BLAKE SNYDER : OUT OF THE BOTTLE

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Out of the Bottle est l’un des 10 genres définis par Blake Snyder.  Blake Snyder a réinventé les genres en leur découvrant un modèle structurel que les types standards (Comédie, Romance..) de par leur portée trop large ne permettaient pas de définir.

Quel est l’intérêt d’une telle démarche ? La réponse est qu’en tant qu’auteur, vous n’avez pas besoin de réinventer la roue. En effet, les films et les scénarios tombent naturellement dans un genre ou un autre. Le travail de création consiste alors à faire du neuf à partir de l’existant. Les 10 genres élaborés par Blake Snyder permettent de définir une structure commune aux scénarios.

En respectant le modèle structurel d’un de ces genres (c’est-à-dire en promettant au lecteur un horizon d’attente conventionnel), votre scénario peut néanmoins apporter des choses nouvelles.

Out of the Bottle est un genre qui répond au souhait :
Si je pouvais avoir…
Ce souhait est très commun car il fait partie de notre psyché. Les histoires qui l’adoptent sont faciles à comprendre, s’appréhendent généralement au premier degré d’où leur réussite auprès du public.

Bruce Tout-puissant de Steve Koren, Mark O’Keefe et Steve Oedekerk,  The Mask de Michael Fallon, Mark Verheiden et Mike Werb sont des exemples du genre.

Une histoire de génie

Out of the Bottle se réfère au génie qui se cache dans la lampe mais le dispositif fonctionne que ce soit par une intervention divine, la chance ou un être magique. Si le personnage est jugé digne que son souhait s’accomplisse, sa vie commencera à changer dès lors.

Même si la magie n’est pas explicitement décrite dans l’histoire, il y a quelque chose du rêve qui entre en résonance avec notre for intérieur. Ce qui est décrit laisse libre cours à notre imagination de s’évader et c’est la plus agréable des évasions.

liarLiarOut of the Bottle, cependant, n’a pas que le côté positif. Au lieu d’une bénédiction, le personnage peut être jugé digne d’une malédiction.
Menteur, Menteur de Paul Guay et Stephen Mazur en est un bon exemple. Même dispositif dramatique mais c’est le souhait tout à fait légitime d’un petit garçon qui provoque chez son père, fieffé menteur de par sa profession, l’obligation de dire la vérité et rien que la vérité.

Ainsi, Fletcher devra évoluer, grandir et ce voyage se fera intérieurement s’il veut obtenir finalement ce qu’il a toujours voulu avoir, c’est-à-dire le respect de sa femme et de son fils.

Out of the bottle : la fin d’un tunnel

Les règles du Out of the Bottle sont souvent celles que l’on retrouve dans les contes de fées (même si le merveilleux n’est pas à l’œuvre dans le récit).

Un personnage (souvent l’archétype de Cendrillon) est tellement sous la coupe de ceux qui l’entourent que nous ne pouvons qu’espérer que quelqu’un ou quelque chose lui apporte un peu de bonheur.

Mais et c’est ainsi que nous sommes faits, il nous est difficile de voir quelqu’un (même quelqu’un qui mérite vraiment qu’il lui arrive quelque chose de bien dans sa vie) connaître le succès un peu trop longtemps.

Il y a peut-être là un travail d’identification qui ne peut se faire. En effet, ce qui arrive au héros ne peut nous arriver. Il faut donc que le héros justement apprenne que la magie n’est pas tout. Il y a alors une morale qui doit se dessiner à l’horizon et une bonne morale qui doit conclure cette histoire.
En résumé, la véritable leçon du récit nous apprend à nous méfier de ce que nous souhaitons pour nous-mêmes car cela pourrait bien se retourner contre nous.

La version négative de Out of the Bottle ne présente pas quelqu’un de très sympathique. Cependant, une scène au cours du premier acte et pourquoi pas dans l’Opening Image doit nous montrer que malgré son apparente antipathie, il y a quelque chose qui puisse être racheté chez ce personnage.
Donc, ce type de personnage parvient à tirer quelque chose de bénéfique de la malédiction qui le frappe. Il apprend de cette malédiction et à la fin, il triomphe.

