Créer un univers unique pour votre scénario et le connecter à vos personnages est aussi essentiel que les personnages eux-mêmes, l’intrigue, le thème ou les dialogues.
Un scénario est destiné à un média visuel. Le monde dans lequel évolueront les personnages est de ces textures palpables où chaque élément qui les composent a du sens dans l’histoire.
Un monde inventé
John Truby explique que nous naissons dans un monde qui existe déjà.
Mais que dans une fiction, ce sont les personnages qui apparaissent en premier. Et l’auteur conçoit le monde comme une émanation de ces personnages.
Le travail créatif de l’auteur consiste à condenser beaucoup de significations dans un espace et un temps limité. Il y a énormément de matériels à inclure : des personnages, une intrigue, des symboles et des métaphores, un argument moral et des dialogues.
Plus ces matériels seront significatifs et plus l’histoire prendra forme dans l’esprit du lecteur. Il est difficile de prendre la mesure de la qualité d’une signification mais nous pouvons, cependant, considérer que plus elle est condensée, réduite à l’essentiel, plus elle sera significative.
Dans toutes formes et dans tous espaces, il y a de la signification. L’espace peut être intérieur ou extérieur. Dans la vie réelle comme dans la vie fictive, chacun est confronté à ces deux types d’espace. La dynamique qui existe entre l’un et l’autre leur permet d’évoluer en parallèle.
Lorsque vous inventez un monde adéquate pour votre histoire, vous créez à la fois un espace intérieur et extérieur dans le cœur et l’esprit de votre lecteur.
C’est-à-dire que celui-ci réagira émotionnellement mais aussi rationnellement à ce monde que vous lui proposez.
Les 7 étapes du processus de création
A lire au préalable,
. JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (1)
. JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (2)
. JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (3)
Pour John Truby, le processus d’écriture commence avec les 7 étapes qu’il a identifiées et un jeu de personnages.
Puis l’auteur devrait ensuite créer les formes et les espaces qui expriment les éléments dramatiques précédemment définis.
Un exemple concret de formes et d’espaces ?
Game of Thrones.
En Westeros, la vie de château est sensiblement la même quelque que soit la Maison qui en possède un. Cependant, cette vie est très différente de celle des troupes en campagne.
Le paysage aussi a son importance dans la détermination de ceux qui le peuplent. En Westeros, nous avons ainsi ceux qui se considèrent civilisés et au-delà du Mur, ceux qui se nomment eux-mêmes le Peuple libre et désignés en Westeros de Wildlings (c’est-à-dire qu’ils les assimilent à des plantes sauvages, non cultivées).
Parmi les peuplades se trouvent les Dothrakis qui sont des nomades et dont le paysage est une immense plaine.
Ces paysages différents appellent aussi des traditions différentes. Chaque paysage, chaque lieu possède un horizon de sens et de significations qui s’étend au-delà de la géographie des lieux incluant coutumes, traditions, mœurs…
Et tout cela désigne les personnages qui y évoluent.
Les Dothrakis, par exemple, estiment que les moments les plus importants de la vie d’un homme surgissent à l’extérieur, dans un monde qui n’est pas borné (une image, peut-être, de l’éternité).
Alors lorsque Daenerys tente de séduire Khal Drogo, elle l’attire à l’extérieur, là où tout le monde peut voir.
Par contraste, les gens de Westeros vivent dans des cités entourées de murs solides. Tout ce qui s’y passe est à l’abri des regards. Cela facilite les notions de conspirations, de secrets et de chuchoteurs (un concept que l’on ne trouve ni chez les Dothrakis, ni chez les Wildlings).
Ainsi les différents styles d’architectures identifient non seulement les populations par l’influence qu’ils ont sur elles mais informent aussi de manière significative (par le symbole et la métaphore) sur qui sont ces gens et sur leurs comportements et attitudes.
Truby flirte avec Jung
L’effet par réminiscence consciente ou inconsciente des formes physiques et des espaces décrits dans une œuvre de fiction et à fortiori dans un scénario (visuel par nature) semble plus profond que les différentes cultures et les différents lieux où elles ont vécues.
Elles ont cet aspect universel d’appartenir à la psyché humaine. Pour Truby, c’est une des raisons de leur impact émotionnel sur le lecteur.
Et en tant que tel, elles sont un élément dramatique aussi important que les autres.
La difficulté pour transcrire ces descriptions en émotions provient du fait que l’auteur utilise des mots pour communiquer des images.
Voici ce que John Truby propose pour contourner cet écueil :
- Tout commence avec le principe directeur (Designing principle) qui, selon Truby, est ce qui maintient le tout ensemble.
Ce principe directeur permet de définir l’arène dans laquelle se déploie l’histoire.
Nous vous conseillons la lecture de
LE PRINCIPE DIRECTEUR DE VOTRE HISTOIRE
pour une étude plus approfondie de ce concept. - L’arène est ensuite divisée en oppositions visuelles fondées sur la manière dont les personnages s’opposent les uns les autres.
L’exemple de Game of Thrones s’applique bien ici. - Ensuite, il faut détailler le monde en milieux naturels ou espaces artificiels (urbains, généralement). Mais en gardant à l’esprit que ces descriptions doivent résonner dans l’esprit du lecteur et qu’elles doivent faire sens avec l’histoire.
- Et plus particulièrement, ce monde inventé doit être connecté au développement du héros. Cette connexion se concrétise dans la durée.
C’est-à-dire dans la succession des événements et des états psychologiques par lesquels passe ce héros. - Et la dernière étape consiste à dévoiler les détails du monde fictif à travers les 7 étapes du processus de création identifiées par Truby.
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