alors le maître, celui qui enseigne. La Bible l’utilisait pour désigner Jésus.

Cela n’est possible en fait que si vous savez pourquoi vous avez eu besoin d’insérer cette scène à ce moment précis de l’histoire. Vous pourriez bien sûr ne poser sur le papier que quelques scènes que vous jugez indispensables et vous lancer aussitôt dans la rédaction du scénario.
C’est d’ailleurs toujours tentant. Essayez d’y résister cependant. Lorsque vous serez dans le processus d’écriture proprement dit, il sera plus aisé de bouleverser l’ordre établi et de revoir l’organisation de votre histoire.

Il ne s’agit pas de tracer seulement le plan des événements extérieurs tels qu’ils doivent advenir dans l’histoire. L’utilité d’une telle planification des choses est de conserver un parallèle entre ce qui se passe dans l’esprit du personnage principal (principalement comment il grandit de son aventure) et les événements extérieurs.
Ainsi, les deux lignes dramatiques (l’extérieur et l’intérieur) s’interpellent constamment tout au long de l’intrigue sans que l’une ne prenne l’avantage sur l’autre.

Il y a peut-être aussi une vérité que nous devons accepter. L’auteur cherche à découvrir les vérités profondes de ce qu’il écrit, de ce qu’il cherche à dire à sa manière. Et ce peut être douloureux.
Planifier ses scènes sans trop les approfondir dans un premier temps l’aidera à arracher à son âme ET à mettre sur le papier un message authentique.

Par ailleurs, vous pourriez simultanément avoir posé les prémisses d’une scène en quelques mots ou phrases et vous sentir inspiré à développer cette scène. Il ne faut surtout pas se sentir dans la contrainte. D’autant plus que si écrire cette scène (didascalie, dialogues…) peut vous aider à envisager quelques scènes futures, vous pourriez déjà prendre note de cet avenir possible de votre fiction dans votre plan.

Le passé du personnage à la rescousse

Approfondir une scène, cela signifie souvent plonger dans le passé des personnages présents. Ce passé est de la matière brute à façonner dans chaque scène. Et chaque scène ainsi développée se projette d’elle-même dans le futur.
Comment cette projection est-elle possible ? Parce que chaque scène possède en soi les germes d’événements possibles, de conflits inévitables et de conséquences (celles en particulier qui prendront à contre-pied les expectations du lecteur).

Surtout, notez ces possibilités narratives lorsqu’elles surgissent. Prenez en note. Ainsi, vous ne serez jamais dans le noir. Vous aurez une idée assez précise de là où vous allez.
Vous constaterez probablement que des idées de scène ne sont pas suffisantes en elles-mêmes pour tenir une scène, la concrétiser. Ce sera certainement parce que vous aurez découvert un manque dans une scène précédente que vous compléterez avec cette idée. Ou bien encore, ce peut être une scène que vous intercalerez entre deux autres scènes déjà écrites ou planifiées.

Chaque scène non seulement induit ce qui la suit mais elle le supporte aussi et l’approfondit en lui donnant davantage de significations. L’ordre dans lequel s’inscrit l’ensemble de vos scènes est ce qui donne de la signification à votre histoire. Et il reflète l’enchaînement des événements qui transcendent cette signification.

N’écrivez pas les scènes aléatoirement comme si votre muse soudain se réveillait et vous enjoignait à coucher des mots sur le papier. En travaillant l’ordonnancement de vos scènes, c’est-à-dire en réfléchissant au dénouement que vous avez prévu, à la destinée de votre héros, vous garderez le cap envers ce que vous cherchez à exprimer.
L’ordre de vos scènes est l’incarnation de votre parole. Autant bien savoir comment articuler votre message en planifiant vos arguments.

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