L’acte Deux se résument en Rising Action ou Progressive Complications, en d’autres termes une escalade de l’action avec de nombreuses complications. La formule classique de la structure en trois actes pourrait s’établir ainsi :
– l’acte Un consiste à faire grimper le héros à un arbre,
– l’acte Deux serait alors de lui jeter des pierres pour freiner son ascension,
– et l’acte Trois est de le faire redescendre.
Le début de l’acte Deux débute aux alentours des 25 % du script. Il corresponds pour le héros à franchir un seuil, à pénétrer dans un monde spécial auquel il n’est pas habitué, comme Alice qui tombe dans un terrier de lapin.
Comme le prouve cet exemple, le passage vers le monde spécial peut être particulièrement original, la tornade du Magicien d’Oz ou les pilules de Matrix en sont d’autres exemples.
Ce seuil pourrait être introduit dès l’acte Un ou après le début de l’acte Deux mais dans tous les cas, il se situe soit au début, soit à la fin d’une séquence. C’est un moment important que vous ne devez pas négligé. Par exemple, dans Alien, ils franchissent le seuil au moment où ils décident d’explorer la planète pour explorer le vaisseau alien. Dans un récit d’aventures ou d’action, ce moment corresponds souvent au début d’un voyage réel, physique dans l’aventure ou bien dans une histoire de fantômes, c’est le moment où le héros pénètre dans la maison hantée.
Ce seuil marque donc véritablement l’entrée dans un monde nouveau pour le héros.
Evidemment, cette entrée (en matière en quelque sorte) ne doit pas être facile pour le protagoniste. Il y a souvent un gardien de seuil (Threshold Guardian) qui pose quelques problèmes au héros ou bien qui lui donne un avertissement sur les dangers qui l’attendent au-delà du seuil. C’est d’ailleurs une technique souvent utilisée pour créer du suspense. Il est bon de donner un peu plus d’impulsion à votre récit régulièrement par le biais du suspense et de la tension induite. Vous pouvez utiliser les archétypes pour dénicher les personnages qui peuvent vous aider à créer du suspense ou à articuler votre récit (le Gardien du Seuil par exemple est un archétype).
Très rapidement dans l’acte Deux, vous devez vous formuler clairement le plan du héros. Nous savons déjà quel est son objectif (statué au cours de l’acte Un) ; si vous n’avez fait que l’amorcer lors du premier acte, il faudra le préciser plus spécifiquement au début de cet acte Deux. Le plan du héros sert à nous montrer comment il entend atteindre son but. Par exemple, dans Another Earth de Mike Cahill et Britt Marling, le plan de Rhoda pour se soulager de son passé et atteindre ainsi à une rédemption est de venir en aide à Burroughs dont elle a brisé la vie en tuant accidentellement sa famille. Elle devient ainsi son aide-ménagère qui devrait lui permettre à terme de lui confier la vérité, le seul moyen pour elle de trouver le salut.
Avant d’écrire les scènes qui exposeront ce plan, comme nous l’avons précisé plus haut, il faut que vous le compreniez vous-mêmes en termes qui ne soient pas ambigus :
– Dorothée doit se rendre à la Cité d’Emeraude afin de demander au mystérieux Magicien d’Oz son aide pour rentrer à la maison,
– Clarice doit négocier avec Lecter afin d’obtenir de lui qu’il lui donne l’identité du serial killer Buffalo Bill.
Souvenez-vous qu’il est dans la nature humaine de fournir le moins d’efforts possibles pour obtenir ce que l’on veut. Ainsi, les plans du héros seront rééavalués à la hausse au fur et à mesure des échecs successifs puisque celui-ci commence toujours par les étapes les plus faciles. Cette réévaluation est souvent accompagnée d’une certaine réticence du protagoniste. Dans Another Earth, l’une des premières étapes qu’emprunte Rhoda est une tentative de suicide, par exemple.
Si votre antagoniste a un but lui aussi que vous aurez pris soin de bien travailler, vous aurez plus de facilités pour combler l’acte Deux. Cet objectif du méchant sera en conflit ou en compétition avec celui du héros et votre script aura plus de puissance si vous avez l’opportunité de montrer ces forces diaboliques préparer leur propre plan (ce qui ouvre la voie à d’autres perspectives comme par exemple, avec un héros devant absolument empêcher le méchant de mettre ses plans à exécution).
Vous pouvez aussi montrer les effets des actions du méchant entravant continuellement le plan du héros. Chacune de ces méthodes fonctionnent.
L’intrigue qui occupe tout l’acte Deux est en fait la démonstration de l’opposition entre le protagoniste et son antagoniste, cette opposition est d’ailleurs la structure sous-jacente de ce second acte.
Partez de ce principe :
– Les plans du protagoniste doivent être établis et clairs dans l’esprit du lecteur (bien que vous puissiez retenir une ou deux informations que vous dévoilerez en temps voulu),
– Les plans de l’antagoniste peuvent soit être eux aussi clairs dans l’esprit du lecteur ou maintenus cachés mais dans ce cas, les effets de l’application de ce plan doivent se faire sentir sur votre héros.
Vous remarquerez aussi très souvent que le méchant de l’histoire frappe là où ça fait mal comme si la faille majeure du héros lui était connue. Votre histoire bénéficiera de toutes façons de cette sorte de préscience de l’antagoniste.
Une autre technique pour créer du suspense est de maintenir le protagoniste et l’antagoniste à proximité. Le monde que vous avez créé est après tout un espace confiné, limité où le héros et le méchant se croisent même s’ils n’en ont pas conscience. L’antagoniste doit être dans l’ombre du héros ou des situations tout au long de l’intrigue. Richard Kimble et l’U.S. Marshal Gerard du Fugitif en sont un bon exemple.
Les alliés du héros s’ils n’ont pas été introduits au cours du premier acte devront l’être au second. Si vous placez un allié au moment du climax, votre histoire perdra en vraisemblance. Les coïncidences quelles qu’elles soient altèrent la crédibilité de votre récit (sauf au moment de l’incident déclencheur où elles sont acceptées par le lecteur).
Si votre récit implique que le héros devra être accompagné pour parvenir à son but, vous devriez réserver une séquence entière au début de l’acte Deux afin que se constitue son équipe. Ce qui est intéressant dans ce type de séquence est que l’on nous présente toute une bande soit de gens qualifiés, soit carrément pathétiques. Dans les deux cas, tous ces personnages ont la capacité de nous fasciner et bien souvent, ils complètent la personnalité du héros par des traits de caractère qui lui font défaut. Lisez notre article sur le Golden Fleece à ce propos. Ce qui est passionnant à écrire dans ce cas de figure sont les relations interpersonnelles entre les membres de l’équipe. Leurs différentes personnalités offrent la possibilité de scènes particulièrement attachantes.
Si votre récit inclut un mentor, la première partie de l’acte Deux consiste alors à former le héros à l’aventure qui l’attend. Il est souvent remis à cette occasion quelque chose (un objet magique ou non) qui servira au héros pour mener à bien son aventure. Ce temps dans votre histoire est celui des tests conçus par le mentor que doit subir le héros pour être digne d’accomplir son destin.
Karaté Kid, Un officier et un gentleman, Le silence des agneaux sont de bons exemples.
Généralement, la faille majeure du héros sera mise en évidence au cours de ces tests et ne sera pas résolue car au moment du climax, épreuve ultime s’il en est, cette faille sera mise à rude épreuve par le méchant.