Accepter ce que l’on est

Out of the Bottle interpelle notre profond désir de dépasser ce qui nous lie à notre condition humaine. Mais secrètement, nous savons bien que d’être simplement ce que nous sommes est une bonne chose.
Bien sûr, lors de l’acte Trois, le héros rejettera cette assistance magique dont il a pu bénéficier jusqu’à présent et résoudra son problème sans aucune aide. C’est en cela que Out of the Bottle fait écho en nous : la vie est une bonne chose et la véritable magie est d’apprécier ce que nous possédons déjà.

En règle générale, le comment de l’acquisition du don magique est vite oublié car ce n’est nullement ce qui compte. Le lecteur est d’ailleurs assez vite enclin à accepter la magie parce que l’auteur parvient dès le début à suspendre notre incrédulité et à nous faire accepter son histoire. Nous accordons ainsi une sorte d’acte de foi unique, le temps d’un récit.

Out of the Bottle requiert trois éléments :
  1. un souhait,
  2. un charme,
  3. une leçon.

Si ces trois éléments sont inclus dans votre histoire, alors vous avez opté pour le genre du Out of the Bottle, nous dit Blake Snyder (conservez à l’esprit qu’il s’agit d’hypothèses de recherche pour vos propres projets et non de principes à suivre l’esprit fermé).

Faire en sorte que votre héros mérite la magie qui lui est conférée est la première étape pour faire accepter le souhait par votre lecteur. Qu’il soit de type Cendrillon ou bien un personnage légèrement antipathique (Menteur, Menteur ; Ce que veulent les femmes), le héros doit absolument être le destinataire de la magie (qu’elle soit bonne ou mauvaise).
Le souhait peut être personnel ou bien émis par un personnage proche du héros.

Le charme ensuite doit être spécifique à votre histoire. Il ne faut pas que ce soit un charme déjà exploité dans d’autres récits.
Il doit être aussi limité par certains aspects. Le charme a des règles qu’il faut respecter. Dans Bruce Tout-puissant, Dieu le prévient aussitôt : « Laisse-moi t’expliquer les règles ». Vous devrez absolument vous tenir aux règles que vous aurez édictées pour votre charme au risque de proposer des scènes qui écrouleront votre histoire comme un château de cartes.

Après vous être assuré que votre lecteur a accroché à votre charme, vous lui demandez tout de même d’envisager que ce charme est possible (suspension du jugement ou de l’incrédulité le temps d’un récit et non l’exploitation de la crédulité de votre lecteur) et en vous éloignant des règles, vous risquez de le perdre.
Les règles apportent une crédibilité à votre charme, une logique particulière à ce charme qui le rendrait presque légitime.

Un arc dramatique imposé

Out of the Bottle reprend le principe de la transformation du héros. Il s’agit d’un Inner Journey. La leçon apprise par le héros et qui assure sa transfiguration tout au long du récit est que ce qu’il possédait au début de l’histoire
Et c’est exactement ce qu’il recherchait.

A la fin de l’histoire, la magie lui a permis d’ouvrir les yeux sur cette vérité. Gardez à l’esprit que la magie ne résout pas le problème du héros. Ce problème devra être géré par le héros et seulement par lui. La magie n’est qu’un moyen pour lui montrer la voie du changement. Mais ce changement ne sera effectif que lorsque le héros l’aura pris entièrement à sa charge.

Le genre Out of the Bottle a permis l’émergence d’un personnage secondaire important : le Confident. Ce dernier partage le secret du héros. Pourquoi cette astuce dramatique ? parce que le héros a besoin de dire ce qu’il lui arrive, de nous dire ce que cette magie dont il est dépositaire lui apporte.
Le confident est généralement marqué par un manque de foi dans les dires du héros. Il ne croit pas en cette magie. Il pourrait même utiliser les confidences du héros pour prendre un avantage sur lui ou l’atteindre par des moyens détournés. Mais seuls ceux qui peuvent apprendre de la magie peuvent bénéficier de ses bienfaits.

Out of the Bottle n’est rien d’autre que d’affirmer que la confiance en soi est le meilleur atout que l’on ait dans la vie.

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