Les thrillers ont toujours une sorte d’excuse pour justifier toute l’action qui se déverse dans leur intrigue. On la nomme Incident Déclencheur ou encore Catalyst.
Mais pour le lecteur ou le passionné de films d’action, ce n’est probablement que la raison qui incite le héros à s’acheter un flingue et d’aller tuer un max de méchants.
Les protagonistes et les antagonistes (aussi dénommés héros et méchants) ne sont que rarement les mêmes de scénario en scénario, l’action est aussi rarement la même, cependant, statistiquement, 5 intrigues sortent du lot.
En fait, intrigue n’est pas le mot juste. Nous devrions dire thème car en effet, c’est le thème qui oriente l’intrigue et lui donne sa forme. Quant à l’incident déclencheur, il émane directement de l’intrigue puisqu’il a en charge de la lancer.
LA VENGEANCE
Une des intrigues les plus communes.
Le méchant a laissé le héros pour mort, a tué un des membres de sa famille, son meilleur ou sa petite amie ou même son chien, quoiqu’il en soit, le héros est dans un état de fureur telle qu’il s’équipe comme il faut et se lance dans un déchaînement de violence sanglant. Vous noterez ici que c’est l’antagoniste qui est à l’origine de l’incident déclencheur. Lisez notre série d’article sur William C. Martell concernant le rôle de l’antagoniste dans les scénarios d’action.
Que ce soit les personnages de Luc Besson ou Hamlet, le thème de la vengeance est facile à saisir pour le lecteur. Il est beaucoup moins compliqué qu’un thriller politique ou bien les situations délicates que peuvent vivre des personnages historiques.
On accroche facilement à l’idée qu’un héros qui ne demandait rien à personne, qui voulait seulement qu’on le laisse peinard se retrouve embringué dans la poursuite d’une vengeance contre un adversaire qui l’a blessé directement ou indirectement. La vengeance est une émotion facilement partagée.
LE SIÈGE OU L’ÉVASION
Etre assiégé ou chercher à s’évader sont aussi des thèmes faciles à appréhender à la fois pour le lecteur et pour l’auteur.
Assaut (Assault on Precinct 13) de John Carpenter devenu culte depuis sa sortie en 1976 est un exemple type d’un siège. Un commissariat de quartier plutôt banal est assiégé par un gang composé d’un nombre impressionnant de Bad Guys anonymes. Quitte à rester avec John Carpenter, New York 1997 (Escape from New York) nous montre un anti-héros bourru Snake Plissken cherchant à s’évader, lui et le président des Etats-Unis, de Manhattan devenue une prison à sécurité maximale. Un autre exemple d’évasion est celui de Christophe Lambert dans Fortress.
1988 avec la sortie de Piège de Cristal (Die Hard) a montré la voie à une nouvelle projection de ce thème. Cette fois, le héros se retrouve confiné à l’intérieur d’un espace lui-même assiégé. Le héros doit alors se faufiler partout à l’intérieur de cette enceinte pour pouvoir ensuite s’évader avec les otages.
Cette façon de faire se retrouve dans Piège en Haute Mer (1992) de Andrew Davis écrit par Jonathan Frederick Lawton, Rock (1996) de Michael Bay écrit par un pool de scénaristes (David Weisberg, Douglas Cook, Mark Rosner et Quentin Tarantino (non crédité)) ou encore Mort Subite (1995) de Peter Hyams écrit par Gene Quintano et Karen Elise Baldwin.
Le thème de l’évasion pose un problème majeur pour les auteurs. De leur manière de le résoudre peut se décider l’avenir d’un scénario ou du succès d’un film. Comment rendre crédible qu’un personnage que l’on nous présente empli de vertus puisse se retrouver enfermé dans une prison ou du moins dans ce qui lui ressemble ?
Cameron Poe, Ranger de l’Armée des Etats-Unis, prend 8 ans de prison pour avoir tué accidentellement un ivrogne qui agressait sa femme enceinte (Les Ailes de l’Enfer (1997)).
Il est clair que dans ce pitch, tout est fait pour nous faire aimer Cameron. C’est un Ranger, un ivrogne agresse sa femme enceinte et c’est un homicide involontaire. Sa condamnation est totalement injuste mais la justice aveugle a permis au scénariste Scott Rosenberg de confiner l’action dans un avion pénitentiaire et d’y justifier la présence du personnage principal.
L’ASSASSINAT
Il ne s’agit pas de n’importe quel assassinat. Celui-ci est le fruit d’un complot pour débarrasser le monde d’un être malfaisant. Ce complot est alors mis en œuvre par un héros ou un groupe de personnages avec des fonctions dramatiques bien définies pour chacun d’entre eux.
Expendables : Unité spéciale dirigé par Sylvester Stallone et écrit par lui-même et David Callaham d’après une histoire de ce dernier en est un bon exemple.
Purifier le monde de son engeance maléfique est un thème qui permet d’atteindre des horizons plus lointains que la simple incarnation du mal. Les 12 Salopards de Robert Aldrich et Apocalypse Now de Francis Ford Coppola utilisent ce principe.Dans un registre un peu différent,
Armageddon de Michael Bay garde le thème en désincarnant le mal et en le plaçant dans une comète.
La différence entre le thème de l’assassinat pour le bien de l’humanité (généralement) et celui de la vengeance est que les personnages principaux n’ont pas de grief particulier contre un antagoniste. Celui-ci n’a pas l’initiative, il n’est pas responsable de l’incident déclencheur.
Ce thème se retrouve souvent dans le genre Golden Fleece tel que l’a défini Blake Snyder (Save the Cat!). La mission n’est que prétexte à une découverte de soi, de valeurs profondément enfouies dans le personnage, de lui permettre de se débarrasser de ses démons internes, une rédemption en fin de compte.
LA LUTTE CONTRE L’OPPRESSEUR
Il n’y a rien de plus héroïque que la défense de la veuve et de l’orphelin. Bien que les auteurs n’emploient pas si souvent que cela ce thème, il n’en reste pas moins très efficace.
Du moins, s’il n’est pas dans l’objectif du personnage principal de défendre des personnes innocentes contre des méchants lourdement armés, les scénaristes s’en servent comme d’un obstacle à surmonter pour le héros. L’issue heureuse (généralement) pour les personnes libérées du joug de l’oppresseur est alors comme une récompense collatérale.
Avatar de James Cameron dont Cameron dit lui-même s’être inspiré de Danse avec les loups de Kevin Kostner sont deux références majeures de ce thème.
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