Certains personnages restent avec nous bien après la dernière image du film.
Scarlet et Rhett de Autant en emporte le vent, Atticus Finch de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ou encore Clarice Starling et Hannibal Lecter du Silence des Agneaux sont de ceux-là.
Leurs existences fictives nous sont devenues si réelles qu’ils en ont presque gagnés une corporéité dans notre quotidien.
Personnage, conflit et émotion
Trois éléments intimement liés.
La manière que choisit un auteur pour développer ses personnages est une question de préférence. Si le Hero’s Journey tel que l’a développé Joseph Campbell et repris par Christopher Vogler vous correspond bien, c’est cette méthode que vous devriez utiliser.
Si le principe de l’arc dramatique vous aide à donner chair à vos personnages, c’est alors cette évolution de la personnalité de votre personnage principal sur laquelle vous devriez vous concentrer.
Le personnage qui restera dans l’esprit du lecteur est généralement celui d’une histoire qu’un auteur brûle d’écrire. La fascination qu’il exerce sur l’auteur sera projetée sur le lecteur.
Une petite checklist
Voici quelques directives dont il faut tenir compte lorsque l’on s’attelle à la construction d’un personnage :
- Un personnage de fiction n’est pas une personne réelle. Vous ne pouvez pas le poser dans votre histoire sans qu’il soit animé de motivations qui le font agir.
- Des personnages parfaits sont ennuyeux et surtout, ils ne sont pas crédibles. Chacun a des défauts même les super-héros devraient être affublés de faiblesses.
C’est en travaillant les failles dans la personnalité de votre héros que vous en ferez un être multidimensionnel. - Tout au long de l’histoire, le personnage doit évoluer. Chacun de vos personnages porte en lui un projet. L’arc dramatique est un cheminement qui le mène d’un point A vers un point B. Indubitablement, votre héros ne sera plus le même entre le début et la fin de l’histoire.
- Les lignes de dialogue que prononce un personnage devraient le distinguer parmi tous les personnages. Voici ce qu’écrit Jean Samouillan :
Avant de savoir les mots avec lesquels ils vont dire les choses, il faut savoir la façon par laquelle les personnages vont se les dire et les vivre, l’émotionnel. Bien évidemment, ce ne seront pas des mots quelconques, l’émotion les trouvera et ils la porteront, l’émotionnel deviendra signifiant. - Si la scène s’y prête, écrivez-la de façon à rehausser les sentiments et émotions du personnage.
Si vous avez, par exemple, caractérisé l’un de vos personnages comme repentant et que vous l’ayez blessé à la jambe comme symbole de la difficulté du chemin de la rédemption, montrez dans une ou plusieurs scènes la douleur qui l’assaille en lui faisant hurler des blasphèmes ou s’effondrer le long d’un chemin.
Vous renforcerez ainsi ce qu’il se passe dans l’intériorité de ce personnage. Vous décrivez le combat intime qu’il se livre entre donner un sens à son existence et la terreur qu’il éprouve face, précisément, à cette existence. - Lorsque vous élaborez un personnage, celui-ci possède un point de vue sur le monde. Mais ce qui est tout aussi important, si ce n’est plus, c’est la façon dont il se voit lui-même.
Le personnage possède une personnalité
L’auteur décide des traits de personnalité qu’il donne à ses personnages. Puis il invente des scènes et des événements qui décrivent ces traits.
L’intention de l’auteur, somme toute, est de contrôler la perception que le lecteur a de ses personnages.
Montrer un adolescent qui pleure n’est pas suffisant pour engager l’émotion du lecteur, aussi poignante que pourrait être cette scène.
Il est nécessaire que le lecteur ait passé un peu de temps avec cet adolescent pour comprendre la raison de ses pleurs. La nécessité de cet accompagnement est de faire éprouver au lecteur les différents états qui ont mené ce personnage à fondre en larmes.
Il doit d’abord comprendre la raison de la douleur. Puis avoir observé comment s’est débattu ce héros avec son problème. Il lui faut connaître les détails, observer les réactions.
En d’autres termes, toute cette préparation de la scène où le personnage craque a pour but de permettre au lecteur de faire l’expérience de la douleur de ce personnage.
Le méchant de l’histoire est aussi concerné par une personnalité travaillée. Il ne peut se contenter de sa fonction, de n’être que l’empêcheur de tourner en rond pour le héros.
Le calme froid de Hans Grüber dans Piège de cristal en fait presque la quintessence des antagonistes.
Tant que votre fiction parvient à engager émotionnellement un lecteur en canalisant l’émotion par vos personnages, plus ceux-ci seront susceptibles de le toucher profondément.
Et quelque soit leur fonction dans l’histoire.
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